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Archives de la catégorie: Repères
Opinion Repères Scène canadienneQuelle hypocrisie
28 novembre 2018 – 6 h 36 min
Quelle hypocrisie !
Trudeau se dit très déçu de la décision de General Motors de fermer son usine d’Oshawa en décembre 2019. Son gouvernement et celui de Ford en Ontario vont « faire » tout ce qu’ils peuvent pour venir en aide aux travailleurs affectés par cette décision. Quelle compassion de la part de fervents partisans du Libre-échange, Trudeau en particulier, qui vient de faire des pieds et des mains pour renouveler cet accord avec les États-Unis et le Mexique en sacrifiant encore un peu plus les intérêts nationaux du pays.
Le problème avec le libre-échange, ce n’est pas qu’il favorise tel ou tel pays par rapport à un autre. C’est qu’il favorise les grandes multinationales par rapport à quelque pays que ce soit. Qu’il s’agisse de la concentration de la production ou au contraire de la délocalisation vers des pays qui produisent à rabais, dans tous les cas les décisions seront prises en fonction des meilleurs intérêts de ces grandes entreprises sans égard à l’impact sur les travailleurs. Le seul lien avec les pays et leur gouvernement n’existe que lorsque vient le temps de donner des subventions ou d’accorder des prêts de plusieurs milliards de dollars qui risquent de n’être jamais remboursés, comme ce fut le cas pour soi-disant sortir de la crise financières de 2008-2010. Ce lien prend la forme d’une autorité supra-nationale, non élue et dont les discussions se font à huis-clos mais qui dicte sa vision aux gouvernements élus dont on siphonne à tous les jours un peu plus, les pouvoirs réels.
La première victime du libre-échange au Canada, à l’époque même initiale de l’Alena, ce fut le Pacte de l’automobile qui garantissait en échange à leur accès au marché canadien que les grandes compagnies de l’automobile effectuent leur production au Canada. Selon Wikipedia le Pacte de l’auto a fait passé le pourcentage de voitures fabriquées au Canada et vendues aux États-Unis de 7 à 60% entre 1964 et 1968 seulement. L’OMC a dénoncé le pacte de l’auto jugé incompatible avec les nouvelles règles naissantes du commerce.
Plus récemment, Trump exigeait que la question de la production automobile soit au coeur de la nouvelle entente sur le libre-échange négociée il y a à peine quelques mois. À ce propos, Radio-Canada rapportait, le 30 septembre dernier, que « Du côté de l’industrie automobile, où plane aussi la menace de l’article 232, des plafonds seraient imposés (dans le nouvel Accord) sur les exportations de voitures et de composantes en provenance du Canada ».
Qu’on nous rabâche aujourd’hui que la décision de GM ait été motivée par une quelconque réorientation vers la production de véhicules électriques n’a rien à voir ici. Véhicules électriques ou pas, avec le Pacte de l’automobile une telle réorientation se serait aussi effectuée dans le cadre d’une production canadienne.
Réflexions sur la démocratie cubaine
29 novembre 2016 – 8 h 36 min
Démocratie et dictature
Dans nos sociétés occidentales, la démocratie est avant tout ce qu’on appelle le « bipartisme ». Cette notion du « bipartisme » se résume essentiellement à l’idée d’un changement successif entre « Libéraux » (ou « Démocrates) et Conservateurs. Dans la réalité ces deux oppositions se confinent pour l’essentiel à deux formes différentes de pouvoir du grand capital. L’une plus fermée et moins encline à l’intervention de l’État, l’autre dite plus ouverte sur les mesures sociales (surtout sociétales) et considérée généralement comme « progressiste ». Formellement cette notion de démocratie se présente comme l’expression du « libre-choix » pour tous. D’autant plus qu’en autant que ce système ne se sente pas menacé dans ses fondements, il ne s’oppose pas à l’expression de différents courants tiers, voire originaux. Ex. la possibilité pour un parti communiste sans influence ou pour un parti du type « rhinocéros » avec des propositions excentriques, d’afficher ses candidatures sur une liste électorale. Cela au nom de ce qu’on appelle communément « la liberté individuelle ». C’est ce qui fait dire à l’opinion médiatique que ce système accepte l’opposition.
Avec la mort de Fidel Castro on a beaucoup parlé dans les médias, de la disparition d’un dictateur. Cuba est donc perçu comme une dictature du fait qu’un tel formalisme n’existe pas. Qu’on y tolère pas l’opposition.
La réalité c’est que la démocratie n’est pas qu’une question de forme. La démocratie c’est avant tout une question de pouvoir. Pouvoir du peuple versus pouvoir du capital. Bien que la forme de ce pouvoir soit importante c’est son contenu qui en fait avant tout une valeur réelle.
On fait bien peu de cas dans nos médias aujourd’hui, du fait que la révolution cubaine ait renversé une réelle dictature. Celle d’une homme, Fulgencio Baptista qui a éliminé en 7 ans plus de 20 000 personnes et fait disparaître toutes les libertés individuelles avec l’appui sans « réserve » du gouvernement américain.
Je ne m’étendrai pas ici sur l’extension, au niveau de la politique internationale de cette notion de « démocratie » à l’occidentale. Que d’en faire mention nous amène tellement d’images, que ce soit de l’embargo économique contre Cuba jusqu’aux guerres impérialistes actuelles au Moyen-Orient, qu’on peut difficilement accepter l’idée que cette politique internationale soit l’expression de la politique intérieure du capitalisme et de sa « démocratie » à l’échelle internationale. Ce qui nous la rend moins tangible à l’intérieur de nos propres frontières. Et j’inclue dans le mot « frontières » les limites de notre capacité à comprendre ce lien réel.
La question
C’est en chœur que les médias nous rappellent sans cesse que le gouvernement cubain actuel est aussi « une dictature », qu’il n’y aurait pas de « libertés individuelles » ni « opposition démocratique » qu’il y a eu des exécutions et que les prisons sont « pleines » d’opposants au « régime ».
Mettons de côté les demi-vérités et prenons ces expressions une par une. D’abord définissons le mot « dictature ». « Une dictature est un régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu’aucune loi ou institution ne les limite. La dictature est donc synonyme de régime autoritaire. » Il n’est pas inutile de rappeler ici le contenu de la Constitution de Cuba. L’article 1 dit : « Cuba est un Etat socialiste de travailleurs, indépendant et souverain, organisé avec tous et pour le bien de tous, en une république unitaire et démocratique, pour la jouissance de la liberté politique, de la justice sociale, du bien-être individuel et collectif et de la solidarité humaine. » Puis à l’article 3 on précise : « la souveraineté réside dans le peuple, duquel émane tout le pouvoir de l’Etat. ». On ne parle pas ici de la souveraineté de la « nation » un terme relativement vague qui inclue bien souvent la liberté des entreprises (pas la liberté d’entreprise). On parle de la souveraineté du peuple. De fait, le pouvoir du peuple et son organisation politique sont définis dans la Constitution, de même que son expression économique, le socialisme. Le non-retour au capitalisme et à toute forme d’exploitation de l’homme par l’homme sont présentés dans la Constitution cubaine comme étant irrévocables. On me rétorquera que dans nos constitutions on n’affirme pas que le capitalisme en est le fondement économique et que celui-ci est irrévocable. Et pour cause. C’est surtout qu’on ose pas en parler car cela serait tout dire.
Voilà ce qui fait dire à nos médias ainsi qu’à nos principales institutions politiques et idéologiques que Cuba est une dictature. La « dictature » du peuple, c’est ce qu’on veut cacher. On préfère personnaliser cette attribution. Ce qui en dilue l’essence profond et fait disparaître à nos yeux l’image de ce qui n’est pas représenté par le mot « peuple ».
À l’heure du « libre-échange » où les grandes entreprises ont le pouvoir de renverser les législations nationales, la question de la souveraineté du peuple pose la question fondamentale de la notion même de démocratie.
C’est de cette « démocratie » dont il est question lorsqu’on nous parle d’absence d’opposition à Cuba. Le gouvernement cubain ne s’oppose pas aux libertés individuelles, ni à la propriété personnelle. Il s’oppose à ce qui fait obstacle à la souveraineté et au pouvoir du peuple. On reproche au gouvernement du peuple de ne pas permettre les actions et les exactions des opposants visant à provoquer un retour en arrière. Le gouvernement cubain s’oppose à la possibilité que le pouvoir du peuple soit à nouveau renversé par le pouvoir du capital. On lui reproche de ne pas permettre sous peine d’emprisonnement, à ses opposants, de constituer un noyau au service du renversement de l’État, comme cela fut tenté à la Baie des cochons et comme cela s’est produit au Chili qui lui, avait joué le jeu de la « démocratie » formelle à l’occidental sans se prémunir adéquatement contre les menaces visant la souveraineté du peuple.
À Cuba la démocratie n’est pas formelle. Elle n’est pas parfaite non plus mais elle est réelle. Elle s’exprime par les assemblées populaires, les syndicats, les mouvements sociaux, la possibilité de participer aux élections à tous les niveaux y compris sans être un membre du Parti. L’impossibilité pour les Cubains d’agir contre le pouvoir du peuple, cela fait aussi partie de la démocratie.
Un diagnostic sévère d’Israel et de la communauté juive pro-israélienne
8 juillet 2011 – 9 h 53 min
Israël ne cédera jamais les territoires occupés
Giorgio S. Frankel, analyste de questions internationales et journaliste indépendant, travaille sur le Moyen-Orient et le Golfe persique depuis le début des années 70. Il est l’auteur de : « L’Iran et la bombe », DeriveApprodi, Roma, 2010.
Silvia Cattori : Comme vous le savez quand il s’agit des crimes commis par l’armée israélienne contre les Arabes, la presse n’est pas du tout neutre. N’êtes-vous pas vous-même un de ces journalistes qui, dans le passé, a contribué à peindre une image idyllique d’Israël ?
Giorgio S. Frankel [1] : Oui, dans le passé, j’ai participé à cette propagande sioniste parce que j’ai grandi dans un contexte favorable à Israël. Donc j’avais absorbé cette culture. Dans un certain sens la presse et les médias occidentaux contribuent activement à perpétuer l’image et l’idéologie d’Israël. Il y aurait ici un long discours à faire sur le pouvoir des forces pro-israéliennes dans la presse et les médias.
