Claude Demers
l'auteur de ce blogue. Retraité et professeur d'échecs à temps partiel.
Avec toi
J’ai refait
Le sentier
De ce poème
Que je traîne
Avec moi
Depuis des jours
Et des semaines
Que je traîne
Dans ma tête
Ce poème
Impossible
À dire
Impossible
À écrire
Impossible
À vivre
Ce poème
Que ton cœur
Seul
Lisait
Dans mes yeux
Que tes yeux
Seuls
Tissaient
Dans mon cœur
Amoureux
Ce poème
Cousu
Du fil des ans
Que les têtes chercheuses
De nos deux cœurs
Distants
L’un pour l’autre
Gravitaient
Comme des aimants
Ce poème
Avec le temps
Mû en prière
Qui n’a pour dieux
Que les amants
De ce poème
Inachevé
Que je traîne
Avec moi
Dans ma tête
Depuis des jours
Et des semaines
Sur le sentier
Que j’ai refait
Avec toi
SEUL
L’escalade du conflit au Moyen-Orient a pris une ampleur nouvelle depuis que le Hamas s’est fait élire en janvier 2006. Pour l’Union européenne, la Norvège et le Canada qui ont mis fin à leurs paiements aux Autorités Palestiniennes, le fait que le Hamas se soit fait élire démocratiquement n’est pas une considération ici. Reprochant au Hamas de ne pas reconnaître Israël, ils ont décidé de suivre ce dernier en coupant les vivres aux Autorités palestiniennes.
Virginia Tilley, professeure associée en Sciences Politiques et Relations Internationales soulève le voile sur la signification de cette notion du « droit d’Israël à exister »
Publié le 15 mai 2006 (en anglais) par Virginia Tilley
Traduction libre de M. Duclos pour C. Demers
Révision : Danielle Soulières
À la grande consternation de la plupart des pays du monde, la Communauté Européenne, suivie par la Norvège et le Canada, ont cessé les paiements au gouvernement des « Autorités Palestiniennes » ( Palestinians Autorities ou le gouvernement des palestiniens auxquels nous nous référons en utilisant l’abréviation AP dans ce texte) dirigées par le Hamas. La raison officielle de cette décision est que le Hamas ne reconnaît pas à Israël le « droit à exister » et ne « renonce » pas à la violence. Une décision néanmoins qui n’a pas de sens commun et qui ne résiste pas à une analyse plus approfondie de la question.
D’abord soyons clairs : couper les subsides aux AP ne peut avoir aucun effet bénéfique. Que gagne-t-on en leur enlevant les moyens financiers de gouverner une population abattue et désespérée? De plus, cette décision élimine la possibilité pour le Hamas d’agir en tant que médiateur et de contenir certaines factions dissidentes. Cette politique peut non seulement démoraliser, mais détruire l’engagement palestinien sur la voie de la démocratie, ruinant la stabilité politique et de ce fait anéantissant toute perspective de négociation pour la paix. Alors, pourquoi imposer des sanctions qui peuvent seulement conduire à une dangereuse désintégration de la situation politique actuelle ?
La dichotomie diplomatique pour appuyer cette raison officielle semble être la suivante. Les « Autorités Palestiniennes » AP, forment une institution créée en 1995 pour réaliser la décision implicite des Accords d’Oslo : soit, « Deux États » recevants de l’argent pour travailler à la réalisation des étapes requises (les Américains l’appellent la Feuille de route (Road Map) pour la création définitive de ces deux États. Or le Hamas ne reconnaît pas à Israël le « droit à exister » et n’a pas renoncé à la violence tout en ayant été élu démocratiquement par le peuple palestinien.
Jusqu’à ce que le Hamas accepte ces termes, qui est le mandat des AP, la communauté internationale peut prétendre que le Hamas fait perdre toute légitimité aux Autorités Palestinennes.
Malheureusement pour les partisans de cette rationalisation, cette explication s’est magistralement cassé les reins, car le premier ministre d’Israël lui-même doit accepter les termes des accords d’Oslo. Or, M. Olmert a déclaré lui-même la Feuille de route, lettre morte !
Sa politique de facto qui consiste à continuer de peupler la grande majorité du territoire de l’Ouest « West Bank » avec des colons juifs, est acceptée par tous les intervenants occidentaux bien qu’elle démontre la décision d’Israël d’annexer de grandes portions de ce territoire. La construction du mur qui se poursuit et les pénétrations de colons en territoire palestinien sont suffisantes pour démontrer que le plan réel d’Israël est déjà à moitié réalisé. Personne ne nie que ces développements signifient un démembrement définitif du territoire du présumé futur État Palestinien. Personne ne nie que les termes de l’Accord d’Oslo se sont en fait évanouis dans la brume du matin.
Il est donc évident pour celui qui regarde la situation, qu’il soit de la Communauté européenne, de la Norvège ou du Canada, qu’Israël a renoncé aux accords d’Oslo. Alors, pourquoi prétendre qu’Israël n’a pas nié ouvertement ces accords diplomatiques qui établissaient les termes de la reconnaissance du peuple palestinien et pourquoi faire porter au seul Hamas la faute de cette situation.
La première réponse est évidente: il s’agit d’une capitulation devant la pression des USA. La communauté internationale tout entière a été cajolée ou menacée afin d’adhérer, du moins en parole, aux accords d’Oslo, et est restée passive pendant qu’Israël et les USA rendaient impossible la réalisation de ces accords. Le non-sens diplomatique exige toujours certains palliatifs politiques et moraux. La version officielle est la suivante:
Si le Hamas reconnaissait à Israël le « droit à exister » et abandonnait le combat armé, alors existeraient à nouveau les conditions qui permettraient la poursuite des accords d’Oslo et susciteraient la volonté d’Israël de se retirer des territoires de l’Ouest en permettant enfin que la paix soit établie. Voyons de plus près cet argument.
Premièrement, c’est tout simplement incroyable ! Tous conviennent que le retrait des grandes colonies juives installées sur le territoire palestinien de l’Ouest, spécialement celles proches des principales villes comme Ma’ale Adumin, Ariel et Gush Exion n’est pas dans la mire d’Israël. Le gouvernement d’Israël lui-même a déclaré ces colonies permanentes. Aucun intervenant international ni aucune composition d’intervenants multiples n’a le pouvoir ou la volonté politique d’obliger Israël à changer sa politique. Israël ne retirera pas ses colons des territoires palestiniens sauf en cas d’urgence nationale. Le Hamas devenu soudainement gentil ne constituera pas une telle urgence.
Deuxièmement, l’argument adopte des réclamations israéliennes spécieuses au sujet de la logique arabe (théorie que seuls les vieux partisans d’Israël croient encore). La propagande israélienne soutient que la « haine » arabe pour Israël est irrationnelle, qu’elle provient seulement de la judéo-phobie, d’un fanatisme religieux et d’un retard culturel et qu’en conséquence seuls des moyens durs peuvent forcer les Arabes à capituler et à admettre la réalité d’Israël, alors même que la colonisation des territoires palestiniens de l’Ouest se poursuit. De ce point de vue, la main mise d’Israël sur les territoires de l’Ouest n’est pas une « Occupation » qui vise à l’annexion de ce territoire, mais seulement une bénigne administration qu’Israël est forcé de faire à cause du refus des Arabes et des Palestiniens de reconnaître à Israël le « droit à l’existence ».
Couper les vivres aux Autorités Palestiniennes érige cette fantaisie en absolue vérité en soutenant que le Hamas a rejeté les authentiques « promesses de paix » israéliennes à cause de son dogme islamique et non parce que le Hamas a des preuves évidentes et constantes qu’Israël n’a aucunement l’intention de laisser aux palestiniens un état viable. Cette opinion tordue, à l’origine de la décision de couper les fonds nécessaires à l’existence des AP, a pour objectif de faire en sorte que le Hamas reconsidère cette « irrationalité », abandonne ses positions « extrémistes », reconnaisse le « droit à exister » d’Israël et mette fin à toutes les actions hostiles contre eux. Le Hamas et les AP seront alors récompensés par un retour vers la Feuille de route née des accords d’Oslo.
