Chansons de Pierrot Pierre Rochette

Y A DES FOIS J’ME DIS

COUPLET 1
y a des fois j’me dis
qu’ça pas d’bon sens
d’vagabonder à 60 ans
de marcher dans l’noir avec ma guitare

ma poésie de gare en gare
quand j’rentre d’une église
ou y a des pauvres
qui dorment s’un banc

pis un joueur de piano
qui fait exploser l’mauvais temps
ca m’prend juste un mauvais café
pour me remettre à chanter

REFRAIN
si y a un Dieu dans le ciel
dessine un arc-en ciel
entre les couleurs des toilettes
des douches pis des poubelles

ben lavés des tous nus
quand ça vit pu dans rue
ça fait des anges de plus
avec des ailes au dessus

COUPLET 2
le joueur de piano
improvise toute la nuit
ca doit être ça
rêver du paradis

quand y a pris un break
y a un crotté comme moé
qui m’a crie please oh please
play a song from your guitar body

au milieu d’l’église
avec des pauvres
assis su l’banc
j’ai vu des casquettes tomber

des têtes pendant mon chant
la langue française
parfois ça r’ssemble
à des prières d’enfant

COUPLET 3
le long d’ma route
j’ai reçu tellement
de gestes de bonté
que ça m’déroute

j’ai tellement appris
des plus pauvres que moé
qui m’arrive d’avoir honte
de les quitter

j’peux pas croire
qu’une vieille église
perdue que’k part
dans l’noir

un pianiste des vieilles casquettes
un mauvais café noir m’ont donné la fierté
de chanter la gang de pauvres
qui ont pris soin de moé un soir

Pierrot
vagabond céleste

Chansons de Pierrot Pierre Rochette

LA FEMME AU CHAR DANS L’NOIR

COUPLET 1
on s’est r’trouvés tout seuls
un soir dans forêt
à dormir dans ton char
dans l’noir en secret

toute habillée désespérée
le coeur en mille morceaux brisés
t’as eu besoin d’mes bras
rien qu’de mes bras

COUPLET 2
tu m’avais ramassé sa route
malgré tes doutes
tu m’as dit qu’c’est en voyant ma guitare
qu’t’as eu confiance en mon regard

comme tu pleurais tous tes secrets
le coeur brisé par un décès
t’as eu besoin d’mon âme
rien qu’de mon âme

COUPLET 3
y avait tellement pas d’place
dans l’char entre les deux bords
que t’as dormi la tête contre mon ventre
mains agrippées autour d’ma jambe

tu respirais comme UNE enfant
qui crie papa j’ai mal en dedans
t’as eu besoin d’mes ailes
rien qu’de mes ailes

COUPLET 4
mes doigts dans tes cheveux disaient
oh sois bénie amie
j’ai pas eu d’femme entre mes deux bras
depuis deux ans et demie, amie

pour toutes celles que j’ai mal aimées
que j’ai souvent abandonnées
j’ai eu besoin d’tes larmes
rien qu’de la beauté d’tes larmes

COUPLET 5
ca s’est passé le 8 juillet 2008 pas loin d’la mer
à Natasquan entre les tentes
dans un camping inou completement désert
que ma chanson chante le mystere

d’un homme et d’une femme sur cette terre
qu’y ont eu besoin d’leurs peines
rien qu’de leurs peines
en dessous dl’leur chair humaine

Pierrot
vagabond céleste

Brèves

Un député britannique interdit de séjour au Canada

Le député britannique George Galloway interdit de séjour au Canada : « Disgracieux et inacceptable »,
Françoise David – le 23 mars 2009

Montréal, le 23 mars 2009 –

L’interdiction de séjour décrétée par l’Agence de sécurité frontalière du Canada envers le député britannique George Galloway est un geste « disgracieux et politiquement inacceptable », a affirmé la porte-parole de Québec solidaire Françoise David.

« Il s’agit d’un cas patent de censure de la part du gouvernement Harper, qui n’apprécie manifestement pas les opinions exprimées par le député contre le déploiement de l’OTAN en Afghanistan.  Laissons les Canadiens et
les Québécois juger par eux-mêmes des opinions de M. Galloway plutôt que de le censurer », a ajouté Françoise David.

Par ailleurs, le député de Mercier Amir Khadir a adressé une lettre au ministre de l’Immigration Jason Kenny pour demander à celui-ci reconsidérer sa position et de garantir la libre entrée de M. Galloway au Canada.