N’oublions pas que pratiquement tous les correspondants des journaux étasuniens en Israël sont des Juifs pro-israéliens. Nombre d’entre eux ont servi volontairement dans les forces armées israéliennes. Donc ce phénomène existe. Un des piliers de la puissance israélienne dans le monde est cette capacité à perpétuer la narration israélienne et à continuellement modifier l’histoire pour la réécrire de façon favorable à Israël. Par exemple plus de 40 années sont maintenant passées depuis la guerre de juin 1967. Plus personne quasiment ne se souvient de la façon dont elle a commencé. La littérature pro-israélienne écrit avec désinvolture que ça a été une guerre dans laquelle Israël a dû se défendre d’une agression arabe. Cette agression n’a jamais existé. C’est Israël qui en juin 1967, à la fin d’une longue crise politique avec la Syrie, a attaqué l’Égypte par surprise. On écrit aujourd’hui qu’Israël a dû mener une guerre de défense après une agression arabe. C’est un exemple.
Silvia Cattori : Le fait que les correspondants états-uniens envoyés en Israël soient, comme vous le soulignez, « quasiment tous des Juifs pro-israéliens » est certainement un problème. Mais, à votre avis, ne voyons-nous pas le même phénomène dans les pays européens ?
Giorgio S. Frankel : L’Europe a eu une attitude partagée jusqu’à il y a quelques années. Dans un passé pas très lointain, l’Europe tendait davantage à sympathiser avec les Palestiniens. Dans les années 70 et 80, l’Italie était manifestement plus pro-arabe que pro-israélienne. L’attitude européenne a changé après l’attaque du 11 septembre 2001, quand s’est déchaînée dans le monde cette politique anti-arabe. L’attaque a été identifiée comme une offensive arabe contre le monde occidental. Après ce virage une hostilité croissante envers l’Islam s’est diffusée dans le monde occidental.
L’islamophobie en Europe a été transmise par les États-Unis. Aujourd’hui, l’Europe -la politique des pays européens alignés après le 11 septembre sur les positions états-uniennes et la guerre d’Irak- poursuit une politique anti-arabe. Cette islamophobie croissante est en grande partie alimentée, partagée, soutenue par Israël. Il faut savoir que les Européens les plus racistes, comme le Hollandais Gert Wilders, et d’autres racistes nordiques, sont aujourd’hui considérés comme des héros en Israël. Gert Wilders est régulièrement invité à tenir des conférences même dans les universités israéliennes.
On a cette attitude aussi dans les médias européens ; un peu moins dans les médias britanniques. Mais, en effet, pour de nombreuses raisons, Israël est arrivé à imposer son langage, son récit des épisodes proches et moyen orientaux. Les Israéliens ont un grand pouvoir, ils ont une grande capacité de propagande. Les Palestiniens ne disposent pas de cette force. Les Arabes n’ont pas cette capacité. Israël a pris le contrôle petit à petit. Il y a employé beaucoup de temps. Il a maintenant pratiquement le contrôle des communautés juives en Europe et aux États-Unis. Autrefois ce n’était pas comme ça. Autrefois les communautés juives critiquaient la politique d’Israël. Ainsi, si nous pensons à la propagande en faveur d’Israël, celle-ci n’est pas faite par des émigrés : elle est faite par des Juifs états-uniens qui en partagent la culture, le langage. Ce ne sont pas des étrangers. Les Juifs états-uniens sont pleinement intégrés, membres du Congrès, journalistes. La propagande pro-israélienne est renforcée de ce fait.
Silvia Cattori : Quand ce contrôle politique d’Israël sur le monde juif a-t-il pris ce virage ?
Giorgio S. Frankel : Il faut rappeler qu’à l’origine le sionisme était seulement hébergé dans le monde juif, surtout chez les Juifs états-uniens. Il a fallu beaucoup de temps pour que les sionistes arrivent à s’affirmer. Ceci, entre autres, est une des origines historiques de l’arrogance notoire, de la propension à la violence du sionisme. Le sionisme est devenu arrogant et politiquement violent justement à cause de son expérience aux États-Unis, quand il devait s’affirmer dans le judaïsme états-unien. Surtout après la deuxième guerre mondiale. Les Juifs du monde entier ont toujours eu une attitude très favorable et très sentimentale à l’égard d’Israël. Si l’on doit parler de virage, c’est après la guerre de juin 1967 qu’il y a eu un virage important. Cette guerre est très importante dans l’histoire d’Israël. Elle a créé dans la mentalité israélienne un sentiment de sécurité et de puissance. Ainsi il y a toujours eu une dialectique entre Israël et le judaïsme, quant à celui qui devait dominer l’autre. Mais après la guerre de 1967, les gouvernements israéliens ont décidé que c’était à eux qu’il revenait de dominer le monde juif. Cela s’est fait petit à petit.
Silvia Cattori : Donc, à votre avis, la propagande des autorités israéliennes, qui a toujours consisté à dénigrer et déshumaniser les Arabes et les musulmans, sert, entre autres, à impliquer et à obtenir l’adhésion totale des Juifs au projet sioniste de domination et de destruction du peuple palestinien ?
Giorgio S. Frankel : La peur des peuples musulmans a grandi après le 11 septembre. Cet événement a permis aux forces israéliennes de désigner le monde musulman comme un ennemi historique du monde occidental, ennemi avec lequel on ne peut pas faire la paix. En Europe, pour des raisons historiques, qui remontent aux Croisades, il y a cette peur ancestrale des musulmans. Après le 11 septembre il a été facile de relancer cette peur.
Silvia Cattori : Cette propagande israélienne contre le monde arabe et musulman a réussi jusqu’à présent, avec l’aide de nos journalistes et gouvernements, à masquer de graves crimes comme l’épuration ethnique, l’annexion de Jérusalem, les massacres qui se répètent. Il est difficile de comprendre que des crimes aussi graves et massifs ne posent pas un problème moral aux Juifs qui soutiennent l’État qui les commet en leur nom. Nous voyons même des journalistes progressistes, des militants de groupes « Juifs pour la paix » tenir un discours qui « épargne » et dans un certain sens « légitime » le projet raciste de l’État exclusivement juif. Seuls quelques petits groupes marginaux ont toujours soutenu clairement le droit au retour des Palestiniens [2]. Ceci n’a-t-il pas toujours été une manière de légitimer la politique d’un État dont le projet raciste, dont l’idéologie violente, a vidé la Palestine de ses habitants ?
Giorgio S. Frankel : C’est extrêmement compliqué. Si l’on s’en tient à des phases de la négociation israélo-palestinienne, les négociateurs palestiniens eux-mêmes disent implicitement que si l’on faisait un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza, le retour des réfugiés serait compris dans l’État palestinien ; qu’ils se contenteraient d’une déclaration de la part d’Israël d’une assomption de responsabilité historique du drame des Palestiniens chassés en 1948 ; qu’Israël pourrait ne laisser entrer que quelques dizaines de milliers de Palestiniens. Dans le plan de paix proposé par le roi d’Arabie saoudite en 2002, confirmé en 2007, n’est pas mentionné explicitement le droit au retour, mais une solution négociée entre Israël et les Palestiniens.
Dans l’hypothèse d’une solution « deux États » le problème est de savoir si cette solution « deux États » est possible, avec Israël à l’intérieur des frontières de 67, et un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza. Pendant ces dix dernières années, on a continué à parler de « deux États pour deux peuples ». Ce qu’on a vu, peut-être définitivement en 2010, c’est que maintenant cette solution n’est absolument pas possible, parce qu’Israël a pris la moitié des terres confisquées en 1967 pour construire des colonies.
Israël ne cédera jamais ces territoires palestiniens. Ce qui est apparu c’est qu’Israël n’est pas pressé : qu’Israël veut arriver, avec le temps, à la domination de tout le territoire. La domination totale de la Cisjordanie et de Gaza. Ce qui implique de fait, par conséquent, l’expulsion des Palestiniens qui y vivent.
Silvia Cattori : L’Autorité de Ramallah, et les dirigeants de l’OLP -compromis dans des « processus de paix » qui ont permis à Israël de continuer à coloniser la Cisjordanie – ont renoncé aux droits légitimes de leur peuple, en pensant obtenir en échange leur « État » palestinien. Arriveront-ils à avoir cet État ?
Giorgio S. Frankel : Oui, en effet. Même le président Yasser Arafat était sur cette position : si nous faisons un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza, nous ne prétendons plus au droit au retour. Dans les négociations avec Israël le droit au retour a été utilisé comme une carte négociable. Ce qui était important pour les dirigeants palestiniens était d’avoir leur État en Cisjordanie et à Gaza. Cet État désormais n’existera jamais plus. Il est possible que ces dirigeants palestiniens soient aujourd’hui en collusion avec Israël. Qu’ils soient donc pratiquement des fantoches d’Israël. Après toutes ces négociations ils n’ont absolument rien obtenu. Les conditions de vie des Palestiniens ont empiré.
N’oublions pas que depuis qu’en 1993 a eu lieu la rencontre entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, la fameuse poignée de main à la Maison Blanche, les Israéliens ont continué à exproprier des terres en Cisjordanie, à chasser les Palestiniens de leurs maisons pour développer leurs colonies. En ces 17 années on a amplement démontré qu’Israël n’a pas la moindre intention de faire une paix qui porterait à la création d’un État palestinien en Cisjordanie et Gaza.
Quand les dirigeants israéliens parlent d’un État palestinien ils ne disent jamais où il devrait naître. Pour eux, l’État palestinien est la Jordanie. Leur objectif est de renverser la monarchie jordanienne et d’envoyer là-bas tous les Palestiniens. Voilà la doctrine : la Jordanie est la Palestine pour les Israéliens. Tout leur discours se trouve là. Les Israéliens n’ont jamais été disposés à restituer les territoires conquis en 1967. Jamais. Donc la question du droit au retour pour Israël ne se pose pas comme un objectif réaliste. Le problème est celui-ci : la formule des deux États n’est plus possible. Alors y aura-t-il un État qui comprend Israël, l’actuelle Cisjordanie et Gaza ? Il faut voir si cet État sera un État unique (binational), comme dit Ilan Pappé. Ou bien si ce sera un État dominé par les Israéliens dans lequel les Palestiniens ne seront jamais démographiquement en majorité mais seront soumis à la « domination juive ». Ils pourraient même en être chassés…
Silvia Cattori : Cette éventualité, selon vous, est-elle probable ?
