Claude Demers
l'auteur de ce blogue. Retraité et professeur d'échecs à temps partiel.
Selon Serge Fortin, vice-président de TVA nouvelles, TVA s’est retirée de la diffusion du débat des chefs le 19 août parce qu’en organisant ses propres débats et en excluant Québec solidaire, cela permettrait d’approfondir la discussion entre les trois chefs.
Mais après la performance remarquée de Françoise David lors du débat diffusé sur les ondes de Télé-Québec et Radio-Canada, il nous est permis de comprendre un peu mieux les véritables motifs de TVA/Quebecor. On le sait depuis toujours, les débats à deux têtes d’affiche qui surfent sur les bases de la même démagogie traditionnelle pour exclure toute véritable alternative de la discussion, ne sont pas particulièrement propices à des discussions en profondeur. Bien au contraire, Françoise David l’a bien illustrée hier soir en s’exaspérant de la tentative des trois chefs pour réduire le vaste problème de la Santé au Québec à une discussion sans fin sur le nombre de médecins nécessaires pour garantir une médecine familiale. Plus encore, la question de l’environnement était exclue du débat. Françoise David l’y a introduite. La question des frais de scolarité y était aussi exclue. Françoise David l’y a introduite.
Comme elle l’a expliqué avec brio dans son introduction, par sa présence au débat des chefs, Françoise David donnait une voix aux travailleurs, aux femmes, aux jeunes et à cette grande majorité des oubliés du pouvoir pour qui les partis prétendent toujours gouverner.
Françoise David fut la première à parler de souveraineté. Mais une souveraineté qui s’exprimerait dans le cadre d’un référendum sur une constitution proposée par une assemblée constituante élue. Une constitution avec des balises démocratiques réaffirmant la place des services publics et des droits sociaux et démocratiques.
En somme, l’impact de Françoise David lors du débat des chefs émanait du fait qu’elle représentait précisément les idées d’un peuple que l’Establishment politique du Québec (François Legault et la CAQ y compris) tente par tous les moyens de mettre de côté. En sortant le rapport Moisan des tiroirs (Jean Charest), en forçant François Legault à admettre que lorsqu’au PQ il n’avait pas eu vent de financement illégal (Pauline Marois) ou en comparant toute forme d’association syndicale à la plus grande hérésie de l’histoire (François Legault), tous les trois, sans exception, cherchent à camoufler le fait qu’ils veulent gouverner pour le monde de la finance et des corporations et imposer leur vision néolibérale. Une politique qui va de pair avec des moeurs antidémocratique comme Quebecor média en a besoin pour faire rouler ses business et son « agenda » monopoliste. Françoise David et Québec solidaire n’acceptent pas cette manipulation des idées. Amhir Khadir nous l’avait déjà démontré alors qu’il fut le seul député de l’Assemblée nationale à se tenir debout devant les magouilles de Pierre-Karl Péladeau et Quebecor avec le maire Labeaulme de Québec. Magouilles avalisées par le Parti québécois de Pauline Marois, par le parti libéral de Jean Charest et l’Action démocratique de Gérard Deltel (devenue depuis la CAQ de François Legault).
Voilà pourquoi TVA a décidé d’exclure Françoise David du débat des chefs. C’est une femme libre, qui dit haut et fort la vérité, qui exprime clairement les intérêts d’un peuple désabusé et qui somme toute, ne cadre pas dans la « convergence » de Quebecor média.
Au débat des chefs, Françoise David devra avoir plus de mordant!
Le dernier sondage de La Presse illustre le fait que le débat des chefs sera particulièrement important dans la présente campagne électorale. Québec solidaire en entier doit bien véhiculer l’idée qu’au-delà de l’image d’une lutte à quatre ou cinq, c’est en réalité une lutte à deux qui se joue dans cette campagne. Une lutte entre Le PLQ, Le PQ et la CAQ d’un côté, qui fondamentalement défendent et jouent le rôle de la haute finance et des corporations quant au développement économique et de l’autre, Québec solidaire qui s’attaque de front aux tendances néolibérales du pouvoir.
Hier à Radio-Canada, Gérard Fillion demandait à Françoise David quand le cinq milliards d’investissements dans la nationalisation des ressources énergétiques sera rentable pour le Québec. Fillion voulait un chiffre précis en nombre d’années. C’est une erreur d’évaluer ainsi le concept de rentabilité. Surtout pour le parti qui venait tout juste d’expliquer pourquoi il ne considérait pas la croissance économique comme un objectif en soi. En réalité les investissements du Québec dans les ressources énergétiques sont rentables dès le départ. Au moment même où cela permet au gouvernement de planifier le développement en fonction des besoins économiques réels du Québec et de sa population et non plus pour le profit des grandes corporations.