Chansons de Pierrot Pierre Rochette

VAGABONDER LA VIE

COUPLET 1
j’ai chanté
en marchant sous la pluie
on aurait dit des larmes
de joie du ciel

qui tombaient
le long de mes cheveux gris
comme pour me donner
des nouvelles

on est une gang en haut
qui trouve ça beau
mais parfois on s’ennuie
d’vagabonder la vie

REFRAIN
un peu d’gruau
d’ans poches
pas d’sac à dos
lourd comme une roche

rien qu’ma guitare
parce qu’une chanson
ça fait pleurer les murs
dans une maison

les chaises berçantes
frileuses dans un salon
les humains autour d’une table de cuisine
qui soudain de fraîcheur s’illuminent

COUPLET 2
j’ai marché
les étoiles dans la nuit
on aurait dit des lampadaires
au-dessus d’ma vie

qui lèchaient
mes vieux souliers troués
comme s’y voulaient
m’jaser

on est une gang en haut
qui trouve ça beau
mais parfois on s’ennuie
d’vagabonder la vie

COUPLET 3
j’ai dormi en p’tit bonhomme
mon homme
sous le chaud soleil
du midi

qui m’a parle
des étoiles et de la pluie
de ma guitare
et de mes vieux amis

on est une gang en haut
qui trouve ça beau…
que ton rêve soit béni,
ami, d’vagabonder la vie

Pierrot
vagabond céleste

Chansons de Pierrot

CHANSON POUR MA GUITARE

COUPLET 1
durant une grosse semaine
j’ai laissé ma guitare toute seule
d’une chambre à 4
à  l’armée du salut

j’voulais d’la légèreté
ressentir mes mains nues
en marchant des centaines
de coins de rue

j’me disais veux-tu ben m’dire
à quoi ça sert de chanter en français
quand tout autour de toé
le monde ça parle en anglais

REFRAIN
on est fragile dans vie
quand on est loin
de sa meilleure amie

fragile dans vie
même si l’hiver à Toronto
c’est si joli

COUPLET 2
à matin les gardiens d’sécurité
du centre Eaton de Toronto
m’ont vu chanter

y devait être 7 heures – quart.
Ma guitare me traversait l’corps
j’avais les yeux fermés

j’ai r’cu tellement de good morning
comme si les anglais
s’étaient ennuyés

de ma guitare pis moé
de ma guitare pis moé
ou peut être juste de ma guitare comme moé

COUPLET 3
midi et quart 8 ème étage
du magasin la Baie
assis à une table
d’un restaurant vitré

j’joue d’la guitare
en face d’un édifice
avec une grosse horloge
qui m’donne la soif de vagabonder

y a tellement d’soleil s’es aiguilles
qui fait que tout c’que j’vois
c’est la beauté d’la mer
les plages de Vancouver

ma guitare pis moé pour le prochain hiver

Pierrot
vagabond céleste

Dans les médias

Marx toujours d’actualité !

À vos Marx… Prêts ? Critiquez !
Crise mondiale, capitalistes financiers ultra-véreux, paupérisation généralisée : la conjoncture favorise le regain des études d’inspiration marxiste
Stéphane Baillargeon
Le Devoir
samedi 14 mars 2009



Un spectre hante le monde : celui du marxisme. Un fantôme renouvelé, revu, corrigé, amélioré, mais toujours aussi formidablement puissant pour critiquer le monde tel qu’il va.

Les signes s’accumulent, petits et grands, majeurs ou insignifiants, notamment du côté de l’édition. Le Capital de Karl Marx vient de paraître en manga de poche au prix d’une tasse de café chez l’éditeur nippon East Press, spécialisé dans l’adaptation en bédé des grands classiques littéraires. Le dossier central du tout dernier numéro de Philosophie Magazine demande : « Comment peut-on être anti-capitaliste ? ».

En français, Actuel Marx constitue à lui seul une galaxie du renouveau des études. C’est à la fois le nom d’une revue (publiée aux PUF), une collection, un lieu de colloques et de rencontres, une équipe de recherches, un site ouvert à des discussions permanentes, une publication en ligne et un réseau de liens internationaux. L’éditeur québécois Lux prépare une traduction du maître ouvrage de la Canadienne Ellen Meiksins Wood Les Origines du capitalisme. Nota Bene lancera bientôt un Marx philosophe.

« Il y a un regain des études sur Marx en ce moment », juge la Française Isabelle Garo, codirectrice de la Grande Édition Marx-Engels (GEME), un vaste chantier des oeuvres complètes en français qui vient de faire paraître son premier volume. Une preuve de plus de la renaissance. « C’est très net dans le contexte de la crise d’aujourd’hui, mais c’était déjà visible auparavant avec la libération des pesanteurs du passé. »

Comment pourrait-il en être autrement ? Pas même besoin d’être néomarxiste pour savoir que le capitalisme va mal. Avec cette crise mondiale qui consomme les caisses de retraite comme les maisons familiales. Avec ces gestionnaires ultra-véreux engraissés par des primes mirobolantes pour de très, très mauvais services rendus. Avec cette immonde marchandisation du monde qui transforme tout en pertes et profits, y compris la culture, l’amour et les enfants.