Hormis son non-sens apparent (consciemment, les USA et Israël cherchent à éliminer les possibilités de réalisation de la Feuille de route le plus rapidement possible), des problèmes bien plus graves et plus profonds affectent le processus de paix. Quand on regarde avec attention ce qui est exigé du Hamas, on voit bien qu’elles n’ont aucun sens non plus.
En effet, qu’est-ce que le « droit à exister » veut dire exactement? Aucune loi internationale qui s’applique aux états qui s’y soumettent ne parle de « droit à exister ». Ce concept est né en diplomatie internationale pour les besoins exclusifs d’Israël. Il ne s’agit pas ici d’une simple reconnaissance du point de vue diplomatique, qui en fait est une reconnaissance de son existence. Ça ne veut pas dire non plus qu’on reconnaît à Israël le « droit à l’autodétermination », sinon on aurait utilisé ce terme n’est-ce pas ?
Disons pour les besoins de la démonstration qu’on demande au Hamas de reconnaître Israël par les voies diplomatiques habituelles. Dans ce cas, la position de la Communauté européenne serait intenable, car la reconnaissance diplomatique d’un État suppose un minimum d’information sur l’État qu’on veut reconnaître : le « droit à exister » où ? Les frontières d’Israël ne sont pas établies. Même les plans pour la détermination des frontières ne sont pas connus : avec une impressionnante effronterie, M. Olmert a annoncé que nous ne le saurons pas avant 2010 !
Il est tout à fait légitime pour le Hamas de demander qu’Israël confirme ses frontières avant que le Hamas le reconnaisse. La communauté internationale devrait également connaître ces frontières avant d’insister pour que le Hamas reconnaisse le « droit » d’Israël. Autrement, reconnaître à Israël le « droit à exister » sans connaître ses frontières serait reconnaître implicitement qu’Israël a le « droit à exister » dans les frontières qu’il se choisira dans les prochaines années.
Comme les Palestiniens ont plus à perdre de ce qui reste de leur territoire national avec ces arguments étourdissants, le Hamas refuse de l’approuver. Est-ce là une position islamique intransigeante justifiant qu’on leur coupe les vivres? À titre d’expérience de la pensée critique, il serait intéressant que les Canadiens, ou les Norvégiens, ou les Anglais, ou les gouvernements français se demandent ce qu’ils feraient si on leur demandait de reconnaître le « droit à exister » à un état voisin qui dispose d’une force militaire importante et colonise selon ses propres définitions ethniques selon la teneur de sa population, qui installe un mur pour définir qui est dedans et qui est dehors et tout cela sur le territoire national canadien, norvégien, anglais ou français, tout en promettant de donner aux habitants lésés leurs propres « cantons »?
En l’absence de frontières bien définies, reconnaître le « droit à exister » d’Israël doit bien vouloir dire autre chose. Et bien sûr, il y a autre chose. Il est clair que dans les mots le « droit à exister d’Israël » c’est le droit à exister comme état juif. En d’autres termes, le « droit » qu’on exige que le Hamas reconnaisse, c’est le droit d’Israël de mettre en place en toute légitimité sur le territoire palestinien, une population juive dirigée premièrement par des Juifs pour des Juifs. Dans un tel État, le Hamas serait ensuite appelé à soutenir toutes les lois et les politiques garantissant à la population juive la majorité sur le territoire, rejetant même le retour des réfugiés palestiniens exigé par le droit international. Or, bâtir un mur en territoire palestinien consiste essentiellement à protéger l’État juif des menaces démographiques de la masse des citoyens non-juifs c’est-à-dire les palestiniens. L’expulsion des palestiniens de leurs maisons et de leurs terres en 1948 se trouverait légitimée ainsi que les plans d’avenir d’Israël qui veut confiner le peuple palestinien dans des cantons.
Les leaders d’Israël ont déclaré ces mesures nécessaires pour préserver Israël comme État juif et démocratique tel qu’on peut le lire dans les termes de sa constitution (ces termes ont été repris et confirmés tant par MM. Sharon et Olmert et par presque tous les partis politiques que compte ce pays). Et pourtant ce n’est pas tant ce fait, reconnu et absolument évident de nettoyage ethnique, mais le droit d’Israël de poursuivre cette politique qu’on demande au Hamas de reconnaître?
Si on admet ces faits, on comprend plus facilement pourquoi depuis plusieurs décennies, tant le PLO que les états arabes et une importante partie de tous les musulmans du monde sont si réticents à reconnaître à Israël ce fameux droit à exister. Dans un geste pragmatique, les Palestiniens ont abandonné leur position traditionnelle en 1989-90, acceptant la solution des deux États. L’Union Européenne ne peut-elle pas alors insister pour que le Hamas reconnaisse à Israël le droit à exister puisque le PLO, les AP et tous les autres gouvernements du monde l’ont reconnu?
Le problème c’est que le quiproquo qui est à l’origine de cette reconnaissance, formalisée dans le processus des accords d’Oslo, est maintenant clairement détruit par la décision unilatérale d’Israël de se tailler une place et d’annexer des territoires palestiniens de l’Ouest (territoire qui devait être le nouvel État palestinien) et de placer les habitants palestiniens de ces territoires dans des cantons. Dans ces conditions, croyez-vous que le Hamas devrait reconnaître à Israël le « droit à exister » si cela doit éliminer toute souveraineté palestinienne?
Mais le problème le plus embarrassant toutefois c’est que les États de la communauté européenne n’ont pas eux-mêmes explicitement reconnu à Israël le « droit à exister ». Ni le Canada, ni la Norvège, pas plus que les Nations Unies. Ils ne l’ont pas fait parce qu’ils ne le peuvent pas !
Cela surprendra peut-être certaines personnes, mais les Nations Unies n’ont pas utilisé le terme « État Juif » depuis 1947. La résolution 181 parle d’État Juif et d’État Arabe avec des frontières manipulées de telle sorte qu’il y ait des majorités juives et arabes selon les besoins. Mais cette tentative a vite été rendue désuète quand les forces sionistes ont établi Israël dans une bien plus grande portion de territoire qui comptait une majorité substantielle de résidents arabes qui furent expulsés manu militari. Selon la Convention de Genève, ces réfugiés ont le droit de retourner dans leurs maisons, leurs villages et leurs villes. Mais ce retour éliminerait la majorité juive de ce qui est devenu Israël et Israël s’y oppose.
C’est pourquoi les Nations Unies ne peuvent pas reconnaître Israël comme État juif (car cet État ne peut légitimement soutenir posséder une majorité juive) sans contredire les droits des réfugiés palestiniens, droits reconnus par le droit international. Quand les Nations Unies font référence à Israël aujourd’hui, ils ne parlent pas d’Israël comme d’un État Juif, dans les vieux termes que la majorité ethnique de 1947 l’entendait, parce qu’Israël ne peut pas obtenir de « droit » à une démographie ethnique qui empêcherait le retour des réfugiés palestiniens.
De plus, les temps ont tout simplement changé. En 1947, le nationalisme ethnique semblait toujours avoir un certain sens, bien qu’il était déjà critiqué à cause des abus redoutables commis par l’Allemagne et le Japon. Aujourd’hui, reconnaître le droit de n’importe quel État de se composer légalement sur la base d’une majorité ethnique serait contraire aux conventions des Nations Unies et ne tiendrait pas compte des chartes des Droits humains et de non-discrimination. En conséquence, les Nations Unies et les États européens ne pourraient pas reconnaître à Israël le droit de se composer sur une ethnie ou une religion. Quelle politique pourrait-on soutenir alors au Rwanda, au Soudan au Cachemire en Afghanistan au Kosovo, et bien d’autres endroits sur la terre.
Alors, les États-Unis ont coincé le Canada et la Norvège dans une trappe diplomatique en leur faisant prendre une position intenable. Si ces pays veulent absolument que le Hamas reconnaisse Israël comme un État juif (avec le droit de protéger la majorité juive) alors, ils devront également admettre clairement qu’ils endossent en fait l’idée qu’il y ait des gouvernements basés sur une majorité ethnique. Si ces États ne peuvent pas eux même reconnaître à Israël ce droit à l’ethnocratie parce que cela contredirait la loi internationale aussi bien que leur propre diplomatie dans bien d’autres parties du monde, leur propre charte des droits de la personne y compris, alors sur quoi se basent-ils pour demander au Hamas de reconnaître ce droit qu’ils ne reconnaissent et ne peuvent pas reconnaître eux même.