Au sous-entendu que les riches pourraient quitter le Québec, la population sait très bien (et Québec solidaire devrait le savoir aussi) que personne ne pourra apporter hors du Québec nos ressources et nos richesses naturelles. Ce leurre médiatique ne passe pas la rampe. Il faut le dire et le répéter.
À la question du public retenue par Radio-Canada voulant que le programme de Québec solidaire soit utopique dans le contexte mondial où l’économie est en crise partout, suffit-il de dire que le programme est jouable et qu’il faille un début quelque part ? La réalité c’est que la crise est née justement d’une politique orientée vers les intérêts du capital, d’une économie casino et des profits outranciers des grandes corporations financières et industrielles. Tout le programme de Québec solidaire s’attaque de front à ce genre de développement en y opposant des mesures qui vont justement redonner un pouvoir d’achat à la population et relancer son économie. L’utopie c’est dans l’économie casino qu’elle réside et c’est pourquoi entre autres, elle est en crise.
Le programme de Québec solidaire est différent. Il faut débattre différemment.
Québec solidaire présente son programme économique dans le cadre de la campagne électorale du 4 septembre prochain. Hausse du salaire minimum à 11,72$ l’heure, revenu annuel garanti de 12 000 $ pour les personnes de 18 ans et plus, révision du système de taxation sur les revenus avec baisse des impôts pour les revenus de 40 000 $ et moins et hausse des impôts pour les revenus au delà de 100 000 $, nationalisation des ressources stratégiques, protection des droits des travailleurs…
Il s’agit du seul programme économique ouvertement déclaré en faveur des travailleurs et des couches populaires et non lié aux intérêts des grandes corporations financières et industrielles.
Vous trouverez ces mesures énoncées sur le blogue de Gérard Fillion, Radio-canada.
Des différences tactiques ou presque
Au onzième jour de la campagne électorale et une semaine avant le débat des chefs, les médias s’emballent autour d’une certaine effervescence crée par l’élan donné aux élections par les soi-disant bons coups de la Coalition Avenir Québec, notamment la présentation de deux candidatures de poids, Gaétan Barette et surtout Jacques Duchesneau. Les analystes font aussi l’éloge de la tactique employée par les Libéraux et les Caquistes qui annoncent à tous les jours des promesses bombons fondées sur du populisme de droite à la Duplessis. Cent dollars pour les livres scolaires, de l’argent pour changer les fenêtres de votre maison, un médecin pour tous d’ici un an etc… On reproche au Parti québécois un programme électoral plus abstrait : assainissement du financement des partis politiques, mesures de relance économique, rapatriement du programme d’assurance-emploi et révision de la mission de la Caisse de dépôt.
Déjà avant le déclenchement des élections la ressemblance étroite entre le Parti de Jean Charest et celui de François Legault s’était révélée par leur approche commune à l’égard du conflit étudiant et de la Loi 12 (anciennement projet de loi 78). Partisans tous les deux de la loi et l’ordre, le PLQ et la CAQ se sont toujours illustrés par leur anti-syndicalisme acharné et leur liaison étroite avec les grandes corporations et leurs têtes dirigeantes, en particulier Paul Desmarais et Charles Sirois. Ces derniers flirtant autant avec l’un et l’autre, démontrent qu’en tout temps la CAQ fut mise sur pied comme moyen de rechange à un parti libéral fortement discrédité dans l’opinion publique. Un moyen de rechange mais pas de changement comme le veut le slogan de la CAQ, puisqu’en réalité les changements proposés ne visent qu’à réaliser un coup de barre encore plus agressivement à droite, plus décidé à briser les acquis sociaux et démocratiques du Québec. Ainsi le veut la grande bourgeoisie et ses corporations qui tirent les ficelles des deux partis.
Les différences d’approche dans la campagne électorale entre la CAQ et le PLQ d’un côté et le PQ de l’autre ne sont toutefois pas, comme le laissent entendre les médias, que des différences tactiques et de communication. Les mesures préconisées par le PQ s’adressent essentiellement à la petite bourgeoisie québécoise que ce dernier représente depuis le tout début de sa création. C’est à elle que s’adressent principalement les ambitions d’un plus grand contrôle sur la Caisse de dépôt. Il ne serait d’ailleurs pas surprenant que Michael Sabia, actuel dirigeant de la Caisse, un autre invité de Sagard et proche collaborateur du gouvernement fédéral alors qu’il était à la tête de Bell Canada, soit une des premières victimes d’un futur gouvernement péquiste.