Un système-monde

À tout coup, Karl Marx (mort en 1885) et sa descendance la plus noble proposent des clés, éclairent des pistes, débouchent sur des conclusions heuristiquement surpuissantes.

« Pour comprendre Marx aujourd’hui, il est fondamental de se détacher des charges idéologiques qui pèsent sur son oeuvre, dit François L’Italien, doctorant en sociologie de l’Université Laval. Pour le comprendre, il faut aussi se dire que, pour lui, le capitalisme n’est pas seulement un système économique abstrait : c’est une façon d’organiser, de rationaliser et de valoriser les rapports sociaux. »

François L’Italien, 33 ans, termine une thèse sur les transformations de la grande entreprise à l’ère du capitalisme financier. Est-ce une thèse marxiste ? Non, répond-il franchement. Non, si on entend par là l’idéologie des partis communistes et des sociétés du « socialisme réel ». Il préfère parler de « sociologie dialectique » et de « théorie critique », selon d’autres bonnes vieilles appellations contrôlées.

Seulement, pour lui, une intuition fondamentale de Marx demeure valable. Cette idée fait du capitalisme un système d’organisation de la société basé sur « une séparation des individus et du monde de telle manière qu’il puisse s’insérer dans cette relation ». Le capitalisme, au fin fond, c’est un lien social de substitution.

Des exemples ? Heu… Noël et son orgie de cadeaux, ça vous dit quelque chose ? Ou la Saint-Valentin, ses fleurs et ses chocolats. Ou les anniversaires des enfants devenus d’autres occasions consuméristes.

C’est bien simple, tous les rapports sociaux passent au cash, note M. L’Italien, qui allonge et enrichit la liste des exemples, du capital humain des entreprises au capital santé des individus. Il parle même de Ricardo (le cuistot télégénique, pas l’économiste libéral…), qui enseigne à faire des confitures pour La Presse Télé et dans son magazine en lieu et place des mères d’autrefois.

« Le capitalisme transforme tous les rapports sociaux, y compris ceux où il n’y a pas d’argent à faire, dit le sociologue. C’est une matrice socioculturelle dont parle Marx dans Le Capital. En lisant entre les lignes, en faisant mûrir le tout, on arrive à comprendre l’atome, la structure élémentaire d’un système qui vient insérer des rapports capitalistes entre les individus et le monde. »

Rage contre la machine

Voilà donc pourquoi Marx est encore pertinent, plus que jamais pourrait-on dire. Seulement, pour le comprendre et pour régénérer sa pensée, il ne faut pas les fétichiser et il faut prendre la mesure des mutations fondamentales du capitalisme depuis 150 ans.

« Marx propose une critique des concepts de l’économie politique : le travail, l’argent ou la marchandise », explique Maxime Ouellet, jeune docteur (31 ans) en économie politique internationale à l’Université d’Ottawa. Il propose une « critique de l’économie politique », selon le sous-titre du Capital, son maître ouvrage. « Les capitalistes et les économistes libéraux nous disent que ces catégories ont toujours existé et sont naturelles. Ils nous disent que la réalité économique a toujours été ainsi. Marx, au contraire, propose une critique historique et radicale de la modernité capitaliste. »

M. Ouellet explique que ce mode d’organisation sociale, reposant sur l’échange de marchandises et l’argent, devenu hégémonique au XIXe siècle, a connu ensuite trois grandes phases d’évolution. La première, liée à la révolution industrielle, a été décortiquée par Marx lui-même, avec son bourgeois entrepreneur et ses prolétaires salariés. La deuxième repose sur le gigantisme : la Big Corporation, les grands syndicats, le fordisme et l’État-providence. Cette phase dinosaurienne a tenu des années 1930 aux années 1980. Depuis, le capitalisme du troisième type devient réticulaire, mondial, sous-traitant, et surtout financier et dématérialisé. C’est celui-là qui vient de s’effondrer.

« Les déréglementations, des taux d’intérêt aux taux de change, ont ensuite permis la constitution d’un nouvel espace capitaliste supranational, échappant au contrôle des banques centrales et aux politiques budgétaires et fiscales des États, résume Maxime Ouellet. Ce système financier est responsable de la crise actuelle. »

Ce système-monde s’avère roué à l’extrême. Après avoir stimulé la consommation par la hausse du niveau de vie au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, le système mise sur le crédit alors que les salaires de la grande majorité stagnent depuis plus de deux décennies. Pendant ce temps, les très riches accumulent encore et toujours plus.