Giorgio S. Frankel : Je pense qu’Israël – même si c’est une grande puissance mondiale, une puissance militaire, nucléaire et technologique – est en réalité en train d’aller au désastre. Vers un collapsus intérieur. Les indices en sont cette folie croissante de la classe dirigeante israélienne. On a vu cette dernière année justement l’escalade de racisme en Israël. Racisme envers les Arabes citoyens d’Israël. Il y a en Israël des manifestations de racisme contre les Arabes, de xénophobie envers les travailleurs étrangers, de xénophobie envers la composante russe. Il y a des fractures croissantes dans le monde juif entre ashkénazes et séfarades, entre blancs et noirs falashas. Toute la société israélienne est en train de se fragmenter, de couler et de se dégrader en un complexe de haine raciale envers tout le monde. Israël a une attitude de plus en plus hostile envers le reste du monde. Un rien suffit pour créer des incidents diplomatiques.
Alors que des générations de jeunes juifs états-uniens sont de plus en plus désenchantées vis-à-vis d’Israël. Ce qui signifie qu’Israël risque le collapsus, si des choses extérieures n’interviennent pas. La classe dirigeante israélienne est d’un niveau de plus en plus bas. L’intelligentsia israélienne est de plus en plus basse. Israël ne produit pas de culture, ne produit pas d’idées, ne produit pas de projets. Il produit des armes, des installations électroniques ; mais il ne produit pas de culture. Sa classe politique est de plus en plus corrompue économiquement, culturellement et dans ses coutumes. Un ex-chef de l’État israélien a été condamné pour violence sexuelle. Ceci est exemplaire de la corruption israélienne actuelle.
Israël est voué au déclin. Ce déclin peut être accéléré par le fait qu’Israël est complètement lié aux États-Unis. Aujourd’hui sa politique se révèle très dangereuse parce que la situation intérieure états-unienne est de plus en plus grave. L’avenir d’Israël est plein de doutes.
Silvia Cattori : Et pourtant Israël n’apparaît pas comme étant dans une position de faiblesse mais de domination. Il ne souffre pas de crise économique. Sa monnaie est forte et stable. Il continue à tenir tête au monde ; à ne pas céder de terrain et à poursuivre, sans être perturbé, sa politique de purification ethnique des Palestiniens. Il est même en mesure de revendiquer des concessions de plus en plus humiliantes, pour rendre impossible toute solution aux problèmes créés à ses voisins arabes. Malgré la gravité des crimes commis depuis plus de 60 ans, Israël non seulement n’est pas sanctionné mais est courtisé par nos gouvernements. Si Israël peut se comporter de façon aussi arrogante et violente, défier les grandes puissances, il doit y avoir une raison secrète qui a permis à tous les gouvernements israéliens de défier quiconque. Comment interprétez-vous cette arrogance croissante, sans précédent en politique internationale ?
Giorgio S. Frankel : C’est vrai. Les fondements de cette arrogance sont multiples. Un de ces fondements est la puissance atomique israélienne. Israël est peut-être la quatrième puissance atomique dans le monde. Dès les années 70, c’est-à-dire il y a presque 40 ans, on disait qu’Israël était capable d’exercer une menace nucléaire contre l’Union soviétique. Ceci expliquait pourquoi l’Union soviétique avait toujours été très prudente vis-à-vis d’Israël. Il y a quelques années seulement, un historien militaire israélien d’origine hollandaise, Martin Van Cleveld, chercheur renommé et auteur d’études militaires, déclara dans une interview qu’Israël avait des armes atomiques pointées contre toutes les capitales du monde occidental. On parle beaucoup de cette doctrine Samson [3]. L’idée est celle-ci : si Israël se trouvait dans une situation telle qu’il lui semble être sur le point de succomber, alors il entraînerait le monde avec lui. Avant de succomber il lancerait des bombes atomiques sur l’Europe, sur le monde arabe et sur les États-Unis. Des scientifiques israéliens ont plusieurs fois affirmé que les Israéliens peuvent frapper n’importe quel point du globe.
Connaissant l’histoire et la mentalité israéliennes cette attitude peut apparaître rationnelle dans le sens d’une argumentation destinée à forcer les autres pays à respecter la volonté d’Israël. Après tout, un pays européen peut se demander pourquoi soutenir la cause des Palestiniens, si on risque d’être attaqué et bombardé.
Le fait qu’Israël puisse exercer un chantage atomique, direct ou indirect, qu’il puisse menacer de faire une guerre aux pays arabes ou à l’Iran en utilisant des bombes atomiques, déchaînerait une crise mondiale. Les possibilités d’utiliser directement un chantage atomique sont très nombreuses. Ceci est un fait, je dirais, fondamental.
Puis, le lien stratégique avec les États-Unis, qui a débuté après la guerre de juin 1967, a conféré à Israël un pouvoir international notable et une sorte d’immunité. Quoi que fasse Israël, les États-Unis le protègent. S’il y a une résolution en cours au Conseil de sécurité contre Israël, elle ne peut pas passer parce que les États-Unis, en tant que membre permanent, peuvent opposer leur veto.
Tout cela a donné à Israël un pouvoir notable, un degré d’impunité très élevé. Ensuite s’est créé dans le monde, je ne sais pas si c’est un mythe – mais étant donné que quasiment toutes les chancelleries le prennent au sérieux…- l’idée que, si des pays et des forces politiques veulent avoir de bons rapports avec les États-Unis, ils doivent avoir de bons rapports avec Israël. Il y a une propension dans nombre de pays du Tiers-monde à établir de bons rapports avec Israël de façon à ce qu’ensuite le lobby pro-israélien aux États-Unis soutienne ce pays. La Turquie l’a fait dans les années précédant le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan. Nombre d’autres pays l’ont fait. On a vu que ces pays qui ont eu de bons rapports avec Israël ont été gratifiés par les États-Unis.
Les raisons pour lesquelles Israël est aussi puissant aux États-Unis sont dues au fait qu’Israël a établi un contrôle sur le Congrès. Israël domine le Congrès aux États-Unis ; il le domine vraiment. Depuis des décennies, les Israéliens ont créé aux USA une série de structures, d’institutions appelées lobby israélien. Ce lobby est formé de diverses organisations spécialisées : il y a le lobby au Congrès, celui qui fait pression sur la Maison Blanche, celui qui s’occupe des sommets militaires, etc.
En tenant compte qu’il y a aux États-Unis 6 millions de Juifs aisés, ces organisations qui sont financées par le monde juif disposent de fonds énormes. L’une des plus importantes, l’AIPAC, a 100.000 adhérents. Elle a un pouvoir énorme. Ses membres envoient des fax, des e-mails aux députés, aux sénateurs, recueillent des fonds.
Une chose très importante dont les journaux européens ont peu parlé, mais les journaux israéliens oui, ainsi que certains journaux juifs, est le fait que, au début de l’année 2010, les rapports entre Obama et Israël étaient très mauvais. Obama était prêt à avoir une politique de pression de plus en plus dure à l’encontre d’Israël. C’est ce qu’il semblait. En mai, Obama a complètement changé et a cédé peu à peu à toutes les requêtes des Israéliens. Les journaux israéliens ont révélé que les principaux financeurs juifs du parti démocrate avaient coupé les financements. Les milliardaires juifs, en mars 2010, ont fait savoir qu’ils ne donneraient pas un dollar si Obama ne changeait pas de politique. Obama s’est retrouvé à la veille des élections de mi-mandat en difficulté politique avec son propre parti, qui avait perdu ses financements juifs. C’est donc une source de pouvoir.
Ajoutons aussi un autre facteur de pouvoir provisoire. Dans l’ère de la globalisation économique, Israël est devenu un élément structurel de ce super-pouvoir global qui s’est développé à partir des années 80 et 90. Dans l’élite mondiale qui a le pouvoir économique, etc.…, Israël est une partie intégrante de cette structure de pouvoir. Ce pouvoir économique, plus le pouvoir stratégique militaire, dans la mesure où les États-Unis visent la domination du Moyen-Orient, renforcent le pouvoir militaire et stratégique d’Israël.
En 2003, quand les États-Unis ont attaqué l’Irak, les journalistes états-uniens et l’élite pro-israélienne disaient ouvertement que l’attaque contre l’Irak n’était que le début d’une stratégie vouée à démanteler le Moyen-Orient. Qu’après l’Irak, ce serait le tour de l’Égypte, puis de l’Arabie saoudite, etc. C’était la vision de l’époque. Ensuite la guerre contre l’Irak a mal tourné pour eux. Ce qui montre que le pouvoir militaire n’est valable que jusqu’à un certain point. Les États-Unis, malgré leur super-puissance militaire et technologique, perdent toutes les guerres. En voyant l’expérience des États-Unis nous pouvons garder à l’esprit que même pour la super-puissance israélienne les jours pourraient être comptés. Pour le moment Israël est une partie du super-pouvoir mondial. Mais ce pouvoir perd du terrain avec l’expansion du pouvoir asiatique.
Silvia Cattori : Vous avez étudié ce sujet. Vous connaissez la réalité de près. Mais pour les gens en général il est très difficile de comprendre que ce ne sont pas les Arabes et les musulmans le problème mais la politique conflictuelle israélienne. La pression continue exercée par Israël contre le programme nucléaire civil iranien en fait partie. Croyez-vous en une attaque possible de l’armée israélienne ou d’autres, contre des sites iraniens ?
Giorgio S. Frankel : Je n’y crois pas parce qu’Israël a commencé à menacer d’attaquer l’Iran au début des années 90 ; ça fait 20 ans que les autorités israéliennes répètent qu’elles vont attaquer l’Iran, que l’Iran est en train de fabriquer la bombe atomique, que l’Iran est une menace. Mais quand, dans l’histoire, un pays menace de faire la guerre et ne la fait pas pendant vingt ans, il ne la fera jamais.
Cette menace contre l’Iran sert à Israël pour maintenir un climat de tension au Proche et au Moyen-Orient. En menaçant plusieurs fois par an de faire la guerre à l’Iran, il crée une situation de péril aux États-Unis et en Europe. La probabilité qu’Israël attaque l’Iran est très faible. Mais si Israël attaque vraiment l’Iran, les conséquences mondiales seraient tellement catastrophiques que, même si tout le monde pense que la menace du gouvernement israélien tient du bluff, personne ne va vérifier si c’est vraiment du bluff.