Toujours est-il qu’un gouvernement péquiste, caquiste ou libéral, qu’il représente les intérêts de la grande bourgeoisie et des grandes corporations financières et industrielles ou qu’il serve de tremplin pour donner plus de place à la petite bourgeoisie québécoise au sein de l’establishment économique, ne sera toujours en bout de ligne, qu’un gouvernement au service des entreprises et des grandes corporations. Celles qui décideront des politiques du gouvernement.
La trêve en question
L’immense prise de conscience sociale et économique qu’a fait naître au Québec le mouvement étudiant et surtout sa forte résistance aux politiques du gouvernement Charest fut le principal obstacle à la réalisation tout azymut de l’agenda néolibéral au Québec. Bien qu’il n’ait s’agit que d’une action de résistance, ce mouvement a mis en lumière le fait que cet agenda visait à réduire par tous les moyens possibles, y compris par la récupération via les coupures et les frais de services, dont les frais à l’éducation, la valeur de la force de travail. En d’autres mots, après avoir gelé et même coupé les salaires, après l’adoption d’un programme de dilapidation des ressources naturelles, après lui avoir offert des exemptions d’impôts de toutes sortes, après avoir trempé dans les plus basses magouilles de la corruption, c’est jusque dans les fonds de tiroir des travailleurs et de la population en général, ce qu’on appelle les 99%, qu’on va chercher l’argent pour engraisser encore davantage les profits et la richesse de l’establishment économique.
La prise de conscience de cette réalité fait en sorte qu’il devient de plus en plus difficile de tromper la population. D’où le rejet du gouvernement Charest au sein de la population et la nécessité pour la grande bourgeoisie de se trouver un nouveau cheval de bataille. Il n’en demeure pas moins que son substitut, la CAQ, n’arrive pas à se distinguer de l’original.
C’est ici que le Parti québécois entre en scène. Par ses liens plus étroits avec la population (petites entreprises, professionnels, socio-démocrates et tous ces secteurs qui réclament un changement, mais sans trop de turbulence), le PQ appelle au vote dit stratégique misant sur le large consensus établi dans la population, à l’effet qu’il faut battre Jean Charest à tout pris. C’est encore ici qu’il faut comprendre que le Parti québécois ne ressent pas la nécessité de faire valoir haut et fort un programme politique alternatif. Au contraire, le PQ sera même perçu par l’establishment comme plus crédible pour faire accepter par la population ce que la droite avouée n’arrive plus à faire passer. Faites l’équation et vous comprendrez alors pourquoi Mme Marois, malgré le port du carré rouge avant le déclenchement des élections, affichait tant de réticence à se prononcer sur l’enjeu des frais de scolarité et pourquoi aujourd’hui elle réclame une trêve de la part des étudiants affirmant qu’elle veut s’attaquer aux principes démocratiques qui régissent les associations étudiantes.
François Legault, Bernard Landry, Lucien Bouchard, Jacques Parizeau étaient tous des leaders du Parti québécois. Et tous appuyaient et appuient toujours le néolibéralisme et le gène capitaliste qui le nourrit. Tout comme Pauline Marois. Les apparents déchirements de cette dernière face aux enjeux sociaux et économiques ne traduisent que la contradiction entre les intérêts économiques non-avoués qu’elle met de l’avant et ceux des victimes de ces politiques qu’elle prétend défendre. Le vote utilitaire qu’elle réclame n’est stratégique que pour le Parti québécois. Pour la population, c’est un mythe.
La réalité est que la seule véritable force de changement dans ces élections est Québec solidaire. N’en déplaise à certains leaders étudiants qui ont aussi le droit de se bercer d’illusions devant une situation politique complexe et pas toujours évidente, l’affrontement avec le pouvoir ne peut échapper à la politique. Un vote stratégique authentique c’est celui qui contribue à transformer cette formidable prise de conscience sociale que le mouvement étudiant a contribué à créer, en conscience politique. Québec solidaire est un parti populaire qui regroupe cette frange de la population (jeunes, femmes, travailleurs et intellectuels), la plus désillusionnée et la plus consciente de la nécessité de bloquer les politiques néolibérales. Dans les circonstances, un vote gagnant n’est pas un vote pour le parti qui remportera le scrutin le 4 septembre prochain avec des politiques que l’on combat aujourd’hui et qu’on devra à nouveau combattre demain. Un vote gagnant c’est un vote pour un parti qui défend les intérêts du peuple et pour qui la souveraineté passe par le rejet du néolibéralisme. C’est un vote qui fera avancer la lutte contre ce même néolibéralisme.