Pire encore pour eux, ils adhèrent aux normes internationales en insistant pour que l’État de Palestine adopte une démocratie stable qui fixe l’égalité des droits pour tous ses citoyens sans égard à la religion ou à la race. Mais s’ils obligent les Palestiniens à ces normes pourquoi alors n’en demandent-ils pas autant à Israël?
C’est que s’ils demandaient cela d’Israël alors tout l’argumentaire à la base de la théorie des deux États s’évanouirait. La Feuille de route est basée sur cette prémisse qui suppose que la seule solution pacifique est la création d’un État pour les Juifs et d’un État pour tous les autres habitants de cette région. Si le « droit à exister » d’Israël ne veut pas dire le droit de soutenir une majorité juive (avec toutes les lois et protection ethniques, l’annexion de territoire et le pouvoir social) alors la logique ethnique qui veut deux États disparaît. Pourquoi créer deux États séculiers démocratiques, l’un à coté de l’autre, sur une si petite terre? Personne ne peut articuler une réponse, car la démocratie ethnique est leur seul raisonnement.
Alors, que demandent réellement au Hamas les États européens, le Canada et la Norvège ? Ils veulent que le Hamas reconnaisse l’État d’Israël dans sa spécificité ethnique, avec le « droit à exister » où il le voudra, de définir ses frontières quand et comment bon il lui semblera. Ce qui voudrait dire non seulement le suicide du peuple palestinien, mais la violation de tous les principes de leurs propres valeurs et lois internes de non-discrimination. Quoi, on voudrait que le Hamas ignore cet aspect du problème et reconnaisse Israël comme un État normal ? Même si normal voulait dire ici non ethnique, ce qui obligerait Israël de permettre le retour des réfugiés palestiniens, cela impliquerait alors que les États Européens, le Canada et la Norvège refusent de soutenir la position israélienne d’une vaste majorité juive?
Cette histoire invraisemblable devrait tenir les parlementaires, les diplomates, tous les ministres des Affaires étrangères de tous les pays du monde sur les dents pour essayer de comprendre leur propre position plutôt que de couper les vivres aux Autorités Palestiniennes et de faire capituler le Hamas. Car ce n’est pas seulement le gel des fonds qui rend cette Feuille de route impossible, c’est la logique -même de la Feuille de route sur le principe de « deux États » qui n’a plus aucun sens.
Que les auteurs qui ont proposé cette solution restent éveillés toutes les nuits et contemplent leur propre confusion et les sanglantes conséquences qui immanquablement en découleront.
Viginia Tilley est professeure associée en Sciences Politiques et Relations Internationales, des Collèges Universitaires de Hobart et William Smith Elle et l’auteure de « One-State Solution »….La solution UN ÉTAT ….un passage vers la paix dans le problème Israélo-Palestinien… Elle est présentement au Centre des Études Poliques de Johannesburg en Afrique du Sud et on peut la rejoindre (autant que possible lui écrire en anglais) à tilley@hws.edu
Lîle de l’éternité de l’instant présent
Cela me prit quelques années avant d’avoir la force de faire le ménage dans les affaires de Jean. Nous avions un tel respect l’un pour l’autre que jamais il ne me serait venu à l’idée de violer l’intimité de son bureau de travail. Nous avions d’ailleurs convenu, par eumétrie, que nos lieux d’écriture réciproques serviraient de jardin secret, pour que l’œuvre à écrire le soit sans censure de quelque nature que ce soit.
Quelle ne fut pas ma surprise d’y trouver une lettre de Renaud, datée de mai1991, soit trois mois après la fête des chansonniers donnée en l’honneur des dix-huit ans de Nellie-Rose, à laquelle le doux Clermont fut présent.
Mai 1991
Cher bienfaiteur,
Je me vois dans l’obligation morale de mettre fin aux bienfaits de votre bonté. Vous et moi sommes les riches de cette terre. Il est facile de philosopher aux îles Marquises ou d’avoir des brosses d’être et des attaques d’être dans une chambre vidée de tout contenu quand on ne connaît pas la peur au ventre de millions d’êtres humains habitant sur cette terre, peur de ne pas savoir ce que l’on va manger demain matin et si on sera encore vivant.
Avoir de l’argent ou devenir quelqu’un nous transporte le plus incompétent des hommes au paradis de l’insouciance. Faire le tour des tombes des magnifiques de ce monde ne donne peut-être pour résultat que le pèlerinage de quelques illuminés, aventuriers intellectuels ou touristes financièrement désabusés à la recherche de quelques sensations bourgeoises comme doivent en éprouver ceux et celles qui participent aux croisières Gauguin aux îles Marquises, selon ce que m’en a raconté Clermont lors de votre passage chez vous.
J’ai utilisé $32,515 pour faire le tour du monde à marquer les tombes d’un Ego sum pauper. Mon intention était noble. Tenter d’attirer l’attention sur le fait que certains grands hommes avaient vécu la même expérience de l’éternité de l’instant présent. J’avoue que la découverte récente, et cela tout à fait par hasard, de l’œuvre de Krishnamurti, m’a sidéré. Voilà un philosophe., probablement le plus grand du vingtième siècle, dont les écrits ne contiennent aucun sophisme et qui décrit avec une chirurgie de l’esprit inégalable tous les phénomènes qui sont miens depuis ma naissance. Ses carnets comme ses dialogues avec Niels Bohr, (physicien quantique universellement reconnu) sont d’une telle précision intellectuelle que toute recherche passée de ma part m’apparaît maintenant comme de l’empirisme de bas étage.
Je suis triste de penser que j’aurais pu le rencontrer avant sa mort, survenue il y a deux ans, celui-ci ayant tenté de transmettre son expérience de l’instant présent en fondant des écoles et n’ayant pas rencontré ni formé une seule personne vivant ce qu’il expérimentait quotidiennement. Il en mourut d’ailleurs affligé d’une immense tristesse.
Je me suis trouvé ridicule avec cette histoire de voyage d’une tombe à l’autre.
Alors pour découvrir la nature intrinsèque de l’instant présent, je m’emmurai en moi-même pendant trois mois, ayant utilisé pour se faire $438.00 de votre argent.
Il y avait un divan, un lit, un douteux frigo et une salle de bain. J’exigeai que l’on vidât la pièce, ne gardant que le strict nécessaire, soit mon sac de couchage et un oreiller. J’empilai sur le mur du fond des conserves et des biscuits de façon à ne pas avoir à sortir avant trois mois, vivant dans la plus stricte noirceur,. Je me couchai et ne bougeai plus, ou si peu.
Je ne savais pas ce que serait la vie sans télévision, radio, automobile, téléphone, interactions sociales, scène, public, chansons, folie de vivre, étourdissements, vertiges, fascination, désirs, pulsion, compulsion, propulsion…. Mais je savais qu’il existait des brosses d’être et des attaques d’être me transportant dans une immobilité à ce point passionnante que toute agitation de la vie humaine en milieu urbain autant qu’à la campagne finissait par agresser le bonheur de vivre telle une pure science-fiction, comme si j’avais été plongé dans un nid de fourmis, Gulliver au pays des inaudibles.
Je cherchais le canyon de la fissure du temps comme jadis on dut chercher la route des Indes ou celle des épices. J’aurais pu me contenter de brosses d’être et d’attaques d’être, si naturelles telle une chute d’eau bruisselant la forêt dans l’île de l’éternité de l’instant présent et y mourir d’abondance. Mais je ne pouvais accepter au plus profond de mon être que les hommes et les femmes de ce monde n’aient point au moins le choix d’y avoir accès, partageant ironiquement la souffrance intellectuelle de Krishnamurti.
Le problème c’est que les brosses d’être longues et vaporeuses et les attaques d’être fulgurantes ont été presque en état de permanence durant ces trois mois. je ne pouvais pas partir de l’île pour aller à l’homme mais l’inverse, de l’homme pour aller à l’île lorsque l’être s’est retiré de moi ou que moi je me suis retiré de lui.. Mais il semble que je ne peux me retirer de lui par ma simple volonté. Que tout cela est mystérieux.
