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Poèmes et nouvelles littéraires

Le voyeur

Rachel vient tout juste d’aménager dans son nouveau condo. Celui-ci fait dos au fleuve et la façade donne sur les apparts de la rue Saint-Paul. Ces apparts ont conservé le chic que leur avaient donné les notables du siècle dernier. Le milieu est habité par une population plutôt affairiste. De jeunes milléniaux fortunés, professionnels, avocats, comptables, des étudiants issus de familles riches et des entrepreneurs en nouvelles technologies. Dans l’ensemble on y retrouve surtout des célibataires. Le quartier serré, les petites rues sinueuses, les trottoirs collés sur les portes d’entrée, ne favorisent pas vraiment le climat familiale. Pas d’école ni clinique médicale. Ce qui n’allait pas déranger notre horticultrice-conseillère pour autant. Elle avait déjà commandé deux immenses bacs à fleurs qu’elle envisageait orner de géraniums rouges et de pétunias blancs pour son balcon de la rue Saint-Paul qui faisait un bon cinq mètres de long. Le balcon d’un côté et les miroirs de l’autre donnaient à la chambre de Rachel une impression d’immensitude qui ajoutait au contraste entre la modernité et l’époque ancienne du Vieux-Montréal. Ce qui avait tant ébloui Rachel lors de sa toute première visite du condo. Les rues étroites et les appartements rapprochés les uns des autres donnaient un cachet particulier au voisinage. C’est bien ce qui l’avait motivé à prendre une décision rapide comme lui conseillait son agent. Il faut dire que le condo était tout ce qu’il y avait de plus récent et pratique. À deux pas du métro, garage au sous-sol, ascenseur donnant directement sur le salon, fenêtres surdimensionnées, balcon arrière isolé des voisins, tout l’avait conquise sur le champs. Sans compter qu’il ne lui fallut qu’une toute petite partie de son héritage pour en faire l’acquisition.

Rachel n’avait pas fait de changements dans les pièces. Sauf pour sa chambre dont elle avait tapissé tout le mur du fond de grands miroirs. Même la porte de la salle de bain sur la gauche du mur était recouverte d’un miroir. Avec les deux immenses plafonniers en verre de la chambre, on se serait cru à Versailles.

Rachel était belle et les hommes ne l’effrayaient pas. En fait, c’était plutôt elle qui les intimidait par sa grandeur et son assurance. Les robes moulantes qui le garnissaient faisaient de son walk-in une sorte de musée prêt à prendre vie sur son corps ondulé et longiligne. Au petit matin, côté fleuve, Rachel admirait le lever de soleil éblouissant tout en prenant son café et son croissant à la pâte d’amande. Tandis que le soir venu, côté nord, le coucher de soleil venait la bercer de ses couleurs chaudes et caramélisantes. Personne sur le côté sud de la rue Saint-Paul ne fermait les rideaux devant cette peinture naturelle qui donnait aux bâtiments une teinte charlevoisienne. Après ses journées de magasinage, Rachel essayait ses robes devant les longs miroirs de sa chambre. En se cachant timidement derrière la ville, le soleil donnait alors une couleur de vacances à la peau de Rachel. Une peau si resplendissante  et un corps si sensuel, qu’on croirait que c’était Rachel qui faisait rougir le soleil.

S’était-elle demandée si on pouvait l’observer des deux fenêtres qui reluquaient sa chambre juste en face ? Au fond, Rachel s’en foutait un peu.  Ce n’était pas son problème. Elle savait garder une distance raisonnable de la fenêtre ne passant en petites tenues que de la salle de bain au miroir, de l’autre côté du lit. Même si l’idée d’attirer l’attention du beau julien lui passa plus d’une fois dans la tête.

Était-ce une coïncidence ou non, toujours est-il qu’il prenait son café assis au comptoir de la pâtisserie lorsqu’elle y vint chercher ses croissants lundi matin.

–    Bonjour Julien ! Vous allez bien ?

–    On se connaît ?

–    Non. Pas vraiment. J’aime ça taquiner les gens. Je suis votre nouvelle voisine d’en face. L’autre jour quand votre copine vous a ramené en auto, je l’ai entendue dire « N’oublies pas de m’appeler après ton petit déj mon beau Julien d’amour »

–    Oh je vois. Ça a l’air joli chez vous. En tout cas de ce que je peux en voir de chez moi.