Dans le cadre d’une tournée au Québec le 4 juillet prochain, Michel Collon et Michel Chossudovsky donneront une conférence au Centre St-Pierre, à Montréal sur le thème: Les enjeux de la crise mondiale : Austérité, guerres, violence et mensonges. À ne pas manquer.
Sur le thème « Rencontre du savoir » Michel Chossudovsky sera aussi modérateur et conférencier d’une rencontre qui aura lieu à la Bibliothèque nationale du Québec le 6 et 7 juillet prochain. Participeront à la rencontre en tant que conférencier : Michel Collon, Pascual Serrano, Carlos Taibo, Theotonio Dos Santo, Micol Savia, Arleen Rodriguez et Jorge Valero. La rencontre est parrainé par la République bolivarienne du Venezuela au Canada
Michel David du journal Le Devoir affirmait à C’est bien meilleur le matin, en parlant de l’arrestation d’Amir Khadir lors d’une manifestation pacifique à Québec, que ce dernier cherchait depuis longtemps à se faire arrêter par la police. Dans les secondes précédentes, Radio-Canada venait d’annoncer une perquisition à la maison d’Amir Khadir et l’arrestation de sa fille Yalda, les commentateurs liant cette arrestation à l’enquête sur des troubles survenus récemment dans le métro de Montréal. Tournez l’équation dans tous les sens, le résultat sera toujours le même. Khadir encourage la violence. Il est contre la démocratie. Khadir représente Québec-Solidaire. Il faut rejeter ce parti.
Exagération? Attendez voir. L’enquête de Yalda Machouf Khadir prendra des mois. Il y a de fortes chances qu’elle se déroule juste avant et pendant les prochaines élections provinciales. Des élections qui tout récemment encore étaient perçues comme un baromètre de la condamnation populaire du gouvernement Charest et de la corruption inégalée du pouvoir où se mêlent enveloppes brunes et favoritisme politique.
On ne le dira jamais assez. Le système a des ressources inouïes pour se sortir et récupérer la situation après les pires crises politiques. Les frameup et la diabolisation sont ses armes préférées. Qu’on se souvienne de Tim Buck, l’ancien leader communiste du temps de la Grande Dépression qui fut condamnée pour sédition avant qu’une immense campagne pour les libertés civiles force sa libération. Il aura quand même fait 2 ans d’emprisonnement au cours desquels on tenta de l’assassiner à l’intérieur même de sa cellule. Au moment de son procès la police détenait l’équivalent d’une encyclopédie complète d’informations sur Tim Buck, la plupart faites d’insinuations fabriquées en vue de le diaboliser, de justifier un long procès et de le culpabiliser devant l’opinion publique. Illustrant les liens étroits entre la police et le politique, ces manœuvres étaient la façon que le gouvernement conservateur de Richard Bedford Bennett avait trouvé pour détourner l’attention de la crise économique et mettre en garde contre toute tentative populaire d’opter pour une solution démocratique et de gauche devant la crise profonde.
L’évocation démagogique par Jean Charest de soi-disant menaces contre la Formule 1 ne vise qu’à accréditer la thèse selon laquelle la fille du député Khadir se préparait à participer à un attentat. Ce qui ne peut manquer de faire un effet considérable sur la population.
Théorie du complot diront certains. Mais personne ne pourra nier que pendant ce temps, la ministre de l’Éducation Michelle Courchesne, qui vient d’être éclaboussée de nouveau pour corruption par le Vérificateur général et le premier ministre Jean Charest dont le gouvernement est littéralement en train de spolier le Québec au profit des grandes corporations industrielles et financières, pourront continuer leurs basses manœuvres politiques en vue de créer un rapport de force favorable au Parti libéral du Québec tout en empêchant qu’une des plus grandes prise de conscience sociale que le Québec ait connue dans son histoire se transforme en réelle prise de conscience politique. Tout comme l’avait fait en son temps au Canada R. B. Bennett, l’objectif est d’empêcher la population à la veille d’importantes élections provinciales, de faire un choix sain et éclairé en faveur d’une transformation politique majeure au Québec.
Les représentants du mouvement étudiant québécois se sont présentés à la négociation avec le gouvernement Charest lundi, décidés à traiter deux questions majeures : La hausse des frais de scolarité et la Loi spéciale 78 adoptée en vue de réprimer ce même mouvement.
Avec des propos rassurants la ministre Courchesne avouait d’emblée qu’aucune question ne serait exclue des discussions.