De voir aussi que la folle du logis peut gambader à son aise parce que ça n’atteint jamais le cerveau me stupéfie. Finalement, la folle va se coucher d’elle-même, par ennui de n’affoler personne. Et le corps devient d’une telle beauté énergétique presque permanente que mon esprit assiste impuissant à cet esthétisme cosmique. Le rêve ayant une fonction mineure, simple régulateur entre les besoins physiques comme avoir raisonnablement chaud ou froid ou aller à la toilette. Suis sur une brosse d‘être, je crois. Trop endormi de béatitude pour voir la différence. C’est encore là en permanence que je dorme ou que je sois éveillé.
Mais qu’en est-il lorsque tu meurs de faim, lorsque le filet de sécurité économique disparaît sous ta respiration ?
Je vous enverrai à l’occasion quelques lettres dont la publication sous forme d’articles, parviendra, j’espère, à vous dédommager. On ne découvre rien d’essentiel en agissant comme je l’ai fait. Veiller mettre le tout sur le compte de la naïveté plutôt que sur celui du raisonnement calculé. On peut être intègre d’intention tout en étant maladroit d’action.
Le voyageur quantique
Pourquoi Jean m’avait-il caché l’existence de cette lettre ?
L’an 2000 était arrivé plus vite que prévu. Le temps ne prend-il pas de la vitesse quand on avance en âge ? Nous n’étions maintenant plus que deux. Les filles vivaient en Suisse, revenant uniquement pour les vacances d’été. Frannie avait elle aussi épousé un universitaire européen. Alors, Gérard et moi avions resserré nos liens d’amitié en attendant le jour où les enfants et les petits-enfants viendraient émerveiller nos journées. C’est dans le bain des philosophes que je lus les écrits de Renaud à mon ami aveugle.
Jean t’avait parlé,
de cette lettre
Demandai-je ?
Oui,
Il se sentait affaibli
Et se doutait qu’il était victime de cancer.
Il ne voulait pas aller voir un médecin
Il avait peur que tu l’abandonnes
Tu sais, la jalousie
Quand ça arrive occasionnellement
Dans une vie
Ce n’est parfois que la conséquence de la maladie
Qui progresse.
Et nous n’en dîmes pas plus. Quand l’an 2000 arriva, il y eut un énorme feu d’artifice, au-dessus d’Atuona. Nous étions tous réunis : Frannie et son nouveau copain l’informaticien Vivier, Nellie-Rose et Philippe, Socrate âgé maintenant de sept ans, l’âge de raison. Et Gérard, le fidèle ami de la famille qui dit soudain .
Tu sais qu’on raconterait à des Québécois
Comment on vit ce passage à l’an 2000
Aux îles Marquises
Et personne ne nous croirait.
La vie est si étrange Gérard
Mon père eut une enfance si pauvre
Que sa mère veillait autour de ses enfants
La nuit, l’hiver, autour du poêle à bois
Pour que personne ne tombe malade
D’hypothermie
Et lui est mort au soleil
Après avoir fêté la vie
dans le bain des philosophes.
La vie c’est comme un feu d’artifice, Marie
On ne sait jamais le dessin que ça va faire dans le ciel
Suite à l’explosion.
Mais quand on est aveugle,
on apprend à deviner
tu veux dire…fis-je ?
ton amour pour Renaud a explosé jadis dans ta chair
et le dessin ne s’est jamais effacé non ?
non, répondis-je après une pause soutenue
même que certains soirs
la lune me refait le même dessin
qu’une certaine nuit au camp Ste-Rose
et dans mes rêves, parfois, c’est pire
Je me retrouve avec lui sur la roche sacrée
Et je reste là
Plutôt que de m’enfuir comme une fascinante
Vers Vancouver.
Pourquoi tu ne pars pas à sa recherche
Fit Gérard d’un rire coquin ?
Le rendez-vous 15 août 2001
au camp Ste-Rose s’en vient non ?
Ça fait moins mal que de tenter de ressusciter
Par obstination
Un amour de jeunesse
Qui n’éprouve peut-être plus rien pour toi
Depuis bien des lunes.
Les enfants repartirent et revinrent pour l’été. J’appréciai particulièrement nos concerts du dimanche soir sous le gazebo, d’autant plus que Gérard avait maintenant une femme dans sa vie. Il l’avait rencontrée à son piano-bar. À vrai dire, elle et son mari y venaient toutes les semaines. Puis celui-ci étant décédé, il avait été là pour elle. Elle fut jadis pianiste de concert. C’est ainsi que, de duo en duo, ils en vinrent à se compléter, elle, lui déchiffrant des partitions de Bach et lui les apprenant à l’oreille.
D’être entourée de ces couples me rendit l’espérance du camp Ste-Rose encore plus vive. La vie avait été magnifique pour moi, le serait-elle encore ? Septembre arriva. J’avais un calendrier où je biffais les mois avec des papillons dans le ventre. Il restait maintenant moins d’un an.
C’est alors qu’une lettre arriva au nom de Monsieur Jean de Larousse. C’était la première depuis plus de deux ans, et le cœur me débattit lorsque je vis qu’elle venait de Renaud.
13 septembre, 2000
Cher bienfaiteur,
Pardonnez ces neuf ans
Sans vous donner de nouvelles.
D’abord merci pour ce temps où je pus faire mes recherches intellectuelles grâce à votre aide généreuse. Les années qui suivirent me conduisirent mystérieusement en dehors des sentiers de la pure recherche. J’avais émis comme hypothèse de travail qu’une brosse d’être était finalement le fait d’une société bourgeoise où l’on n’avait pas vraiment à se battre pour manger. Alors, j’osai aller plus loin.
Me transformer en clochard dans les rues des sociétés industrielles au Canada ou en Europe, reste encore une expérience où il existe une chance de tricher au niveau existentiel. Je cherchais la texture intrinsèque de l’instant présent en me dépouillant le plus possible même d’un lieu pour dormir. À l’automne1996, je décidai d’aller plus loin : me déposséder et d’un lieu géographique connu et d’une langue.
Je ne conservai qu’une guitare de fortune, seul lien hyperbolique entre le passé du café St-Vincent et mon rendez-vous avec la condition humaine dans ce qu’elle a de plus inhospitalière. Et une nouvelle compagne de voyage apparu avec la faim, elle s’appelait la peur au ventre. J’avais choisi sur la carte la Yougoslavie, un territoire autonome dont je savais par les lectures qu’il faisait partie de la Serbie. J’adorais le nom de la capitale : Pristina. Mon passeport canadien et mes visas étant en ordre, grâce à une aide financière de Clermont, je voyageai sur le pouce. Incroyable comme une guitare peut devenir un symbole international et en même temps une cible parfaite pour ceux qui n’ont plus rien à perdre tellement l’estomac leur fait mal. Et toujours ces brosses d’être qui parfois s’accentuaient. Comment cela était-il possible dans de pareilles circonstances ?
Je m’étais fixé comme objectif, une fois à Pristina, de m’enfoncer dans les campagnes, juste pour voir si mes brosses d’être ou attaques d’êtres tiendraient le coup lorsque tu te retrouves au plus bas de l’échelle sociale, sans réelle possibilité de remonter et cela au risque de ta vie.
Pristina étant une ville de cinquante mille habitants, je n’y restai que le temps d’y passer l’hiver, dormant avec les plus démunis des démunis dans des abris de fortune. Nous ne dûmes notre survie qu’aux organisations religieuses sur place. Puis je m’enfonçai à travers les routes de montagne, d’un pouce à l’autre, demandant l’hospitalité que les plus pauvres m’offrirent d’ailleurs avec chaleur et humilité. Le 5 mars 1998, j’étais dans le village de Prekaz, quand les Serbes attaquèrent . Je fus blessé d’une balle et ne fus sauvé que par l’intervention d’un groupe d’adolescents qui le firent au risque de leur vie.
Je dus encore une fois ma survie à la solidarité d’inconnus, rendus charitables par leur implication religieuse dans leur communauté. Ils furent les seuls à voir en moi un être humain, alors que j’avais les deux pieds dans la misère. Ils m’entraînèrent avec eux dans la horde des réfugiés fuyant la guerre. Nous fûmes accueillis dans les camps de survie de l’armée, dispersés les uns des autres et je fus finalement rapatrié au Canada. Et durant tout ce temps, les phénomènes eurent lieu, quoiqu’à une fréquence plus espacée.