–    Au revoir Julien et bonne journée. On aura sûrement l’occasion de faire davantage connaissance.

Rachel mis le pied sur le trottoir avec un large sourire sur les lèvres. Décidément Julien lui plaisait.

Le soir venu, Rachel fit sa toilette dans la salle de bain et mit sa nuisette turquoise avant de s’asseoir sur le lit et dévorer les péripéties de Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander. Mais soudain elle crut apercevoir un ombrage bouger à la fenêtre d’en face. Levant les yeux, elle remarqua que la lumière s’éteignit lentement et que les rideaux étaient restés légèrement entrouverts. Dans sa tête, Rachel revit sa rencontre furtive du matin avec Julien. Elle sourit. Sa chambre était sombre. Seul l’éclairage d’appoint sur son livre laissait entrevoir ses jambes repliées sur le lit.

Rachel eut soudain une envie très forte d’aller se crémer le corps avec son « Jour et Nuit » à l’huile d’Argan. Ce qu’elle fit sans pudeur sous le vif éclairage de la salle de bain. Laissant la  porte grande ouverte, elle enleva sa nuisette, mit le pot sous son nez pour en respirer la délicate odeur de noisette. Puis doucement elle fit glisser ses doigts sur son front, sur ses joues, sur le cou. Rachel, visible de côté seulement, bombait son buste et dévoilait ses seins à chaque respiration. Elle éprouvait une telle ivresse qu’elle en oubliait pratiquement son fantasme qui l’observait silencieusement dans le noir quasi total.

Cette fois Rachel retourna sur son lit sans remettre sa nuisette. Elle déplaça légèrement l’éclairage de sorte qu’on puisse voir ses mains glisser entre ses deux cuisses, face à la fenêtre. Ses soupirs ne traversaient pas la rue mais les étirements de son cou, le gonflement de ses seins, le mouvement de ses jambes étaient tels que personne n’aurait pu en détourner le regard. Elle n’avait qu’une idée en tête, faire l’amour à Julien. Elle avait la certitude que cela ne tarderait pas. Il ne pourrait résister à sa beauté ni a son audace. Puis elle opta pour le grand jeu, laissant allumé l’éclairage tamisé de sa chambre. Elle s’y promena toute nue, tantôt se crémant devant le miroir. Tantôt se déplaçant près de la fenêtre pour y ajuster un cadre. Tantôt portant son regard directement vers celui qui la regardait, mêlant désir et provocation.

Cette fois l’ombrage dans la fenêtre d’en face se fit plus visible. Rachel savait qu’elle tenait Julien. C’est alors qu’une voiture apparu sur la rue Saint-Paul, juste en face du condo. Un couple en sortit. La fenêtre entre-ouverte, Rachel entendit : « N’oublies pas de m’appeler après ton petit déj mon beau Julien d’amour ».

Poèmes et nouvelles littéraires

Coup de foudre

Jean-Luc attendait patiemment à la caisse. Devant lui, Maryse qui venait de déposer sur le tapis roulant un immense bouquet de roses.

– Quelle chance il a lui de recevoir un tel bouquet.

– Ce n’est pas lui. C’est elle. Et elle c’est moi. C’est mon anniversaire aujourd’hui et j’ai décidé de me faire plaisir. Souper en toute intimité avec moi-même.

– Oh ! Quelle bonne idée.

répondit Jean-Luc. Puis s’adressant à la caissière

– Mme, svp. Auriez-vous l’obligeance de porter ces fleurs sur ma facture ?

– Oh wow !

dit Maryse confuse et sentant ses joues devenir toutes rouges.

– Mais, vous êtes sérieux là ?

– Bonne fête madame. Je suis sûr que vous les méritez bien ces fleurs.

– Vous ne me connaissez même pas

dit Maryse.

– Oh madame, ne vous plaignez pas. J’aimerais bien que cela m’arrive à moi.

dit la caissière, témoin malgré elle d’une extraordinaire rencontre.

– Je ne me plains pas. Je ne sais tout simplement pas quoi dire ni quoi offrir en échange.

– C’est gratuit madame. Votre beau sourire me suffit.

– Attendez un peu…

Maryse fouilla au fond de son sac à main et remis sa carte d’affaire à Jean-Luc. Maryse était décoratrice à son compte.

Jean-Luc fit de même.

– Avocat chez Tessier-Gravel. C’est quand même pas rien.