Mais lorsque la question de la Loi spéciale fut mise sur le tapis il apparaît évident que les négociateurs gouvernementaux ont convaincu les étudiants qu’elle serait placée après la discussion jugée par eux comme prioritaire. En effet on peut imaginer qu’il fut facile à Mme Courchesne de faire accepter l’idée que cette question serait résolue d’elle-même après une entente négociée.
Ce que n’avait pas prévue les étudiants encore une fois, c’est que le gouvernement, fidèle à sa ligne de conduite depuis le tout début du conflit, n’avait aucune intention de négocier une véritable concession sur les frais de scolarité… gardant ainsi dans sa poche l’infâme Loi 78, sachant qu’il allait mettre un terme aux négociations avant-même que ce sujet soit traité dans le cas d’une position ferme des étudiants.
Un tour de passe passe joué aux étudiants qui vont négocier en toute sincérité, plein de candeur et d’espoir, par un vieux routier plein de calculs et de magouilles politiques et pour qui l’essentiel ne sera jamais les droits fondamentaux ni les droits sociaux mais ses basses manoeuvres électoralistes.
Un profond dégout, en particulier pour la politique. Voilà ce que doit ressentir la jeunesse québécoise ce soir alors que le gouvernement n’a pas tenu sa parole et a mis un terme unilatéral aux négociations avec les étudiants.
L’article 40 de la Charte des droits et libertés prévoit que » Toute personne a droit, dans la mesure et suivant les normes prévues par la loi, à l’instruction publique… – 1975, c. 6, a. 40. » L’article se termine par le mot « gratuite » que je n’ai pas inclus dans la citation car ce n’est pas l’objet de ce billet. Je ne m’arrêterai ici que sur le principe du « droit à l’éducation » car c’est de ce droit dont il est question lorsque les juges pervertis, chacun à leur tour, accordent des injonctions pour briser l’actuel mouvement de grève des étudiants au Québec.
À cet article s’ajoute l’article no. 3 qui affirme : » Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association.
1975, c. 6, a. 3. »
Professeur titulaire à la Faculté de droit à l’Université Laval, Christian Brunelle écrivait un excellent article récemment démontrant comment les injonctions en série contre les étudiants constituaient une perversion du droit fondamental au profit du droit contractuel (et commercial). Le droit d’association et de représentation collective d’un groupe de personnes est un droit fondamental. Lorsque Jean Charest et Line Beauchamp affirment que les étudiants en grève ne représentent pas la majorité qui elle, a décidé de poursuivre ses études, tous les deux nient les principes et la mécanique de la démocratie. D’ailleurs si on suivait leur raisonnement, le gouvernement Charest lui-même qui s’est fait élire avec un pourcentage de 42% à l’intérieur d’un taux de participation de 57%, serait illégitime.
En opposant le droit contractuel individuel (pour le gouvernement l’accessibilité n’a rien à voir avec les principes de la Charte des droits mais se résume au droit d’ouvrir une porte de collège) au droit fondamental (qui concerne les politiques d’accès à l’éducation), ce n’est pas qu’au droit d’association que les juges s’attaquent. Ils s’en prennent aussi au droit fondamental à l’instruction publique qui est au coeur des revendications étudiantes et non par la hausse des frais de scolarité qui entraînera nécessairement plus de sélection et de discrimination sur la base de la capacité de payer.
Une question de volonté politique
En cherchant à dépolitiser le conflit étudiant par des injonctions sans limites, le gouvernement ne fait que poursuivre son idéologie néolibérale dont l’objectif ultime est de soustraire les grands choix politiques de la société à la population pour les soumettre aux besoins de la finance et des grandes corporations.
Est-ce à dire que la lutte étudiante est perdue d’avance. La victoire partielle du mouvement étudiant chilien dont le conflit dure depuis plus d’un an, nous dit le contraire. Le gouvernement chilien vient de retirer le financement des études des mains des grandes banques. Il prendra directement à sa charge ce financement tout en haussant les impôts des grandes corporations pour y arriver.
Jean Garon, ancien ministre de l’Éducation au Québec publiait lui aussi son opinion sur la manière dont il s’est pris par le passé pour maintenir le gel des frais de scolarité. Dans son analyse , Jean Garon démontre que non seulement le gel des frais de scolarité est toujours possible mais qu’éventuellement on devrait arriver à la gratuité de l’enseignement. Tout est une question de choix et de volonté politique.
Après avoir perdu sa retraite pour laquelle il avait cotisé durant plus de 35 ans, un pharmacien a choisi de s’enlever la vie devant le Parlement d’Athènes plutôt que de faire les poubelles pour survivre. Avant de mourir il a laissé cette lettre dans laquelle il affirme son appui au soulèvement du peuple grec, appuyant l’idée même de la lutte armée !