Je n’ai pas vraiment le goût d’en conter plus. Trop d’images d’enfants tués. On m’a déjà raconté que les vétérans de la deuxième Guerre mondiale, une fois revenus chez eux, hurlent la nuit dans leur sommeil parce que les horreurs vécues sont imprégnées à jamais dans la mémoire de leur chair.
Qui est-on quand on n’est plus personne ? Quelqu’un qui a besoin non pas de pitié, cet arôme que l’on trouve parfois dans le don condescendant des biens nantis, non pas de compassion, cet état d’équanimité que l’on décèle dans l’armature spirituelle des biens pensants, mais simplement d’empathie. Une attitude gratuite, égalitaire et solidaire, si infime soit-elle.
Je reste aujourd’hui avec la honte d’avoir été finalement quelqu’un à cause d’un simple passeport canadien. Que sont devenus ceux qui me redonnèrent une dignité alors que je frôlais la mort comme un animal ?
On revient chez soi. Quelqu’un se souvient de toi comme chanteur dans le Vieux Montréal. On t’offre de chanter l’été dans un théâtre, où tu peux cacher ta fragilité dans une cage collée au plafond et t’apercevoir que tu es enfin rendu au bout du chemin, celui où toute réponse au sens de l’existence est évacuée. Ne reste que les questions les plus universelles : D’où viens-tu ? qui es-tu ? où vas-tu ?
Un ami chansonnier m’hébergea gratuitement dans sa maison à Val-David, comme il l’avait fait à plusieurs reprises dans le passé, ce qui m’avait permis de construire un chemin de pierre jusqu’en dessous de la scène du théâtre de la Butte à Mathieu où j’espère que mes cendres reposent un jour. J’ai encore des brosses d’être et des attaques d’être et les questions restent les mêmes que celles posées à l’égard de ma propre existence : D’où viennent-elles ? que sont-elles ? Où m’amènent-t-elles ? Et surtout que valent-elles puisque les quatre cinquièmes de l’humanité n’ont pas le minimum pour sauver de la mort prématurée leurs propres enfants ?
L’automne venant d’arriver, je pars dorénavant à la découverte de la route des poètes : Villon, Ruthebeuf, Ronsard, Verlaine, Rimbaud, Malharmé, Nelligan, Prévert. Cela convient mieux à mon âge et à ma condition, ceux-ci n’ayant pas tenté de saisir le monde par l’intelligence, mais de le vivre simplement comme jadis les enfants du camp Ste-Rose gambadant dans les prairies de l’être, se moquant des questions universelles qui ne sont que l’écho de la fraîcheur du vent dans les chevelures enfantines folles et heureuses.
Avec pour voile l’empathie égalitaire-solidaire,
Et pour bateau la honte de l’impuissance.
J’accosterai au pays de Rimbaud
Et débarquerai à bon port
pour y marcher et m’y ressourcer
SENSATION DE RIMBAUD
Par les soirs bleus d’été
J’irai dans les sentiers
Ligoté par les blés
Fouler l’herbe menue
Rêveur j’en sentirai
La fraîcheur à mes pieds
Je laisserai le vent
Baigner ma tête nue
Je ne parlerai pas
Je ne penserai rien
Et l’amour infini
Me montera dans l’âme
Et j’irai loin très loin
Bien loin comme un bohémien
Par la nature
Heureux comme avec une femme
Par la nature
Heureux comme une femme
Le voyageur inconnu
Antique, si antique
Dans son jadis quantique.
Au mois de janvier 2001, je reçus une lettre de Jos Leroux. Il désirait faire une surprise à Renaud et avait commencé à faire des recherches pour réunir tous les acteurs du St-Vincent et du camp Se-Rose de jadis. Il me demanda dans quelle mesure j’accepterais de participer au financement.
Cher Jos,
Je finance tout. Serait-il possible de venir avec ton épouse aux Marquises. J’ai conservé dans un journal écrit plus ou moins au jour le jour toute la chronologie de l’époque. Peut-être qu’ensemble, on pourrait rassembler nos souvenirs pour que le passé rejaillisse dans toute sa beauté. Clermont serait le bienvenu tu sais, si t’arrives à mettre la main dessus entre deux escales. Je suis tout excitée à l’idée de cette fête-souvenir.
P.-S.
quand Clermont et toi viendrez
pourriez-vous apporter tout papier photo
archives permettant de compléter
ma documentation sur ce camp Ste-Rose
afin de lui remettre,
en reconnaissance pour la poésie qu’il nous a fait vivre,
un manuscrit racontant cet été 73 qui nous unit depuis
à travers temps et espace.
Marie
Miel pour les enfants.
Hélas, ni Jos ni Clermont ne purent venir aux Marquises.
Avant de repartir sur la route, Renaud avait laissé au petit gros des patibulaires de l’époque son journal écrit durant son été au théâtre le patriote, ainsi que d’autres intimités. Jos m’en envoya des photocopies, me demandant discrétion totale puisqu’il brisait ainsi le sceau de la confidentialité et qu’il ne se sentait pas très bien là-dedans. Je commençai donc mon livre par ce paragraphe tiré de ses écrits sur lui-même à la troisième personne qui n’eut de cesse de m’intriguer, à un point tel que je le remis en tête de plusieurs chapitres, y pressentant beaucoup plus des hiéroglyphes à décoder que la description vaniteuse de sa personne humaine. Comme si le fait d’habiter l’île de l’éternité de l’instant présent transformait n’importe qui vivant cela en un tel état comme ses mots tentent de le décrire dans son journal.
Il s’abreuvait depuis toujours aux frissons de l’éternité.
Cela lui semblait si naturel qu’il n’avait jamais pu comprendre
comment il se faisait que les humains puissent souffrir.
Son corps de 51 ans lui avait toujours paru sous la forme de la jeunesse éternelle.
La pureté de l’âme, la sensation continuelle de flotter deux pieds au-dessus du sol,
le rythme lent, amoureux, étonné, charmé. La sensation de ne rien peser,
de se fondre dans le tout avec ravissement, de saisir dans ses mains
l’air comme des milliers de pépites d’or.
Était-il artiste, poète de la vie, amant de l’être ou
son enfant naissant encore aux langes ?
Enfin l’été 2001 arriva. Je n’eus besoin que de mes filles et mes filles n’eurent besoin que de moi. Je ne sais trop comment expliquer. Je me sentais comme une voyageuse débarquant du train du devenir fou parce qu’elle réalise soudainement qu’il ne s’arrêtera que rendu à la destination finale, PLACE DE LA MORT. Quand elles descendirent de l’avion, Philippe retenant à son bras le petit Socrate, mes filles et moi ne pûmes nous retenir de courir en direction l’une de l’autre. Et cette euphorie de jouer nos vies en harmonie ne nous quitta pas d’une journée à l’autre sous le vent des Marquises. Qu’est-ce que le temps ? Il arrive qu’il parte en vacances.
Chaque matin au réveil, Nellie-Rose m’amenait une fleur du jardin en disant :
Joyeux anniversaire maman.
Il ne reste que cinquante jours
Avant le quinze août
Il n’en reste que quarante-neuf maman…
Il n’en reste que quarante-huit maman…
Qu’est-ce que le temps ? Il arrive qu’il revienne de vacances.
Certains matins, je retrouvais mes vingt ans. Il me semblait être chez mon père en lui disant :
Papa, depuis hier soir, je me meurs enfin d’amour.
Je me rappelais sa manière dont il mâchouillait le manche de sa pipe qu’il retenait des larmes de joie. Il aurait voulu me poser mille questions, mais…. On n’arrose pas d’eau fraîche une fleur qui a besoin de soleil pour assécher ses craintes. J’ajoutai…
Cet amour me fait souffrir
Vous devez bien vous en douter
Y a des douleurs qui se racontent mal
J’ai trop de passions bouillant au-dedans de moi
Pour que je me sente bien de les vivre à la maison
J’aimerais me louer un petit meublé demain
Si vous n’y voyez pas d’inconvénient.