Maryse réalisait tout à coup que Jean-Luc était tout à fait le genre d’homme dont elle avait toujours rêvé. Beau, spontané, fonceur et tellement gentleman.

– Vous allez me trouver folle mais je vous invite à venir partager mon repas. C’est tout simple mais ce sera certainement plus agréable à deux. 

Ils se regardaient déjà avec une certaine intensité.

– J’habite tout près.

– Alors Maryse, ce sera du rouge ou du blanc ?

– Du rouge, Jean-Luc. Mais j’offre le vin. Vous m’avez déjà donné les fleurs.

– Vous savez, ce n’était pas mon intention. Mais je suis libre et ce sera certainement une belle soirée.

Maryse et Jean-Luc se dirigèrent chacun de leur côté le coeur battant et certains tous les deux que quelque chose de spécial allait se passer.

Il suffit de quelques minutes à Jean-Luc pour se rendre chez Maryse.

– C’est beau chez-vous dites-donc.

– C’est mon métier vous savez. Oh mais vous êtes tout trempé.

– Oui le temps tourne au vinaigre. Mais je vois que vous n’êtes pas que décoratrice d’intérieur. Vous vous décorez aussi très bien dit Jean-Luc avec un léger sourire et un regard indiscret sur le décolleté invitant de Maryse.

– Difficile de penser qu’aucun homme n’était là pour vous offrir ces fleurs.

– Vous avez le don de me faire rougir. Voici un canapé, ce n’est pas grand-chose mais c’était pour moi toute seule. Quoique au fond, vous savez bien que je vous attendais.

répondit Maryse avec un air coquin.

Puis, jetant à son tour un regard coupable de haut en bas sur Jean-Luc, Maryse ajouta

– Vous êtes bel homme vous savez. J’aurais envie de vous demander si vous vivez seul ?

Pourquoi ne me le demandez-vous pas ?

– Parce que si je vous laisse comprendre que vous me plaisez… Ah et puis merde, oui vous me plaisez énormément. Je trouve tout simplement craquant…

Maryse s’était rapprochée du périmètre d’intimité de Jean-Luc qui, comprenant que son désir rencontrait celui de Maryse, posa tendrement la main sur sa joue.

– Et si nous prenions les canapés après…

Ils s’embrassèrent alors comme deux ados avec une envie irrépressible de faire l’amour. Maryse déboutonna la chemise de Jean-Luc et celui-ci ouvrit son corsage. Elle posa sa main sur son membre durci tandis que Jean-Luc lui caressa les seins et l’embrassa sauvagement tout en relevant sa jupe pour en saisir les fesses  et enlever sa petite culotte. Jamais ni Maryse, ni Jean-Luc n’avait éprouvé un tel désir. Il ne pensait qu’à la pénétrer au plus profond d’elle-même et elle ne pensait qu’à se faire défoncer jusqu’à l’orgasme divin.

Alors qu’à l’extérieur le temps tournait à l’orage, le vent emportait les volets qui battaient sur le cadre de la fenêtre ouverte au rythme de leurs ébats amoureux.

La pluie pénétrait dans la chambre et mouillait leur peau,  rendant leurs violentes et incessantes caresses toujours plus sensuelles et délirantes.

Maryse ouvrit les jambes et implora Jean-Luc :

– Baise-moi. Défonce-moi. Fais-moi jouir… Oui, oui, oui… je vais venir…

Et Maryse vint. Tout comme la foudre qui frappa à ce moment précis le montant du lit en acier dont Maryse tenait fermement les barreaux avec ses deux mains crispées à jamais.