Israël n’est pas en mesure d’attaquer l’Iran, il suffit de regarder une carte géographique. Il doit passer à travers d’autres pays. Il y a deux ans, les États-Unis firent un cadeau empoisonné aux Israéliens. Comme Israël parlait du danger iranien, les États-Unis envoyèrent en Israël un grand appareil radar qui contrôle le ciel autour du pays sur des centaines de kilomètres. Cette station est gérée par des militaires états-uniens. Elle fut présentée comme un geste de solidarité envers Israël ; en réalité les Israéliens ne sont pas très contents. Parce que les États-Unis savent exactement ce que font les avions israéliens. Les États-Unis ont affirmé de façon récurrente qu’ils ne veulent pas une guerre contre l’Iran, parce que ce serait une catastrophe.
Ce sont des périodes cycliques. De temps en temps les Israéliens sortent cette carte iranienne. On en parle pendant quelques semaines et puis ça s’arrête. Le général Moshe Yalon, vice-premier ministre et ministre pour les menaces stratégiques, a déclaré : le programme nucléaire iranien est en retard ; donc nous avons deux ou trois ans pour prendre une décision. Ceci est un message pour indiquer qu’en ce moment il n’y a pas de danger iranien. Ce danger sert aux Israéliens pour entretenir un climat de tension et contraindre les États-Unis et les Européens à faire certaines politiques. Les Israéliens espéraient créer un climat de tension suffisant pour provoquer un affrontement entre l’Iran et les pays arabes. Cette stratégie aussi a échoué.
Combien de temps a-t-il fallu aux autres puissances nucléaires pour fabriquer la bombe atomique ? Les États-Unis dans les années 40, quand on ne savait même pas à coup sûr qu’on pouvait faire la bombe atomique, y ont employé trois années. Israël a mis dix ans. Maintenant on dit depuis plus de vingt ans que l’Iran construit la bombe. C’est la bombe atomique la plus lente de l’histoire ! L’agence nucléaire qui doit contrôler la bombe atomique continue à dire qu’il n’existe pas d’indices de programme militaire.
La bombe iranienne sert à Israël pour créer des problèmes stratégiques dans la région. La grande peur d’Israël est qu’un dialogue politique ne s’ouvre entre les États-Unis et l’Iran. Après quoi l’Iran serait reconnu comme puissance régionale avec laquelle on doit parler et discuter.
L’autre puissance régionale qui est en train de s’affirmer est la Turquie. À présent Israël a des problèmes avec la Turquie parce qu’elle pourrait devenir la principale interlocutrice des États-Unis, du monde arabe et du monde musulman.
L’autre grande arme d’Israël est l’accusation d’antisémitisme. C’est une arme à laquelle les Israéliens ont un grand et immédiat recours. Toute forme de critique d’Israël est dénoncée comme acte d’antisémitisme. Au début cela faisait un grand effet ; aujourd’hui un peu moins ; tôt ou tard, elle perdra son importance. Quand on abuse de ces armes elles perdent leur valeur. Israël accuse tout le monde d’antisémitisme. Si un Juif critique Israël, on dit que c’est un Juif qui a la haine de lui-même.
A la fin, ça aussi ça s’écroulera. Parce que l’antisémitisme est une chose ; la critique d’Israël en est une autre. D’antisémitisme, il y en a peu actuellement, dans le monde. S’il resurgit c’est parce que cette façon qu’ont les Israéliens d’établir une identité entre judaïsme et « israélisme » est vraiment dégoûtante : c’est là un terrain très glissant.
Silvia Cattori : Pendant ces années d’offensive militaires par Tel Aviv, on a assisté, en France par exemple, à une intensification des accusations d’antisémitisme même de la part de militants de groupes de « juifs pour la paix ». Des accusations d’antisémitisme et de négationnisme, se sont mises à pleuvoir sur des journalistes ou des militants qui mettent en évidence l’idéologie qui a amené l’État juif à conduire des politiques inacceptables depuis le début [4]. Si comme vous le soulignez, critiquer la politique israélienne n’a rien à voir avec le racisme, que cherchent alors, en vérité, ceux qui accusent les gens d’antisémitisme ?
Giorgio S. Frankel : La grande erreur est celle commise par les communautés juives dans le monde en tant que, comme communautés juives, elles pensent avoir le droit de parler au nom d’Israël. De nombreux Juifs non Israéliens pensent pouvoir, en tant que Juifs, avoir le droit de soutenir Israël. C’est leur droit. Mais cela comporte que, tôt ou tard, on imputera aux Juifs non israéliens ce que font les gouvernements israéliens. D’autre part, quand Israël proclame qu’il veut être reconnu non seulement comme État juif, mais comme État national du peuple juif, cela veut dire qu’il demande, au niveau international, que lui soit reconnue une sorte de primauté aussi à l’égard des Juifs qui sont dans les autres pays. Cela devient très dangereux.
Silvia Cattori : Pourquoi dangereux ?
Giorgio S. Frankel : Parce qu’à la fin il est possible que, dans l’avenir, Israël veuille interférer dans la politique intérieure d’autres pays sous prétexte que ce pays a une politique hostile aux Juifs. Chirac refusa de participer à la guerre contre l’Irak. Peu de temps après le premier ministre israélien Ariel Sharon déchaîna une politique hostile à la France en avertissant les Juifs français : faites vos valises, quittez la France, venez en Israël. A l’avenir les Israéliens pourraient se comporter comme si c’était à eux qu’il revenait de définir le destin des Juifs italiens ou français.
Silvia Cattori : Cette arme de l’antisémitisme a toujours permis à Israël de mettre les gouvernements qui ne suivent pas la ligne politique de Tel Aviv sous pression. Cela fait donc vingt ans qu’Israël essaie d’inciter le reste du monde à intensifier la pression contre l’Iran pour l’isoler, le sanctionner, en empêchant son développement normal. D’après vous, y arrivera-t-il ?
Giorgio S. Frankel : Je n’en sui pas convaincu, parce que l’Iran jusqu’ici est protégé par la Chine et en partie par la Russie. Il a de bons rapports avec ses voisins : Turquie, Irak et avec des pays comme l’Azerbaïdjan et la Géorgie. Il a de bons rapports avec le Pakistan, avec l’Inde, avec les pays arabes du Golfe, en particulier avec le Qatar. Il est en train d’étendre sa présence diplomatique en Amérique latine. L’Europe suit la ligne dure : mais d’autres pays ne la suivent pas.
Les Israéliens mènent cette déstabilisation intérieure de l’Iran par le biais d’attentats, de massacres, etc. ; c’est ce qu’ils sont probablement en train de faire. Il faut voir s’ils vont y arriver.
Silvia Cattori : Israël seulement et pas les États-Unis [5] ?
Giorgio S. Frankel : Tous les deux. Mais surtout les Israéliens.
Silvia Cattori : Pourquoi « surtout les Israéliens » ? Ont-ils des moyens particuliers de pénétration et de manipulation des minorités ethniques ?
Giorgio S. Frankel : Le problème de la stabilité de l’Iran est très complexe. On peut entrer clandestinement dans plusieurs zones. Il y a des populations hostiles au gouvernement central. Le Kurdistan est la région la plus importante pour le pétrole. Une minorité sunnite y vit. Il suffit de leur fournir des financements pour l’entraînement et de leur fournir des armes. Ce genre d’opérations s’appelle « la guerre de l’ombre ». Les possibilités d’intervention sont nombreuses.
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio (24.06.2011)
Texte original en italien (25.05.2011) : http://www.silviacattori.net/article1639.html
La question nationale – Une vision démocratique
18 mai 2009 – 12 h 58 min
Le texte ci-dessous a servi de base à l’élaboration de l’analyse, plus concise et légèrement modifiée, que le cercle citoyen de Laval a soumis, dans le cadre de sa contribution à l’élaboration du programme de Québec solidaire sur la souveraineté. On retrouvera le texte final ici.
Participant depuis quelques semaines au débat de Québec solidaire (à Laval) sur le thème de la souveraineté, je suis toujours surpris de constater la gratuité de certaines affirmations sur un sujet aussi proche des Québécois, particulièrement depuis la Révolution tranquille. Le consensus le plus facile sur le sujet, est que la question nationale au Canada n’est toujours pas résolue, n’en déplaise d’ailleurs à un certain Stephen Harper qui croyait qu’en reconnaissant formellement le Québec en tant que nation, il faisait l’Histoire.
Aussi vieille que le capitalisme lui-même, la question nationale s’exprime de façons bien variées, autant que le sont les conditions économiques dans lesquelles elle évolue. Pour cette discussion, Québec solidaire nous propose certaines pistes de réflexion : Comment définit-on la nation québécoise? Nation civique? Nation ethnique? Nation politico-culturelle?
Voilà à mon sens, une approche un peu courte pour aborder une question aussi complexe. Disons-le franchement, il n’existe pas au départ une telle chose qu’une « nation civique ». Pas plus d’ailleurs qu’une « nation ethnique ». On peut toujours parler d’un État civique, quoique l’expression soit un peu redondante. Tout comme on peut faire référence à un groupe ethnique ou une nationalité dans le sens d’appartenance à une nation d’origine. Mais cela n’apporte rien au débat qui nous concerne. Une nation politico-culturelle ? Je ne comprends tout simplement pas le sens du mot « politico » ici.
Pour moi les bonnes questions sont : Qu’est-ce qu’une nation et quels sont ses droits fondamentaux ? Le peuple québécois est-il une nation ? Quelles sont les contraintes à l’émancipation nationale du Québec ? Les repères d’une solution démocratique de la question nationale au Québec.
Qu’est-ce qu’une nation et quelles sont ses droits fondamentaux ?
Si je dis qu’une nation est avant tout un peuple, ce n’est pas parce que je l’affirme qu’il en est ainsi. L’expression, même dans son sens étymologique exprime un attribut bien spécifique d’un peuple, ou comme le dit le wiktionnaire, d’une communauté humaine. Spécifique ? Mieux, une communauté humaine historiquement constituée. Cela renforce l’idée qu’on ne devient pas une nation par décret.
