Un vote pour le changement, vraiment?
On prétend que les Québécois ont choisi le changement en votant pour la Coalition Avenir Québec lors des élections québécoises du 1er octobre 2018. Rien n’est plus faux. Le changement eut été de voter contre le néolibéralisme et les politiques de coupures et de privatisation. C’est au contraire la peur du changement qui a motivé le vote en faveur de la CAQ. En aucun cas la CAQ a marqué l’histoire comme l’affirmait François Legault dans son discours de victoire électorale. Et cette victoire ne risque pas d’inquiéter l’establishment qui contrôle vraiment le pouvoir, bien au contraire.
Les politiques néolibérales du Parti québécois, de coupures et de déficit zéro, avaient déjà déroulé le tapis aux Libéraux qui se présentaient aussi sous la cap du changement à l’époque. Ça use de prétendre au changement avec des politiques encore plus conservatrices et néolibérales que son prédécesseur et dont les résultats sont toujours les mêmes, aggravant le sort des travailleurs, des couches populaires et des plus démunis et accroissant le mécontentement. C’est ce qui a fait élire la CAQ hier qui se présentait elle aussi sous l’étiquette du changement avec des politiques encore plus dangereuses et plus sournoises que ses deux prédécesseurs.
La peur du changement et de l’inconnu est sans doute la plus grande force de résistance qui nourrit le conservatisme. Mais cette résistance elle aussi a ses limites. Et Manon Massé avait tout à fait raison d’affirmer dans son discours télévisé que la victoire des 10 élus de QS c’était avant tout la victoire de l’espoir. La prise de conscience que le vrai changement est possible malgré tout. Malgré les attaques massives. Malgré les chasses aux sorcières. Malgré les étiquettes de toutes sortes.
Sans le souhaiter on peut s’attendre qu’après avoir voter la CAQ ce soit toute une claque que les Québécois vont recevoir. Sans compter les échecs de plusieurs des politiques irréalisables de François Legault. Sans compter les sursauts du mouvement populaire à la moindre crise imprévisible. Voilà de quoi inquiéter véritablement l’establishment maintenant qu’on a fait le tour de toutes ses alternatives de façade.
Et la souveraineté dans tout ça
De même qu’il y a changement et changement, il y a souveraineté et souveraineté. Jean-François Lisée (et tous les nationalistes) pour qui la souveraineté est un idéal, voire une idéologie, au point de lui faire dire à Tout le monde en parle lors des élections précédentes qu’il préférait un Québec indépendant de droite à un Québec de gauche à l’intérieur du Canada, présentait le PQ comme le seul véritable parti souverainiste du Québec.
Les nationalistes du PQ ont peut être raison d’affirmer qu’un Québec de gauche est impossible à l’intérieur du Canada. Mais QS pour qui la souveraineté apparaît davantage comme un moyen de contrer les politiques néolibérales, qu’un objectif en soi, la souveraineté doit passer par la mise en place d’une Assemblée constituante. Cette assemblée ayant la tâche d’élaborer le contenu économique et sociale d’une éventuelle Constitution québécoise autour de laquelle il sera possible de mobiliser la population. Une assemblée constituante a la tâche de déterminer, en d’autres mots, pour qui la souveraineté.
La question
La question est de savoir si Québec solidaire, qui a fait alliance avec Option nationale, saura défendre et faire valoir cette proposition d’une Assemblée constituante. On en a peu ou pas entendu parler durant la campagne électorale. Québec solidaire a cette tendance facheuse à mettre davantage de l’avant les diverses causes sociétales plutôt que les problèmes sociaux fondamentaux. Saura-t-il garder le cap sur les enjeux majeurs qui préoccupent le plus les Québécois ou se laissera-t-il récupérer par des courants qui ne gènent aucunement l’establishment et les tenants du pouvoir économique et financier. Le choix de ses politiques décidera des alliances qui seront indispensables à QS pour prendre le pouvoir, en commençant par les travailleurs.