Poèmes et nouvelles littéraires

Marie


Marie se dirige vers la rivière
Un air doux et enveloppant secoue légèrement sa jaquette
Jeune femme et encore enfant tout juste hier
Marie vit son premier matin d’été à la campagne
Ses parents dorment tranquilles
Personne autour
Aucun son autre que celui de l’eau sur les roches
Et celui du feuillage dans le bois
Marie étire les bras, prend de grandes respirations
Elle promène son regard
Sur un paysage solitaire et idyllique
Elle voudrait être vue, qu’on sente son bien-être
Marie s’étend sur le rocher
Elle ferme les yeux
Une voix aussi douce que dans un rêve lui dit
– C’est donc vous la belle Marie
Elle ouvre les yeux tranquillement, sans sursaut
Comme si elle attendait cette visite impromptue
Comme si elle la désirait
– Et c’est vous le beau Jean dont on m’a tant parlé
– Vous permettez que je m’assoie ?
Jean s’assoit sans attendre la réponse
Légèrement penché vers Marie
Sa chemise blanche déboutonnée
Lâche sur son jean bleu
– Quelle injustice ! Une telle beauté
– Pourquoi une injustice ?
Répond Marie sans détourner son regard
Fixé droit devant elle, vers le ciel
Un long silence s’installe…
Puis de ses doigts délicats Jean fait glisser la bretelle de la jaquette par-dessus l’épaule de Marie
Qui ne réagit que par une profonde respiration
Deux doigts de Jean rabaissent doucement la jaquette de Marie glissant délicatement sur son sein
Jusqu’à sa poitrine impuissante à cacher son bien-être
Il se penche un peu plus
Et pose ses lèvres chaudes
Sur le bout du sein mou et dur de Marie


Poèmes et nouvelles littéraires

La classe

À gauche de vieux tableaux verts
Sur lesquels pendent de longues affiches
Sur les affiches des nombres
Et leurs décompositions
Sur d’autres affiches
Des verbes, des conjugaisons
Puis des consignes de bienséance
Des notes pour l’agenda
Tous les murs sont tapissés
De dessins et de mille fantaisies
Sous le plafond des cordons
Sur lesquels sont suspendues
Des toiles fraîches et naïves
De toutes les couleurs
Devant la classe la prof
Et devant la prof des enfants
Aux joues rouges
Avec les yeux qui brillent
Parmi ces enfants
Fatima toute vêtue de rose et de bleue
Qui ne se doute pas que ce soir
Avant d’aller au lit avec sa doudou
Elle apprendra que plus jamais
Elle ne reverra Ahmed
Son petit frère
Dont le départ d’Irak
Avait été retardé.

Poèmes et nouvelles littéraires

Le Danseur de Salsa

Je suis le danseur de Salsa
Celui qui fige le regard des femmes
Qui virevolte et vous enflamme
Sans jamais se tromper de pas.

Madame,
Connaissez-vous le secret de ma passion ?
Celle qui fait perdre la raison,
Et transforme la froideur en un coeur doux.

Suivez ma cadence déchaînée.
Oubliez du quotidien les contraintes.
Chassez de votre coeur les lourdes plaintes.
Follement, laissez-moi vous entraîner

Dans la chaleur de mon enfer
Où le diable et la femme en transes,
Gaiement, en toute liberté, se touchent et dansent,
Sur la musique complice de mes vers.

Poèmes et nouvelles littéraires

Beauté bleue

Beauté bleue, ange de mes nuits perverses.
Nue et froide qui colle sur ma peau.
Donne-moi tes seins. Donne-moi tes fesses.
Ouvre tes cuisses et courbe le dos

Regarde-moi. Savoure mon délire.
Laisse ton venin m’épaissir la bouche.
Goûte avec moi ce langoureux plaisir
Qu’avec mes doigts et mes lèvres je touche.

Dévorant fantasme de mon esprit,
Toi la plus belle, la plus sensuelle.
L’érogène que je respir’ la nuit.

Mon rêve, ma divine, l’étincelle.
Celle qui allume au creux de mon lit
Le feu sacré de l’ Amour éternel.

Poèmes et nouvelles littéraires

L’amour.ca

J’ai l’amour qui pixelise
Sur mon écran en virtuel
Des mots brisés que numérise
Un coeur perdu qui bat de l’aile

J’ai l’amour.ca
J’ai l’amour.si
J’ai l’amour qui va
J’ai l’amour qui fuit

À se refaire les dents
Sur les années perdues
L’amour en ligne qui tourne au vent
Des élans soudains et des malentendus

J’ai l’amour.ca
J’ai l’amour.si
J’ai l’amour qui va
J’ai l’amour qui fuit

Sur mes neurones électroniques
La dopamine aux zones franches
Excite mon coeur qui fait des clics
Quand je m’agite. Quand je me branche

J’ai l’amour.ca
J’ai l’amour.si
J’ai l’amour qui va
J’ai l’amour qui fuit

Quand je te vois mon bel amour
Que je te touche en temps réel
Que mon ordi va faire un tour
Que tu me montes au septième ciel

J’ai l’amour qui va
J’ai le coeur qui plie
Je fais l’amour comme ça
Je ne suis plus comme si