À ce propos, il est intéressant de prendre connaissance de l’article 1 du Chapitre 1 de la Charte des Nations Unies qui définit ainsi un des buts de l’Organisme :
« Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde »
On ne parle pas ici des États, mais bien des peuples et des nations. Pourquoi cette association entre les mots « peuples » et « nations » et pourquoi l’omission du mot « État ». Simplement parce que le droit des peuples et des nations à disposer d’eux-mêmes est une expression qui érige au niveau d’un principe la notion de souveraineté. Un droit fondamental en démocratie. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes veut aussi dire le droit de choisir entre l’indépendance, l’autonomie ou toute autre forme possible d’association entre États. L’État et la nation ne sont donc pas des synonymes.
Le droit d’un peuple à disposer de lui-même n’est rien de moins que le droit à l’autodétermination nationale. Ce qui signifie : le droit pour un peuple de choisir lui-même la forme de relations qu’il veut établir avec les autres nations prenant en compte ce qu’il considère comme le plus avantageux pour son épanouissement économique, social et culturel, en d’autres mots, pour son émancipation nationale. La nuance entre les mots peuple et nation est faible. Mais elle existe quand même. Dans le contexte du mouvement de libération nationale du siècle dernier, le mot peuple désignait souvent les populations des pays colonisés qui aspiraient à leur indépendance et dont le développement national historique avait été momentanément interrompu par la colonisation. On parle ici de peuples soumis qui n’avaient pas le contrôle de leur économie et pour qui la langue nationale était reléguée au rang d’une langue seconde. Bien qu’avec des nuances importantes, on peut dire que les peuples autochtones au Canada entrent dans cette catégorie.
Or si le terme nation représente un attribut spécifique d’un peuple historiquement constitué, quelles en sont donc les autres caractéristiques ?
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Une nation a un territoire commun. Certes on peut toujours appartenir à une nation et vivre sur un autre territoire. On parlera alors d’une personne ou d’un groupe de personnes de telle origine nationale ou appartenant à telle nationalité. On envisagera des droits spécifiques pour certaines communautés. Jamais ces droits ne correspondront au droit d’un peuple à disposer de lui-même. Ces droits seront d’une autre nature, propre à une politique de croissance, d’équité, de justice sociale et d’intégration démocratique.
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Une nation aura une langue commune. On parlera aussi d’une culture et souvent même d’une psychologie commune, avec toutes les réserves qu’une telle affirmation peut contenir. C’est dans ce sens et dans ce sens uniquement qu’on peut faire référence aux valeurs québécoises. Ces valeurs ne sont pas tant l’expression d’une vision politique en particulier que des traditions culturelles distinctes et même, pourrait-on dire religieuses, d’un rapprochement plus prononcé avec l’Europe qu’avec les États-Unis, avec les pays latins, qu’avec les pays anglo-saxons.
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Le Wiktionnaire parle enfin d’une communauté économique plus ou moins forte. Cette notion fait référence au lien étroit qui unit l’apparition du capitalisme à la naissance de la nation. Marx est celui qui a sans doute le mieux exprimé ce phénomène :
» La bourgeoisie supprime de plus en plus l’éparpillement des moyens de production, de la propriété et de la population. Elle a aggloméré la population, centralisé les moyens de production et concentré la propriété dans un petit nombre de mains. La concentration politique en a été la conséquence fatale. Des provinces indépendantes ou à peine fédérées, ayant des intérêts, des lois, des gouvernements, des tarifs douaniers différents, ont été rassemblées, pêle-mêle, et fondues en une seule nation, avec un seul intérêt national de classe, derrière un seul cordon douanier. «
» Dans toutes les langues modernes complètement formées, plusieurs raisons ont fait perdre au langage son caractère naturel : (…) la fusion des dialectes au sein d’une nation aboutissant à une langue nationale, par suite de la concentration économique et politique. »
» Dans aucun pays le règne de la bourgeoisie n’est possible sans l’indépendance nationale. La révolution de 1848 devait donc entraîner l’unité et l’autonomie des nations, qui jusqu’alors en étaient privées : l’Italie, l’Allemagne, la Hongrie. La Pologne verra venir son tour. »(extraits tirés du Manifeste du Parti communiste et de travaux sur l’Idéologie allemande)
Le mérite de Karl Marx est d’avoir illustré le processus historique du développement de la nation et la manière dont cette dernière s’est greffée au développement économique. Le caractère déterminant de l’économie dans l’apparition de la nation est tellement vrai qu’au moment où l’État national et ses frontières étroites finissent par étouffer son essor, l’économie de marché aura tôt fait d’imposer sa loi expansionniste. Se substituera alors à l’État national, l’État colonial. Un État qui refusera de reconnaître aux pays conquis les droits nationaux qu’il s’adjuge pour lui-même, comme étant naturels. Ainsi, le concept d’État érigé sur le fondement de la nation devient vite un concept à contresens, celui d’État-nation. Ce qui permettra un jour à Pierre Elliott Trudeau de dire que le Canada ne forme qu’une seule nation et à René Lévesque de réclamer l’indépendance pour le Québec, toujours en vertu du même principe de l’État-Nation. Un piège qu’ont su éviter les Nations Unies dans la rédaction de l’article 1, du chapitre 1 de la Charte de l’organisme.
Le peuple québécois forme-t-il une nation ?
La raison pour laquelle je ne pose pas la question « Le Québec est-il une nation ? » est justement pour éviter le carcan imposé par le concept ambigu d’État-nation. Paradoxalement, l’existence même d’une Assemblée nationale au Québec illustre davantage le fait que le peuple québécois constitue une nation qu’un État national. Une Assemblée concédée au peuple québécois (et surtout au clergé catholique) afin de mieux l’embrigader à l’intérieur de la nation canadienne (le mot nation ici se voulant, l’expression du concept d’État-nation). On pourrait donc dire que le Québec de ce point de vue n’est pas une nation puisque l’État lui-même ne dispose pas du droit à l’autodétermination nationale. Ce qui est une manière de dire que le peuple québécois ne contrôle pas, voire ne possède pas encore, son État national, qu’il n’est pas souverain dans la loi. La notion de souveraineté impliquant nécessairement le concept du droit à l’indépendance.
Par contre, le peuple québécois, même s’il ne possède pas vraiment son État national, épouse toutes les caractéristiques d’une nation telles qu’énumérées plus haut et comprises dans la Charte des Nations Unies. Ce qui signifie que le gouvernement canadien, s’il voulait recourir au droit international pour invoquer l’intégrité de son territoire et ainsi s’opposer à l’indépendance du Québec, ne pourrait pas par ailleurs, avoir recours à la Charte des Nations Unies pour empêcher les Québécois et Québécoises de prendre le contrôle de leur État et de proclamer son indépendance.
Puisque nous sommes dans les paradoxes, on ne peut passer sous silence les particularités du Québec eu égard au processus historique classique de l’apparition de la nation. Car si une distinction majeure s’illustre, c’est bien la formation au Québec, d’une petite et même d’une grande bourgeoisie nationale, capable de rivaliser avec n’importe quel État capitaliste moderne. Ce fait à lui seul fait pâlir toute comparaison politique avec le mouvement de libération nationale dont l’indépendance était la seule voie possible d’émancipation et de contrôle de son marché et son économie nationale.
Le Québec n’est pas une colonie à proprement parler. Il n’en demeure pas moins que les Québécois et Québécoises forment un peuple discriminé, amputé du contrôle authentique de son État national et dont le développement économique est soumis à des décisions qui se prennent souvent à l’extérieur de son territoire. Ce qui se traduit par un niveau de vie et par des revenus inférieurs à la moyenne canadienne; une équité salariale avec le Canada anglais qui est toujours à reconquérir ; des politiques économiques dans le domaine de la culture soumises à la vision, pour ne pas dire aux préjugés, de ministres coupé-e-s du Québec ; un double système de fiscalité, etc.
La lutte pour l’émancipation nationale du Québec par conséquent, est une lutte tout à fait légitime. Il n’est pas moins vrai cependant que la forme particulière de cette lutte et les solutions mises de l’avant ne suivront pas le modèle classique de la lutte nationale tel qu’on l’a connu dans les pays colonisés et le mouvement de libération nationale à travers le monde.
Quelles sont les contraintes à l’émancipation nationale du Québec ?
La reconnaissance du Québec en tant que nation, sans la reconnaissance de son droit à l’autodétermination nationale, n’est pas une véritable reconnaissance de la nation. La première contrainte à l’émancipation nationale du Québec est donc de nature politique. Le Québec n’est pas souverain devant la loi et par conséquent n’a pas le loisir de choisir lui-même ses grandes orientations économiques, politiques et sociales. De ce point de vue il est tout à fait raisonnable d’affirmer que la constitution canadienne (avec ou sans l’adhésion du Québec), dans les termes actuels et à l’intérieur de laquelle le Québec n’est qu’une province comme les autres, démontre bien que la question nationale au Canada et au Québec n’est toujours pas résolue.
À ce facteur politique cependant s’en ajoutent bien d’autres, dont notamment le rôle, suivit de la trahison, du Parti québécois, envers la population et les travailleurs et travailleuses en particulier. Attention, je ne parle pas ici de l’incapacité du gouvernement péquiste à faire l’indépendance, après un long règne à l’Assemblée nationale. La trahison du Parti québécois vient de son changement de cap après s’être fait élire une première fois avec un soi-disant préjugé favorable envers les travailleurs et travailleuses. Ce préjugé, René Lévesque le savait nécessaire pour gagner l’appui d’une majorité de la population à cette idée que le Parti québécois pouvait être le fer de lance des intérêts nationaux du Québec.
Après quelques mesures encourageantes une fois au pouvoir, dont la Loi anti briseurs de grève, le gouvernement du Parti québécois a tôt fait de s’aliéner une partie importante de la population en s’attaquant de front au mouvement ouvrier et en adoptant des lois antisyndicales dans la Fonction publique. Des lois que la Cour suprême du Canada a dû invalider, les jugeant anticonstitutionnelles. Voudrions-nous d’un Québec indépendant qui serait moins démocratique que le Canada voisin qu’il aurait quitté ? Si la question fait rire, les travailleurs et travailleuses qui ont voté pour le Parti québécois et qui ont dû recourir à la Cour suprême du Canada pour défendre leurs droits fondamentaux n’avaient pas tort de se sentir trahis par le gouvernement du Parti québécois.