« Je crois qu’une lutte des classes réapparaît, dit François L’Italien. Mais cette lutte n’opposera pas les salariés aux capitalistes comme l’envisageait Marx. Cette lutte oppose plutôt des gens à mobilité limitée, les salariés comme les capitalistes industriels, à une overclass caractérisée par une dimension culturelle et un trait économique. »

Pour ces nouveaux maîtres du monde, tout actif doit pouvoir être instantanément vendu et liquidé. Aux États-Unis, l’épicentre du système mondialisé, trois millions de nababs d’en haut possèdent plus que les 100 millions d’Américains d’en bas.

Du point de vue culturel, ces aristocrates en jet voient la planète comme un très grand terrain de jeu. « L’overclass fait du shopping à Miami, du trekking au Costa Rica, de la méditation en Inde et elle se repose dans son condo à Dubaï », explique le sociologue. C’est elle aussi qui a dépensé plus d’un demi-milliard de dollars aux enchères de la collection d’oeuvres d’art Berger-Saint Laurent, récemment, à Paris.

Cela dit, la critique (renouvelée) du capitalisme ne débouche pas nécessairement sur les (vieux) rêves de grands soirs. Il ne faut pas confondre la démocratie libérale (« le moins pire des régimes », disait justement Churchill) et le capitalisme prédateur. D’ailleurs, il s’agit moins de se demander comment on peut être anticapitaliste aujourd’hui que comment on peut encore oser défendre ce que ce système est devenu : une sorte de socialisme pour les riches, et tintin pour les damnés de l’abondance…

« On a entendu le président de la France dire qu’il voulait refonder le capitalisme », note alors Maxime Ouellet, en stage post-doctoral à l’UQAM où il travaille précisément sur les représentations sociales de la crise économique et en particulier sur le discours de légitimation du capitalisme actuel. « Sur quelle base ce système peut-il muter ? Dans quelle mesure ce système peut-il être moral ? Qu’est-ce même que le capitalisme et quelles forces travaillent à une sortie du capitalisme ? Il y a d’ailleurs beaucoup de penseurs non marxistes qui le souhaitent. Parce que cette crise n’est pas seulement économique : c’est une crise sociale, politique, écologique, une crise de société, finalement. »



Source
http://www.ledevoir.com/2009/03/14/239352.html

Autres liens complémentaires :
Actuel Marx
États critiques

À voir, à lire, à écouter, à faire...

L’encerclement

Louangé par la critique internationale, (Le Monde, Le Courrier de Genève, Le New York Times, le International Herald Tribune, l’Unita et plusieurs autres) lors de sa récente présentation au Festival international du film de Berlin (Berlinale), le documentaire de Richard Brouillette, d’une durée de 2h40 L’ENCERCLEMENT – la démocratie dans les rets du néolibéralisme sera bientôt disponible en DVD.

Ce documentaire réalisé avec la participation d’intellectuels de renom dont Noam Chomsky, Ignacio Ramonet, Normand Baillargeon et Michel Chossudovsky se veut une réflexion sur la manipulation des forces du marché par le néolibéralisme et l’encerclement de plus en plus étouffant, du phénomène de la mondialisation.

Présentement au Cinéma parallèle, l’ENCERCLEMENT sera sur les écrans du cinéma l’ONF du 1er au 5 avril prochain.

Site officiel

Ajout en date du 10 avril 2009 :

Le film sortira bientôt en DVD.
Lire aussi l’article publié dans la section Repères

À voir, à lire, à écouter, à faire...

Pour sauver la planète, sortez du capitalisme

Le message est clair. Hervé Kempf, auteur de « Comment les riches détruisent la planète« , spécialiste des questions environnementales pour le journal Le Monde, vient de publier un nouvel essai. « Pour sauver la planète, sortez du capitalisme« .