Puis, il suffisait que je regarde ce visage un peu flétri dans le miroir pour que je reperde confiance en moi. Sans doute une plus jeune était-elle tombée sous le charme du vieux sage qu’il était déjà à l’époque sous ses airs d’indien flottant d’un calumet de paix à un autre.
Un soir, Gérard et les filles jouèrent de la musique et je dansai pieds nus. Qu’est-ce que le temps pour que je le danse ainsi, le fuyant d’une gambade, le harcelant d’un entre jambes, le séduisant d’une courbade, le remerciant pour ses bravades ? C’est ainsi que Frannie au violon, Nellie-Rose à la flûte et moi aux pieds tam-tam, Au cœur fem-fem, tentâmes de séduire l’inaccessible.
Mais on ne provoque pas le temps par la danse, car à son tour il commence à danser autour de vous, autour de vous, vautour de vous, vautour de vous, autour de vous, vautour.
Le 3 août 2001, je reçus une lettre de la communauté où travaillait jadis mon père.
Chère Madame ,
Un homme qui vous a beaucoup aimé
Et qui a bien connu votre père
Est décédé chez nous, durant son sommeil
Alors qu’il vivait une retraite fermée.
Ses cendres ont été déposées
Selon sa volonté,
Dans une urne, qui repose
Chez nous
Au couvent des sœurs grises
On m’a confié la lourde tâche
De vous le communiquer
Puisque selon son testament
Vous ne devriez être avertie
Qu’une semaine après le fait
Sœur Hélène
Jos m’appela le soir même. Tout avait été annulé. La fête du camp Ste-Rose n’aurait pas lieu. Par contre, il y aurait une messe chantée par les chansonniers le 16 août au matin, à l’église Bonsecours, là où le poète Paul Gouin avait été jadis accompagné dans son départ vers l’au-delà.
« Un homme qui vous a beaucoup aimé »
Nonnnnnnnnn
Et je m’enfermai dans une prison de souffrance. Aucun cri, aucune larme, que la chute d’un corps dans un ravin, sans fin, déjà mort au milieu de nulle part.
Nous étions le treize août. J’étais atterrée. Deux jours avant le rendez-vous de ma vie.
Nellie-Rose revint dans ma chambre avec trois sacs à dos.
Maman ne dis pas un mot
Frannie et moi on part avec toi à Montréal.
Et nous prime l’avion. Toutes les trois.
« Un homme qui vous a beaucoup aimée » Cette phrase tournoyait dans ma tête, plongeant tout à coup dans le lac de mon cœur, pour nager par mes sens allumés d’un passé jaillissant comme on jaillit parfois lorsqu’on découvre au pourtour d’un sentier de forêt une source pure conduisant à une chute, comme la chevelure d’une jeune fille heureuse mène à la chute de ses reins.
« Un homme qui vous a beaucoup aimée »
Il avait fallu en plus que j’écrive le livre de nos amours, lui poète perdu dans les folies de sa passion de donner aux autres la beauté qui l’habitait, moi fascinante égarée dans le rôle qu’il m’avait dessiné dans le tableau de vie de ses rêves. Parfois, jadis, quand on lui demandait comment il allait, il répondait.
Oh ça va bien, j’habite ma lune.
Et l’avion glissait dans le ciel en saluant sa lune.
Comme je m’étendis en sa mort
Pour enfin pleurer ma vie
Chacune de mes filles
M’accompagnant de leurs mains
Plongées dans les miennes et mes sentiments.
Les employeurs ne sont pas tous contre la somnolence au travail. Et cela grâce aux clowns du rire qui sont là pour les convaincre de l’effet placebo du rire en entreprise.
Le rire est bon pour la santé. C’est connu. Mon médecin se plaisait à dire «Fais dilater ta rate avant de t’endormir, tu vas passer une excellente nuit de sommeil». Jusque là, pas de problème. Le rire est un réflexe naturel généralement positif. Il trahit souvent un trait de personnalité agréable pour l’entourage et facilite la communication.
De là à provoquer le rire artificiellement, voire à l’imposer comme soi-disant thérapie en entreprise, il y a une marge significative que seuls les patrons peuvent avoir intérêt à franchir.
C’est pourtant le nouveau courant auquel tente de nous attacher Michel Abitbol et son club de rire de Montréal qui affirme que la création d’un climat de rire en entreprise rend tout le monde plus heureux et plus efficace.
Il ne s’agit pas que de rire, hélas ! Il s’agit en fait d’une forme particulièrement aliénante du néo-positivisme « carnégien ». Là où Wall-Mart met dans la tête de ses employés exploités qu’ils sont en fait des associés de l’entreprise, sans aucun rapport avec la définition réelle du mot associé, ici le rire intervient comme placebo afin de substituer dans la tête du personnel l’acceptation béate de ses conditions de travail à la saine colère ou à un esprit critique et contestataire naturel quant aux relations patrons-employés, généralement fondées sur des bases inégales.
Mon père, un boucher de son métier, était l’un des fondateurs du syndicat de l’alimentation, affilié à l’époque à la CSN. Il avait l’habitude de dire, devant la résistance de certains groupes de travailleurs à signer leur carte syndicale « Crisss, ça fait 20 ans qu’ils mangent de la « marde » et après 20 ans ils la trouvent encore bonne ! ». Que dire de ceux qui s’associent à leur employeur pour rire de leur propre sort ? Après les syndicats jaunes, voilà maintenant une raison de rire jaune !
Oups ! j’allais oublier. Aujourd’hui c’est le 1er mai, fête internationale des travailleurs. Pour souligner l’événement, le gouvernement du Québec vient de majorer le salaire minimum à un maigre taux horaire de 7,75 $. Si vous trouvez ça drôle M. Abitpol, riez tant que vous voudrez. On saura vraiment avec qui et de qui vous riez.
Commentaires (anciens)
1. Le mardi 6 juin 2006 à 19:53, par lamer308
Je comprends votre critique de la thérapie du rire en entreprise, mais je suis moins sévère que vous. Les effets bénéfiques du rire sur la santé sont démontrés. De plus, l’un des objectifs du rire est la paix mondiale. Si vous êtes capable de rire avec un étranger, ( ennemi, patron, collègue, inconnu…) il est peu probable que vous sortiez votre fusil pour tirer. C’est une façon comme une autre de dédramatiser la vie.
C’est bien triste que des gens soient obligés d’apprendre des techniques pour pouvoir rire. C’est comme la danse quand on maîtrise la technique on la dépasse.
2. Le lundi 25 juin 2007 à 16:50, par Jipé
A propos de l’usage du rire en entreprise, et de ses effets pervers, une enquête a été menée par un sociologue dans une fabrique de canapés de l’Ouest de la France. C’est décapant ! Et ça peut oter aux naïfs leurs dernières illusions sur l’entreprise dite citoyenne. Ca s’appelle : Les succursales du rire (de l’usage du comique en entreprise) et c’est paru aux Editions Imago, à Paris.
3. Le mardi 26 juin 2007 à 19:26, par Claude Demers
Merci M. Jipé de votre commentaire. Je ne connaissais pas cet ouvrage mais je suis très heureux de voir que tous ne sont pas aussi naĩfs que certains le voudraient.
Claude Demers
Personne ne mettra en cause la bonne foi souverainiste de Michel Tremblay ou de Robert Lepage. C’est pourquoi leurs déclarations respectives à savoir qu’ils ne peuvent plus s’identifier à un mouvement dont la principale justification est devenue économique ne manqueront pas d’en bouleverser plus d’un.
Malgré tout et malgré l’empathie qu’on peut éprouver pour un mouvement aussi naturel que culturel qu’est le mouvement populaire né de la lutte pour l’égalité nationale, on ne peut ignorer que celui-ci prend quand même ses sources dans l’économie. La langue, le territoire et la culture sont certes indissociables de la question nationale et certainement des enjeux majeurs pour le mouvement national, mais sans la lutte pour l’égalité et l’autonomie économique, ce mouvement ne serait rien d’autre qu’un mouvement nationaliste étroit, avec des réflexes isolationnistes par rapport aux voisins et chauvins par rapport aux minorités ethniques.