La lutte politique que se livrent le Parti libéral et le Parti québécois se résume en fait à une confrontation entre factions de la bourgeoisie qui prétendent mieux représenter l’une que l’autre, les intérêts des grandes entreprises. Des intérêts qu’ils érigent tous les deux au rang des intérêts nationaux du Québec.
Il ne suffit donc pas d’admettre l’existence d’un lien entre développement économique et mouvement national. Encore faudra-t-il se poser la question : quel développement économique ? Pour qui ?
Mondialisation et le néolibéralisme
Dans nos discussions, j’entends souvent dire que le phénomène de la mondialisation est un phénomène inévitable. C’est dire à quel point l’idéologie néolibérale est présente, dans les esprits. Soyons clairs, il existe un processus d’internationalisation et d’interdépendance entre les peuples. Ce phénomène est rattaché à l’essor démographique autant qu’au besoin grandissant de nouveaux marchés pour la survie et le développement des entreprises. On pourrait aussi parler de l’internationalisation des rapports de production. Ce qu’on entend par mondialisation, une expression mieux dite en anglais sous le vocable « globalisation », c’est avant tout la domination complète du monde par quelques très grandes puissances industrielles et financières.
Alors que le capitalisme naissant devait sa survie et son essor au resserrement des frontières et à un système douanier protectionniste (c’était la belle époque de l’État-Nation), le marché aujourd’hui n’a plus de frontières. Bien au contraire, l’abolition des frontières, le libre-échange et toutes les mesures servant la domination du marché mondial se rangent au service d’un phénomène qui ne peut se réaliser qu’en écrasant les pouvoirs locaux et en soumettant les marchés et les États nationaux à la loi du profit maximum.
Le processus de mondialisation n’est pas un phénomène inévitable. C’ est le résultat de la manipulation des marchés avec le soutien des grandes institutions mondiales telles que l’OMC (l’Organisation mondiale du commerce), le FMI (Fonds monétaire international), les banques de développement, etc. qui imposent leurs conditions aux pays qu’ils convoitent, substituant au colonialisme traditionnel un néo-colonialisme moderne, plus subtil, mais tout aussi, sinon plus dévastateur.
Au-delà de tout scrupule et de toute morale, le phénomène de mondialisation s’accompagne d’une réelle substitution des tribunaux commerciaux aux tribunaux législatifs. Faut-il rappeler qu’il s’agit ici de tribunaux législatifs d’États indépendants ? Et qu’advient-il aux pays qui refusent de se soumettre à ces nouvelles lois du marché international ? Est-ce un simple fait du hasard qu’en période de crise mondiale l’industrie militaire se porte mieux que jamais ? Poser la question c’est un peu y répondre. Jules Dufour, Président de l’Association canadienne pour les Nations Unis (ACNU) / Section Saguenay-Lac-Saint-Jean et Professeur émérite à l’Université du Québec à Chicoutimi, parle ouvertement du Grand réarmement planétaire.
On est loin de l’article 1 de la Charte des Nations Unies qui plaide en faveur du droit des peuples à l’égalité et pour la paix dans le monde.
Les repères d’une solution démocratique de la question nationale au Québec
Trois questions me viennent à l’esprit en abordant ce thème.
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L’émancipation nationale passe par le contrôle de l’économie.
Si le lien étroit entre la question nationale et la question économique semble assez évident, ce qui l’est moins, ce sont les intérêts économiques propres d’une nation. Pour nos gouvernements, ce qui est bon pour les entreprises est bon pour la nation. Cela devrait sans doute être le cas. Mais dans un système où les intérêts des entreprises sont strictement limités au profit maximum et où n’existe aucun mode de redistribution équitable de la richesse, on peut en douter. La crise financière et économique actuelle devrait nous faire réfléchir. Nous avons donné des milliards et des milliards de dollars aux banques. Et ces dernières, qu’ont-elles fait en retour pour favoriser le soulagement de la crise et le bien-être. Elles ont pris cet argent pour acquérir les institutions les plus faibles et développer encore davantage la concentration du capital. Rien pour les travailleurs et travailleuses, les premières victimes de la crise. Rien pour les plus démuni-e-s qui vivent dans des conditions de crise permanente. Même chose pour les grandes industries. En échange de milliards qu’elles ont reçus des gouvernements, elles exigent de nouvelles concessions des travailleurs et travailleuses et menacent même leurs régimes de retraite.
Comment peut-on encore dire que ce qui est bon pour les entreprises est bon pour la nation ? Parce qu’elles créent la richesse ? C’est une illusion. Ce sont les travailleurs et travailleuses qui créent les richesses des entreprises. Et les gouvernements en rajoutent en détournant une grande partie des revenus produits par les travailleurs et travailleuses vers ces entreprises. Cette question hélas! mérite une réflexion spécifique, un autre débat. Mais déjà on peut mettre un sérieux bémol à l’expression si chère aux politiciens lorsqu’ils parlent de « nos entreprises ».
La réalité c’est que les intérêts économiques de la nation et les intérêts du capitalisme sont totalement divergents. Les intérêts de la nation sont liés à son développement économique, culturel et social. On parle ici de la sécurité d’emploi, d’un système de santé public gratuit et fiable, d’un système d’éducation ouvert et non pas retreint aux besoins exclusifs des grandes entreprises. On parle de l’élimination de la pauvreté et d’un développement qui prend en compte les intérêts des générations futures, la survie de la planète.
L’économie au service de la nation, c’est aussi une économie qui respecte l’égalité entre les peuples et pour qui le processus d’internationalisation des rapports de production se traduit par l’entraide et la solidarité et n’est pas synonyme de domination d’une nation par une autre. C’est une économie de paix qui prône la conversion de l’industrie militaire en industrie civile.
Tandis que pour les gouvernements des 30 dernières années, tant à Québec qu’ à Ottawa, la sacro-sainte politique de privatisation et les coupures salariales ont été les principaux guides de leur action politique. Lorsqu’il fallait éliminer la pauvreté et hausser le salaire minimum pour atteindre un niveau de vie décent, ces gouvernements se sont tous réfugiés derrière l’obsession du déficit zéro. Une obsession qui disparaîtra le jour où ce seront les grandes banques et les grandes entreprises qui viendront quémander l’argent de l’État.
Ainsi, affirmer qu’il faille d’abord réaliser l’indépendance, plaçant cet objectif au niveau d’un principe, pour pouvoir contrôler ensuite son économie, est une grossière illusion. C’est une façon de séparer la question nationale de la question économique. C’est une manière de dire que les grandes entreprises qui appuient le projet indépendantiste sont de dignes représentants du peuple. Une illusion qui a conduit au cul-de-sac dans lequel le gouvernement péquiste a amené le Québec pendant son long règne au pouvoir.
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Celles et ceux qui sont les mieux placé-es pour défendre les intérêts nationaux du Québec.
En se rangeant derrière les grandes entreprises et corporations, voyant dans le libre-échange une porte ouverte pour accentuer le phénomène de la mondialisation et du néolibéralisme au Québec, les dirigeants du Parti québécois qui ont substitué le concept de lucidité à celui de la solidarité du peuple ont littéralement discrédité leur parti en tant que fer de lance des intérêts nationaux du Québec.
Lorsque Jacques Parizeau à la tête du gouvernement et du Parti québécois s’en est pris au vote ethnique pour dénoncer l’échec référendaire de 1995, il illustrait à quel point le nationalisme étroit peut devenir un facteur de division. En établissant les intérêts nationaux à partir de considérations strictement ethniques et culturelles, on demande ni plus ni moins aux travailleurs et travailleuses et à la population d’une langue et d’une culture donnée de se ranger derrière les intérêts du capital national.
Ayant compris que l’essor du capitalisme et celui de la nation sont devenus aujourd’hui, deux phénomènes contradictoires et que le capital national est une expression aussi révolue que le mot race peut l’être, c’est en regardant du côté de ceux et celles qui ont le plus intérêt à se défaire du capitalisme qu’on trouvera les défenseur-e-s les plus conséquents des intérêts nationaux du Québec. Pour cela il faudra ouvrir la porte à la participation du plus grand nombre dans l’élaboration d’une solution à la question nationale. Le mouvement syndicale et les diverses organisations démocratiques de la population devront aussi y trouver leur place.
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La solution à la question nationale doit être unificatrice et démocratique
Le lien entre l’économie et le national ne veut pas dire cependant similitude. Il ne peut être utilisé non plus pour noyer la question nationale dans une solution économique. La question nationale est une question d’ordre politique spécifique, nécessitant une ou des solutions politiques qui lui est propre. C’est dans le choix des solutions et dans la manière de les appliquer que les intérêts économiques de la nation se révéleront.
De ce point de vue, la solution à la question nationale doit passer par un processus démocratique beaucoup plus élaboré et participatif qu’un processus strictement référendaire. Non seulement la population devra-t-elle participer à la décision quant à la ou aux solutions proposées, mais encore devra-t-elle aussi participer à l’élaboration de cette ou de ces questions. Il ne suffit pas de dire, comme aime à le répéter souvent Mme Marois que son projet national est inclusif. Le mot inclusif a un double sens. Il peut tout aussi bien signifier la participation des différentes minorités que leur assimilation pure et simple. C’est un mot qui peut aussi bien sortir de la bouche de Mme Marois que de tous les Jacques Parizeau.
La seule façon de mettre de l’avant une solution politique viable et solidement appuyée par la majorité de la population passe par la formation d’une assemblée constituante élue. Une assemblée conçue de manière à assurer une place importante aux peuples autochtones ainsi qu’une représentation adéquate des différentes communautés et minorités du Québec, y compris la minorité anglophone.
Nous devons distinguer entre le principe du droit à l’autodétermination nationale ( principe de la souveraineté) et la façon dont le peuple voudra que ce principe soit appliqué. Qu’il s’agisse de l’indépendance nationale ou du partage de certains pouvoirs sous forme d’une quelconque association avec le Canada ou tout autre État, ces choix doivent être l’expression d’une volonté librement exprimée par la nation québécoise. Il va sans dire que le principe de la souveraineté comprise comme le droit du Québec à l’autodétermination doit être au coeur du programme de Québec solidaire, tout comme sa volonté de mettre en place une Assemblée constituante représentative, élue.