Il ne suffit pas de dire que nous vivons une crise économique ainsi qu’une crise écologique. Hervé Kempf nous démontre ici comment la crise écologique est inséparable de l’économie et insurmontable sans un véritable virage économique

À lire

Chansons de Pierrot Pierre Rochette

PÉPÈRE LEFEBVRE

COUPLET 1

quand mon grand-père Lefebvre
descendait la côte St-Louis

c’était pour voir ma mère en plein hiver
pis surtout moé son premier tout petit

y sortait les poubelles
y pelletait la neige de son entrée
pour elle

REFRAIN

C’était un silencieux
mon beau
mon mystérieux pépère
du genre toujours heureux

COUPLET 2

on aurait dit qu’pour lui
juste de s’asseoir s’une chaise berçante
pis d’écouter ma mère

parler d’son quotidien
de tout de rien
de ses espoirs, de son mari d’amour en bien
de ses chagrins du jours, bénins

ça donnait à sa pipe
de la bonté pour prendre soin d’ma grippe

COUPLET 3

asteure que j’ai son âge
pis que les enfants de Toronto m’appellent
the real Santa Clauss

que je descend les rues
comme si son âme remplaçait
mes forces disparues

la fumée en auréole au dessus d’ses ailes
la chaise berçante ouateux nuage
dans l’bleu du ciel

Pierrot
vagabond céleste

Brèves

Paul Cliche dénonce la couverture journalistique du CN de Québec solidaire

Le conseil national de QS
UNE COUVERTURE JOURNALISTIQUE MAL FICHUE

mardi 3 mars 2009, par Paul Cliche

Ayant couvert le conseil national de Québec solidaire, qui s’est déroulé à
Québec du 27 février au 1er mars, les courriéristes parlementaires du
Devoir et de The Gazette ont fait passer au second plan les discussions et
les décisions prises par les délégués pour mettre plutôt en vedette, dans
leurs articles publiés le 2 mars, le fait que le député Amir Khadir se soit
absenté durant ces assises.

Ce dernier, d’origine iranienne comme on le sait, a en effet participé à
une activité de l’Association des étudiants iraniens de l’Université de
Toronto, samedi le 28, après s’être adressé aux militants de son parti et
avoir fraternisé personnellement avec eux lors de la séance d’ouverture du
conseil vendredi soir le 27.

« Khadir rate le conseil national » déplorait même Le Devoir dans une
manchette de page 1. Le journaliste Antoine Robitaille a consacré plus de
60% de son article à ce fait divers laissant entendre que le député de
Mercier ne s’intéressait pas aux débats et snobait les militants. L’article
de The Gazette était de la même eau.

Ce festival de la désinformation s’est poursuivi dans La Presse, mardi le
3, alors que la chroniqueuse Lysiane Gagnon a continué à s’en prendre au
député de Mercier pour cette absence. Cette dernière en a même profité pour
reprocher à M. Khadir d’avoir donné rendez-vous à une journaliste dès 8h15
le lendemain matin de la journée du scrutin plutôt qu’à une heure plus
décente. Mme Gagnon ignore-t-elle que le nouveau députés devait alors se
rendre rapidement travailler à l’hôpital Legardeur dont il avait dû
s’absenter pendant la campagne électorale ? Mais toujours aussi ineffable
cette dernière a commenté méchamment : « Le besoin d’être dans le spotlight
doit être vraiment très fort chez cet homme-là ! ».

Une autre tactique est de plus en plus fréquemment employée par certains
journalistes : tenter d’opposer les deux porte-parole du parti, Françoise
David qui n’a pu se faire élire dans Gouin et Khadir qui l’a été dans
Mercier. Voici un autre extrait de la chronique de Mme Gagnon qui
l’illustre bien : « On comprend qu’il (Khadir) ait trouvé plus intéressant
d’être en vedette à Toronto (plutôt) que de se contenter d’écouter sagement
les interventions des militants de son parti pendant deux longues journées
en étant flanqué, par-dessus le marché, d’une coprésidente à laquelle il
aurait tout de même dû céder le crachoir de temps à autre ».

Ce ton journalistique, cynique et persifleur, est à la mode depuis
plusieurs années sur la colline parlementaire québécoise. Il contribue
beaucoup à maintenir la morosité ambiante dans les cercles politiques qui
déteint maintenant dans l’ensemble de la population. Au lieu de rapporter
correctement et de commenter de façon pertinente le contenu des politiques
mises de l’avant par les différents partis, on s’arrête souvent à des
aspects superficiels de l’actualité en s’efforçant d’écorcher la
personnalité des politiciens qui les préconisent et en ne se privant
surtout pas de leur faire des procès d’intention si les circonstances le
permettent.

Un nouveau parti de gauche idéaliste comme l’est Québec solidaire, dont le
programme se démarque des partis traditionnels, constitue certes une cible
de choix pour ceux et celles qui pratiquent ce genre de journalisme qui se
veut ‘cool’, mais qui traduit souvent leur incompétence professionnelle,
leur paresse intellectuelle ou leurs préjugés.

PAUL CLICHE, ex-courriériste parlementaire du Devoir, membre de Québec solidaire