L’économie n’est pas devenue la principale justification du mouvement souverainiste. Elle l’a toujours été. Les aspirations nationales d’un peuple s’articulent depuis tous les temps autour de la lutte contre l’oppression ou pour l’égalité économique et politique. Depuis la Révolution française qui a donné naissance à la nation mettant de l’avant les intérêts économiques de la bourgeoisie face à l’empire féodal jusqu’aux mouvements de libération contre le néo-colonialisme dans les pays en développement, les enjeux économiques furent au coeur de toutes les révolutions nationales partout dans le monde. Au Québec ce n’est pas différent et la recherche de l’appui économique des États-Unis n’est pas nouvelle non plus. Michel Tremblay aurait-il oublié que dès le tout premier gouvernement péquiste, celui-ci s’est empressé d’organiser une tournée de ses dirigeants aux États-Unis afin de rassurer nos voisins du Sud sur le projet indépendantiste ? Il n’y a pas de lutte nationale sans lutte pour le contrôle en premier lieu du marché national, même si aujourd’hui, à l’époque de l’impérialisme et du néo-libéralisme, cette notion devient de plus en plus équivoque. Tout au moins si on se fie à l’aplatventrisme des dirigeants péquistes qui ont donné un appui quasi inconditionnel du Québec au libre-échange avec les États-Unis, tout en étant conscients du danger que représentent les clauses les plus envahissantes de l’Accord du libre-échange sur notre souveraineté économique.
Ce qui est désolant en fait ce n’est pas tant la place de l’économie dans le mouvement souverainiste que l’enracinement à droite de ce mouvement qui s’est développé au cours des ans et cela, malgré le « préjugé favorable » de René Lévesque envers les travailleurs en 1976-1977 et malgré certains soubresauts des dirigeants péquistes surtout lorsqu’ils approchent la fin de leur mandat.
S’il y a quelque chose de nouveau aujourd’hui, c’est sans doute l’option qui se manifeste avec la naissance de Québec Solidaire qui concilie pour la première fois le mouvement souverainiste québécois à une politique sociale et à une politique économique de gauche cohérentes. L’enjeu n’est pas et ne sera jamais de savoir si l’économie sera la principale justification du mouvement souverainiste ou non, mais avant tout de savoir si l’orientation économique du mouvement national correspond à un véritable projet social distinct, un projet qui deviendra déterminant quant aux choix politiques que ce mouvement aura à faire, y compris sur la question de la souveraineté. Une perspective nouvelle qui prend forme et qui devrait réjouir en fait, tous les Michel Tremblay et Robert Lepage du Québec.
Je suis le danseur de Salsa
Celui qui fige le regard des femmes
Qui virevolte et vous enflamme
Sans jamais se tromper de pas.
Madame,
Connaissez-vous le secret de ma passion ?
Celle qui fait perdre la raison,
Et transforme la froideur en un coeur doux.
Suivez ma cadence déchaînée.
Oubliez du quotidien les contraintes.
Chassez de votre coeur les lourdes plaintes.
Follement, laissez-moi vous entraîner
Dans la chaleur de mon enfer
Où le diable et la femme en transes,
Gaiement, en toute liberté, se touchent et dansent,
Sur la musique complice de mes vers.
Jean-François Lépine est parti à la chasse au nouveau péril jaune l’automne dernier. Il revient donc au pays avec un merveilleux butin. Les Chinois sont ingénieux, sournois, assoiffés, calculateurs, mais surtout ils sont très nombreux. La population de Chine à elle seule équivaut à celle du reste du globe. Il n’en faut pas plus pour que tout à coup on redécouvre la Chine menaçante du péril jaune, sur le plan économique cette fois. Les épithètes ne manqueront pas pour illustrer ce nouveau danger. « Conquérante », « invasion », « menace » « compétition déloyale » etc.
Bien sûr, on emploie ces termes sous forme d’allégories. C’est comme ça qu’on fait en économie, en histoire et pourquoi pas en géopolitique. Il ne faut surtout pas s’en offusquer. Néanmoins, ces gratuités ne sont pas sans alimenter les plus vieux préjugés conservateurs et parfois racistes dont s’abreuvent en France et ailleurs dans le monde les Jean-Marie Le Pen de tout acabit pour identifier la cause de tous les maux de la société.
« On connaît tous quelqu’un qui a perdu son emploi ou une entreprise qui a dû fermer, des gens d’affaires qui ont eu un choc, ou d’autres qui ont fait fortune à cause de la Chine. La concurrence chinoise affecte déjà nos vies, et elle devrait aller en s’accentuant. » affirme impérieusement Jean-François Lépine. C’est à ce genre de gratuité, dite dans des mots enrobés de chocolat fondant que j’en ai. Non, monsieur Lépine, moi je ne connais personne de ce genre. Mais j’en connais qui sont sans emploi ou qui ont dû fermer leur entreprise à cause du mal fonctionnement de notre système économique. À cause d’un système de propriété et de répartition inéquitable et de la vision à courte vue de nos dirigeants politiques qui n’ont pas su appliquer au domaine économique et social l’équivalent d’un développement durable dans le domaine environnemental. Avant que vous ne découvriez l’existence de la Chine et peut-être aussi de l’Afrique ou de l’Amérique latine, le péril jaune prenait la forme d’une menace d’agression armée. Nos bonnes consciences occidentales nous travaillaient l’esprit avec l’idée qu’à force de tenir des populations entières à l’écart de la richesse du monde et à force de piller leurs ressources ou de leur imposer un blocus économique, lorsqu’elles nous refusaient leur docilité, celles-ci voudraient un jour prendre leur revanche. On les condamnait d’avoir un système économique différent du nôtre. D’avoir un mode de pensée différent du nôtre. D’avoir des alliés différents des nôtres. En somme, on les condamnait d’être différentes, tout simplement. Et maintenant qu’elles ont pris le virage qu’on voulait les voir prendre et qu’elles jouent les règles du capitalisme mondial, voilà qu’on les présente comme une nouvelle forme de menace.
La triste réalité, c’est que ces populations ne nous ont jamais vraiment intéressées. C’est leur marché qui nous intéresse. Et de voir qu’un pays comme la Chine, avec un marché à faire rêver tous les Bill Gates du monde, envisage de se prendre en main, cela est terriblement désolant. Comme un rêve qui s’écroule brutalement.
N’avons-nous pas eu nos Crows Nest Pass et nos Pacte de l’automobile pour protéger notre marché intérieur jusqu’au jour où certains ont jugé que ces marchés devenaient trop étroits ? Le libre-échange fut le signal d’un nouveau comportement dans le but de faciliter la pénétration des échanges pour ne pas dire de l’approvisionnement et de la mainmise sur les marchés extérieurs. Devions-nous nous attendre à ce que le libre-échange fonctionne à sens unique ? Il faut croire que certains l’ont cru. Quand les salaires inférieurs versés aux populations asiatiques permettent à nos entreprises d’aller s’établir dans leurs pays pour concurrencer directement notre marché du travail et les acquis socio-économiques de nos travailleurs syndiqués, voilà un moindre mal. Mais quand la Chine s’avise de jouer le jeu à son tour et de supplanter nos entreprises par le jeu de la concurrence, voilà qui est une vraie menace. Tout devient alors inacceptable. On invoque les droits de la personne et les contraintes aux libertés religieuses. On invoque le contrôle absolu du parti sur les universités et la recherche. Et quand on aura plus d’arguments, bien sûr, on en trouvera d’autres encore. Les Chinois doivent nous trouver bien pathologiques dans notre manière de raisonner.
Parlant des intentions de la série, Jean-François Lépine affirme « Cette machine-là envahit le monde avec ses produits. Elle pose un défi énorme à nos économies, à tous les niveaux. Il faut comprendre la menace et en tirer une opportunité, prévoir plutôt que vivre une peur paralysante. » Soit ! Les intentions sont bonnes et l’information n’est jamais inutile, même si les affirmations sont souvent contradictoires. Mais si le défi se pose à tous les niveaux, l’analyse doit, elle aussi, se faire à tous les niveaux et ne pas se confiner au seul problème du marché et de la concurrence, un problème qui ne concerne que le grand capital, celui-là même qui n’a qu’un seul niveau de pensée, celui des milliards qu’il peut empocher en profits. Et cela, peu importent les conséquences sur nos populations et celles de la Chine.