Mais c’est l’Assemblée constituante qui aura pour mandat d’élaborer et de soumettre aux Québécois et Québécoises une constitution illustrant les grandes orientations économiques et politiques ainsi que le statut national du Québec et son rapport avec les autres États. Une constitution dont l’adoption par voie référendaire par la suite ne posera certainement pas problème. Cela dit, l’Assemblée constituante pourrait devenir une assemblée permanente, toutes les lois devant être adoptées tant par l’Assemblée parlementaire que par l’Assemblée constituante. Ce qui garantirait un développement économique et politique qui réponde aux aspirations du peuple québécois, incluant les différentes minorités et les peuples autochtones du Québec.
La décentralisation ? Mon oeil !
16 avril 2009 – 20 h 04 min
Bon je sais, ce n’est pas le bon thème. En fait, ce n’est pas de décentralisation dont je veux parler, mais de transport en commun. Le rapport ? Jugez–vous même. Peut–être en fait qu’il n’y en a aucun. Je ne pouvais quand même dénigrer le transport en commun dans mon titre. Moi qui ai l’habitude de nourrir mon compost tous les jours, j’encourage les bonnes pratiques écologiques.
J’habite Laval et je donne des cours d’échecs dans les écoles primaires de la région métropolitaine. C’est grand la région : Île Bizard, Pierrefonds, Pointe-Claire, Beaconsfield, Longueuil, centre-ville… Au rythme de deux cours par jours, difficile d’imaginer l’utilisation du transport en commun avec des distances à parcourir variant de 1h30 à 2h00 dans une seule direction. Hélas ! cette semaine fut la semaine de la grande épreuve. Ayant décidé de remiser ma voiture dans le garage afin d’y effectuer des réparations majeures, je me suis donc livré à l’épreuve du transport en commun.
Quelle épreuve en effet !
Par chance avec Internet ce ne sont pas les outils qui manquent pour préparer son trajet. Enfin les satellites Google au service de saines pratiques écolo, me suis-je dit. Toujours est-il que les trois différents trajets qui m’étaient proposés pour cette première journée m’indiquaient le trajet suivant :
– marcher jusqu’au métro Montmorency (14 min), – prendre l’autobus no. 26 jusqu’à l’angle des rues Chomedey et Notre-Dame (8 min) suivi – d’une correspondance avec la 55 pour me rendre boul. Gouin et Laurentien (8 min) – puis une autre correspondance à la ligne 68 jusqu’à Jacques Bizard (37 min) auquel il faut ajouter 18 min d’arrêt au milieu du parcours – et enfin une dernière correspondance au numéro 207 jusqu’à Chèvremont (8 min). – Pour clôturer le tout, une petite marche (10 min.) jusqu’à l’école Jonathan Wilson à l’Île Bizard.
Première erreur : Les satellites Google n’avaient pas prévu que l’obtention d’un passage à la billetterie métropolitaine du métro Montmorency requérait pas moins de 20 minutes d’attente. 20 minutes d’attente ? Que dis-je, la bureaucrate de la billetterie refusant obstinément de me donner la monnaie pour le passage à Montréal insiste pour que je descende jusqu’au niveau métro pour me procurer mon passage. De toute évidence, les mots « Billeterie métropolitaine » qui chapeautent son kiosque n’ont pas le sens que vous pouvez croire.
– Madame, je ne prends pas le métro. Ça fait déjà plus de 20 minutes que j’attends ici alors que mon autobus devrait partir en ce moment. Vous me donnez la monnaie pour l’autobus de Laval et vous voulez que je descende au niveau métro pour mon passage à Montréal ? C’est de la folie pure. Mon autobus va partir, s’il n’est pas déjà parti et je ne pourrai tranférer à Montréal ???
– Monsieur les autobus ne vont pas à Montréal.
Deuxième erreur : Plusieurs autobus de Laval se rendent à Montréal dont la 55 que je devais prendre à l’angle Chomedey et Notre-Dame.
Toujours est-il qu’une fois mon passage pour Montréal en main et rendu sur le quai, j’apprends que l’autobus 26 vient de quitter et que le prochain départ aura lieu dans 45 minutes alors que celui du seul autre bus, le 46, se rendant à l’angle des rues Chomedey et Notre-Dame ne partira lui que dans une heure.
– Bon me dis-je, soyons écolo jusqu’au bout. Un peu de marche ne sera que bon pour ma santé. Du métro Montmorency jusqu’à Chomedey et Notre-Dame ça doit faire environ 2,5 km. Quoiqu’avec mon ordi sur le dos, ma serviette d’école sur l’épaule, ça fait plutôt un long 2,5 km.
Troisième erreur : Je ne sais pas à quel rythme l’autobus 55 circule sur le boul. Chomedey. Peut–être qu’en vérité la bureaucrate de la billetterie avait raison et qu’il n’y a pas d’autobus de Laval se rendant à Montréal. Dans mon cas, après 10 minutes d’attente je décidai de marcher et de traverser le pont Lachappelle jusqu’au boul. Gouin. Après tout, ce n’est qu’un autre 2,5 km.
Seriez-vous surpris d’apprendre que tout au long de mon périple à pied du métro Montmorency à l’angle des boul. Gouin et Laurentien, une distance de 5 km, les seuls autobus portant les numéros 26, 46 et 55 que j’ai croisés, étaient ceux ornant les pancartes sur les arrêts et abribus. Longeant le boul. Curé-labelle à l’entrée du pont Lachapelle, je me demandais justement à quoi pouvait bien servir la voie réservée aux autobus jusqu’à 9h30 du matin, si aucun autobus ne l’utilise. Pour la section réservée à l’autobus 55, je n’en ai vu aucun entre 9h10 et 9h30.
Enfin, me dis-je, dans l’autobus qui m’amenait à l’angle de Gouin et Jacques Bizard, j’aurai au moins fait l’économie d’un transport à Laval (2,60 $). C’était sans compter sur le fait que j’aurai finalement à prendre le taxi pour me rendre en temps à l’école, la 207 ne devant traverser le pont qu’après le début de mes cours. Dix dollars, avec le pourboire.
Mieux sur la Rive-sud ?
Faudrait-il que je vous raconte l’expérience que j’ai vécue le lendemain alors que je me rendais à Longueuil ? Je devrais vous éviter cette autre histoire d’horreur, vous ne me croirez sûrement pas.
Juste pour vous donner une idée quand même. Ayant voulu éviter une attente semblable à celle au métro Montmorency je m’étais pris de la monnaie à l’avance. Oups ! Le passage à Longueil coûte 3,00 $ et non pas 2,60 $. Par chance, j’avais un vieux dix sous dans ma poche gauche qui trainait là par hasard. Pas grave, au moins je sais que l’autobus sur la ligne no. 10 passe dans 5 minutes. 5 minutes ? Comment aurais-je pu savoir que le quai réservé pour la ligne no 10 où j’attendais mon autobus, n’était pas le bon. Et oui, croyez-le ou non, il y avait ce matin-là 2 quais pour la ligne no. 10. Quand un gardien vit mon inquiétude devant le fait qu’il n’y avait ni autobus, ni file d’attente, il m’annonça que la ligne no. 10 était complètement à l’autre bout du terminus, dans la section F. Je n’ai pas pris le temps de lui demander pourquoi à ce quai on annonçait aussi la ligne no. 10, mais un dernier regard rapide me fit réaliser qu’au quai où j’attendais, le prochain bus passait à 14h45 alors qu’il n’était que 11h00. Quelle gestion incroyable !
Bon, mes jambes sont encore assez bonnes semble-t-il puisque j’ai pu attraper le 10 alors qu’il venait de fermer ses portes. Par chance, le chauffeur eut l’instinct de jeter un oeil sur le quai juste avant de partir.
– Vous passez par la rue Maple, lui dis-je en montant ?
– La rue Maple ? Connais pas !
– Pourtant, c’est ce qu’on m’a dit au téléphone rouge. Pour aller sur Maple c’était la 10 ou la 74.
– Non, connais pas.
– Gentilly alors ?
Pour faire une histoire courte, comme on dit communément, je descendis de l’autobus sur la rue Gentilly. Mais il aura fallu un livreur de Saint-Hubert BBQ pour me dire où se trouvait la rue Maple. 8 minutes d’autobus et 40 minutes de marche à nouveau pour découvrir que la 10 passait à l’angle de Rolland Therrien et Frenette, à moins de 500 pas de la rue Maple. Faudra-t-il que les chauffeurs soient munis de GPS maintenant pour aider la clientèle ?
Je suis arrivé à mon cours à 11h50, à l’heure pile où il devait commencer, tout en sueur et convaincu plus que jamais que le système de transport en commun doit être unifié pour couvrir au-delà de Montréal, un territoire d’au moins 30 km.
Cette petite expérience, sur 4 jours, m’aura coûté plus de 70 $ alors qu’avec un plein d’essence à 40 $ je fais 6 jours de transport pour le travail.
Voilà pourquoi j’estime que la décentralisation ici n’a aucun sens. Pensez seulement aux sommes faramineuses perdues dans toute cette bureaucratie, dans les circuits non concordants, dans les papiers de transferts inutiles qui remplissent les poubelles et nos poches. Au temps perdu par chacun à attendre ou à marcher. Pensez surtout à l’effet contre-productif d’un système de transport inadéquat face aux urgences environnementales.
C’est bien à regret que j’éprouvai l’amer plaisir de reprendre ma voiture pour mes déplacements. Moi qui avait l’habitude de vanter notre système de transport en commun… sans vraiment le connaître. Je soulève la question de la décentralisation parce que cette petite expérience m’a permis de constater les inégalités du service et des coûts entre ceux de la ville de Montréal et ceux de la rive-sud et Laval. Une aberration qui découle des choix politiques à Québec dans le domaine du transport public.
Je vous laisse à chacun votre propre petite histoire à faire frémir. Mais de grâce, ne la gardez pas pour vous. Racontez-la. Ça servira peut-être à quelque chose au bout du compte.