Commentaires (ancien)
1. Le lundi 13 mars 2006 à 17:23, par Gorillo
De ce que j’ai entendu de J-F Lépine à la radio, concernant ses reportages, et qui m’a laissé sur un vide, c’est ce très fort pourcentage de la population qui vit dans la pauvreté dans ce pays en voie de grand développement économique. Je crois que la loi du marché comme loi déterminant les autres, est comme tout les aveuglements, elle est bête et sauvage. Il me reste un rêve avant de quitter ce monde, dans une trentaine d’année, probablement, celui que l’ennemi qui mobilise nos ressouces, nos intelligences et nos talents d’entrepreneur, soit celui de l’élimination de la faim, de la pauvreté organisée, de la répartition des richesses on ne peut plus grave que nous en sommes témoins plusieurs fois par jour. Mobiliser les humains de monde entier et les meilleures ressources pour y arriver, voilà ce que j’aimerais voir entrepris avant mon crépuscule.
2. Le lundi 13 mars 2006 à 18:05, par Danielle
Je partage ton indignation, Claude. Le reportage de Lépine est d’un parti pris évident. Il faut par contre se garder de tomber dans le tout ce qui est étranger est forcément exotique et donc meilleur. Comme certains tiers-mondistes prêts à accepter n’importe quoi au nom de la différence. La Chine reste quand même un pays aux multiples violations aux droits de la personne et aux droits du travail.
3. Le lundi 13 mars 2006 à 18:57, par Claude
Bonjour Danielle,
Pour dire le vrai, je ne suis pas vraiment indigné. Et ce n’est pas tant, non plus, le parti pris de Jean-François Lépine qui me déplaît dans ce reportage, que le côté Grand Seigneur et le manque de profondeur d’un reportage classé justement dans la section « Nouvelles en profondeur » sur le site WEB de Radio-Canada. Je n’ai jamais pensé non plus que tout ce qui venait de Chine devait nécessairement être meilleur, sinon peut-être le Canard de Pékin :-). Et les violations des droits de la personne en Chine, je ne les ignore pas davantage.
Mais là n’est pas la question. La menace venant de Chine à laquelle fait référence Jean-François Lépine c’est une menace économique liée au fait que les Chinois, voyant nos investisseurs prendre la place dans leur pays ont découvert qu’ils pouvaient très bien faire la « job » eux-mêmes. Mettre à profit notre expertise, s’emparer de nos savoirs et en bout de ligne bénéficier eux-mêmes de ces acquis. Sous-jacent à cette analyse il y a cette idée que notre savoir ne devrait pas finalement aider les Chinois à se prendre en main mais uniquement permettre à nos entreprises de faire beaucoup d’argent chez eux. Pire, il y a aussi cette idée que la Chine se développe économiquement et industriellement à une telle vitesse que bientôt elle n’aurait plus besoin de nous pour répondre aux besoins de son marché grandissant puisqu’elle pourrait même envahir nos propres économies, voire nous déloger dans notre propre marché. En d’autres mots, ce qui est bon pour nous en Chine, ne le serait pas pour les Chinois chez nous.
Cette vision à un poids deux mesures n’en n’est pas moins une conséquence logique d’une compréhension qui refuse de porter l’analyse au-delà de la question du marché. La règle d’or du néo-libéralisme. La stratégie préconisée par la série se résume à l’idée de mieux connaître les Chinois. Augmenter la présence de nos représentants commerciaux. Mieux les voir venir pour mieux s’implanter solidement chez eux ou à leur place. On est loin des espoirs de Gorillo dans le commentaire précédent que je partage tout à fait d’ailleurs. On est loin surtout d’une véritable stratégie de développement économique tant pour la Chine que pour notre propre économie. On en est loin parce qu’une telle stratégie mettrait sans doute en cause les fondements mêmes de nos approches économiques, pour ne pas dire de notre système économique.
Quant à l’invocation des droits de la personne dans le reportage, elle n’a aucun rapport avec l’enjeu du sujet. Normalement on invoque cette question pour justifier un blocus comme ce fut le cas en Afrique du Sud durant les dernières années de l’Apartheid. Mais ici l’objectif ne vise qu’à démontrer qu’on ne peut pas faire confiance à la Chine et que ses dirigeants sont mal intentionnés. Il ne s’agit donc pas de réduire nos investissements en Chine mais au contraire, de les augmenter et cela au profit exclusif des investisseurs, comme si ce qui était bon pour les investisseurs devait nécessairement être bon pour tous.
4. Le lundi 13 mars 2006 à 19:45, par Gaétan
Je trouve très pathétique en effet ces derniers reportages concernant la Chine. Comme si c’est seulement les pays dits occidentaux qui auraient le monopole du développement économique et le droit aux profits. La semaine précédente de ces reportages, ont discutait de la difficulté des entreprises étragères pour exploiter les richesses naturelles de la Chine. Ben voyons donc, il me semble qu’un gouvernement souverain doit assurer le contrôle de ses propres richesses ! C’est à rien n’y comprendre. J’aimerais bien que nos gouvernements appliquent une réglèmentation plus sévère vis à vis les entreprises tant étrangères et nationales en ce qui concernement nos richesses naturelles.
La guerre éconimique face à la Chine ne fait que débuter. Déjà, au début de cette année des monopoles américains se sont entendus pour bloquer l’achat d’un conglomérat pétrolier par les chinois. Dans cette logique d’une course aux marchés économiques mondiaux, il ne faut pas se leurrer, la Chine, l’inde et le Brésil entre autres, sont des puissances avec lesquelles il faut tenir copte. Est-ce que ce sera pour le mieux pour le reste de la planète, celà reste à voir.
Beauté bleue, ange de mes nuits perverses.
Nue et froide qui colle sur ma peau.
Donne-moi tes seins. Donne-moi tes fesses.
Ouvre tes cuisses et courbe le dos
Regarde-moi. Savoure mon délire.
Laisse ton venin m’épaissir la bouche.
Goûte avec moi ce langoureux plaisir
Qu’avec mes doigts et mes lèvres je touche.
Dévorant fantasme de mon esprit,
Toi la plus belle, la plus sensuelle.
L’érogène que je respir’ la nuit.
Mon rêve, ma divine, l’étincelle.
Celle qui allume au creux de mon lit
Le feu sacré de l’ Amour éternel.
Le Dr. Pascot est directeur du département SIO (Systèmes d’information organisationnels) à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval. Il s’intéresse de près au phénomène du logiciel libre qu’il analyse d’un point de vue non seulement technologique mais aussi philosophique.
Dans son papier intitulé « Copier c’est voler… » le Dr. Pascot pose la problématique du logiciel en tant que produit social et l’expression de la somme des connaissances accumulées pour sa fabrication. Il juxtapose ce constat à celui de l’appropriation privée de la connaissance par les fabricants de logiciels commerciaux. Ce qui l’amène à cette réflexion : «…le voleur n’est peut-être pas celui qui crie le plus fort ! »
Daniel Pascot dirige le cours « Logiciels libres et société » à l’Université Laval. Ce cours est accessible en ligne à l’adresse suivante : Cours du docteur Pascot
J’ai l’amour qui pixelise
Sur mon écran en virtuel
Des mots brisés que numérise
Un coeur perdu qui bat de l’aile
J’ai l’amour.ca
J’ai l’amour.si
J’ai l’amour qui va
J’ai l’amour qui fuit
À se refaire les dents
Sur les années perdues
L’amour en ligne qui tourne au vent
Des élans soudains et des malentendus
J’ai l’amour.ca
J’ai l’amour.si
J’ai l’amour qui va
J’ai l’amour qui fuit
Sur mes neurones électroniques
La dopamine aux zones franches
Excite mon coeur qui fait des clics
Quand je m’agite. Quand je me branche
J’ai l’amour.ca
J’ai l’amour.si
J’ai l’amour qui va
J’ai l’amour qui fuit
Quand je te vois mon bel amour
Que je te touche en temps réel
Que mon ordi va faire un tour
Que tu me montes au septième ciel
J’ai l’amour qui va
J’ai le coeur qui plie
Je fais l’amour comme ça
Je ne suis plus comme si