L’encerclement, un film audacieux
10 avril 2009 – 12 h 47 min
L’Encerclement, la démocratie dans les rets du néolibéralisme, de Richard Brouillette, est un film que je classerais dans les films osés. D’autant plus que le film a pris naissance dans la tête du réalisateur, à une époque où le modèle de la pensée unique était encore plus répandu qu’aujourd’hui, alors que la crise financière et économique confronte l’humanité à une crise profonde engendrée par le néolibéralisme. Et puis il y eut le 11 septembre qui est venu museler par anticipation toute forme de contestation de la puissante machine néolibérale. Il fallait donc un certain courage pour poursuivre la réalisation d’un film à contre-courant qui aborde le néolibéralisme non seulement du point de vue de la forme et de ses crimes, mais du point de vue de son essence même et des valeurs idéologiques qu’il véhicule.
Quelques rares voix s’élèvent contre ce moule uniforme de la pensée universelle moderne pour nous réapprendre à réfléchir : Ignatio Ramonet, Noam Chomski, Susan Georges, Omar Aktouf, Michel Chossudovsky… Richard Brouillette a rassemblé ces voix dans un excellent documentaire qui dénonce les dogmes les plus chèrement défendus par le néolibéralisme et qui se sont emparés non seulement de la droite, mais aussi des intellectuels auréolés d’une certaine gauche qui se confortent trop souvent à « dénoncer » le capitalisme avec les arguments de leurs adversaires..
Une pensée unique et totalitaire qui s’est substituée à une alternative qu’on dénonçait justement en l’accusant de totalitarisme.
Le film ne traite pas directement des ravages du néolibéralisme ni de ses effets économiques et sociaux désastreux dans le monde. Pas plus qu’il n’aborde les conséquences directes du démembrement des pays socialistes sur l’indépendance des pays en développement. Ironiquement, la pensée qui dénonçait le socialisme pour son manque d’ouverture au bipartisme tout en critiquant paradoxalement, le modèle du bipolarisme dans le monde, a joué un rôle déterminant dans l’apparition d’un modèle peut-être encore plus dangereux, avec des ramifications universelles.
Présenté dans une forme tout aussi audacieuse, l’Encerclement est un film d’entrevues réalisé en noir et blanc et en 16 mm. Les entrevues et leur contenu demeurent haletants et soutenus jusqu’à la fin. Hélas, les objectifs poursuivis par le néolibéralisme nous mènent tout droit, s’ils devaient s’exprimer sous forme de pronostic, à une terrible conclusion. Peut-être cela est-il dû justement au fait que le documentaire ne traite pas des solutions, pour ne pas dire «de la solution». Il nous force néanmoins à y réfléchir.
L’AHQ publie une FAQ sur sa campagne publicitaire
26 février 2009 – 14 h 30 min
Prenant le relais de la British Humanist Association en Angleterre, l’Association humaniste du Québec lance une campagne publicitaire en mars 2009 sur une dizaine d’autobus de la Commission de transport de Montréal.
Cette campagne vise essentiellement à faire reconnaître l’athéisme et les athées comme des citoyens à part entière avec voix au chapitre alors que jusqu’à présent, le débat public se fait essentiellement entre catholiques et tenants des autres croyances religieuses. Selon l’AHQ, les athées ne devraient pas se cacher, au contraire ils devraient être fiers de leur point de vue athée.
Voir la FAQ de l’AHQ.
La souveraineté c’est cela aussi
26 février 2009 – 12 h 22 min
Lors de son récent passage à Laval dans le cadre de sa tournée pré-parlementaire, Amir Khadir, co-porte-parole de Québec solidaire, a rencontré des intervenants pour ainsi dire, acquis à sa cause. Il venait justement leur apporter un espoir que les choses pouvaient changer et que ces changements sont parfois inattendus, qu’un rien peut faire basculer la balance. Après avoir rencontré les représentantes de la Table de concertation lavalloise sur la condition féminine ainsi que la Corporation du développement communautaire en avant-midi, il fit un détour au Cégep Montmorency où il rencontra les dirigeants de l’Association générale des Étudiants avant de s’asseoir avec les représentants du personnel enseignant, affiliés à la FNEQ, CSN.
C’est un accueil chaleureux que le député de Mercier a reçu à Laval. Il en profita pour faire valoir les propositions de sortie de crise préconisées par Québec solidaire, écouter les différentes doléances des intervenants communautaires et syndicaux qui doivent se battre quotidiennement contre les effets de cette crise et la bureaucratie institutionnelle. Dans plusieurs cas, Amir Khadir s’est engagé à défendre les différents dossiers qu’on lui soumettait, notamment celui des enseignants, qui dénoncent la vision de la Commission permanente de l’Éducation de l’Assemblée nationale. Cette Commission estime que la proportion financière devant être affectée à la tâche au sein des institutions collégiales, ne doit pas dépasser un maigre 10%.
Devant des étudiants sceptiques face aux possibilités d’une vraie transformation à gauche, craignant que Québec solidaire finisse par se ramollir comme souvent cela fut le cas des autres forces de changement une fois élues, Amir Khadir a rappelé aux étudiants comment les changements pouvaient parfois se développer rapidement. Se référant aux transformations en cours en Amérique latine et à l’arrivée de Barack Obama aux États-Unis, il a rappelé l’importance de faire converger le sentiment populaire avec la construction d’une véritable alternative politique. Amir Khadir a souligné que la crise économique actuelle avait peut-être ceci de bon qu’elle faisait valoir l’incapacité du système capitaliste de répondre aux besoins de la société et offrait la possibilité de penser à des solutions nouvelles.
Ce faisant, il en a profité pour bien distinguer entre les changements proposés par Québec solidaire et le socialisme traditionnel qui, malgré un système de propriété collective, ne pensait qu’en fonction de la croissance. Il faut aujourd’hui, a rappelé Amir Khadir, entrevoir la propriété collective sous des formes multiples et surtout, soumettre les objectifs de croissance aux impératifs d’un développement durable, écologique.
En conférence de presse, au terme de sa rencontre avec les intervenants locaux, Amir Khadir a dénoncé l’approche du maire Vaillancourt de Laval sur la question du transport en commun, notamment sur la question du pont de la 25 et du train de l’Est. À la veille d’achever son mandat, a souligné Khadir, le maire Vaillancourt devrait réfléchir à l’image qu’il veut laisser à la postérité. L’occasion lui est offerte aujourd’hui de se distinguer comme un maire qui aura vu loin, avec des solutions axées vers l’avenir.
Enfin, Amir Khadir a insisté sur la nécessité pour le Québec d’aller chercher de nouvelles sources de financement à la réalisation des politiques de sorties de crise. Il s’en est pris avec force aux faibles redevances payées par les entreprises qui exploitent nos ressources naturelles. Il a souligné qu’en creusant un peu, les solutions ne manqueront pas. Rappelant son discours du 8 décembre dernier, lorsqu’il fut élu, le co-porte-parole de Québec solidaire, faisant référence à la nécessité de décider de notre gestion économique face au pouvoir des grandes corporations et entreprises a dit « La souveraineté c’est cela aussi ».
En marge de ces rencontres, M. Michel Thibeault, Secrétaire général du Conseil régional de la FTQ du Montréal métropolitain a souligné son intérêt pour organiser une rencontre entre M. Khadir et les intervenants locaux de la FTQ pour les régions de la Rive-Sud, Montréal et Laval, possiblement en avril.
TQS n’améliore pas son image
26 février 2009 – 11 h 50 min
Après avoir bravé la règlementation du CRTC (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes), mis ses journalistes à la porte et affirmé qu’il voulait faire de la télévision autrement, voilà que TQS (Télévision quatre saisons) nous amène Mario Dumont, non seulement comme animateur, mais aussi comme conseiller stratégique.
Malgré toutes les affirmations que Mario Dumont représentait le changement et de nouvelles idées à l’Assemblée nationale, la réalité a démontré au contraire qu’en aucun cas, le chef partant de l’ADQ (Action démocratique du Québec), n’a jamais véritablement apporté des idées nouvelles à l’Assemblée nationale. Au contraire, il a plutôt ramené sur le tapis les anciennes idées de la droite conservatrice opposée à toute forme d’intervention de l’État dans l’économie. Mario Dumont et ses partisans ont eu beau dénoncer avec véhémence les dérives de la Caisse de dépôt lors des dernières élections, ce sont précisément ces idées néolibérales qui sont à la base de la crise financière et économique actuelle et qui exprime on ne peut mieux, l’incapacité du système capitaliste à répondre aux besoins de la société par un développement économique harmonieux et écologique.
Des idées évidemment qui ne peuvent que réconforter les propriétaires de TQS qui considèrent que la télévision publique n’a de compte à rendre qu’aux investisseurs. Alors que Stéphane Gendron s’est cassé les reins en faisant de la télévision populiste de droite et lorgne maintenant vers l’ADQ, Mario Dumont, qui s’est cassé les reins avec des politiques populistes conservatrices, a décidé de refaire l’image de la télévision.
Tout un défi que de faire du neuf avec du vieux ! Hélas le recyclage est fondamentalement un concept qui s’apparente avec le progrès, non pas un retour en arrière.
Le tour de passe-passe d’Ignatieff
12 décembre 2008 – 9 h 42 min
Tout un tour de passe d’Ignatieff à Bob Ray. La coalition Libéral-NPD appuyée par le Bloc québécois à Ottawa a forcé les Libéraux à accélérer le remplacement de Stéphane Dion par un nouveau chef plus crédible. Et maintenant que Bob Rae, qui tenait mordicus à cette coalition lui aussi, a accepté de céder sa place à Michael Ignatieff, son ami, voilà que ce dernier jongle maintenant avec l’idée de maintenir ou pas la coalition. Avec de tels amis, comme dit la formule, on n’a pas besoin d’ennemis.
Ignatieff qui, il y a à peine deux semaines réclamait de diriger le Parti libéral pour donner son appui à la coalition Libéral-NPD, lie désormais sa position à la présentation du prochain budget conservateur. Lorsqu’on entend Denis Coderre répéter à peu près les mêmes propos dans les jours suivants, on comprend qu’il ne s’agit pas seulement de la position de leur chef. Le Parti libéral est tout simplement en train de changer de cap.
Se présentant publiquement comme un homme de centre gauche, Michael Ignatieff nous montre aujourd’hui qu’il doit sa nomination à la tête du Parti libéral, à l’aile droite du PLC et aux pressions des grandes corporations et du monde de la finance.