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Sans rire

Faites-moi rire

dentsLes employeurs ne sont pas tous contre la somnolence au travail. Et cela grâce aux clowns du rire qui sont là pour les convaincre de l’effet placebo du rire en entreprise.

Le rire est bon pour la santé. C’est connu. Mon médecin se plaisait à dire «Fais dilater ta rate avant de t’endormir, tu vas passer une excellente nuit de sommeil». Jusque là, pas de problème. Le rire est un réflexe naturel généralement positif. Il trahit souvent un trait de personnalité agréable pour l’entourage et facilite la communication.
De là à provoquer le rire artificiellement, voire à l’imposer comme soi-disant thérapie en entreprise, il y a une marge significative que seuls les patrons peuvent avoir intérêt à franchir.

C’est pourtant le nouveau courant auquel tente de nous attacher Michel Abitbol et son club de rire de Montréal qui affirme que la création d’un climat de rire en entreprise rend tout le monde plus heureux et plus efficace.

Il ne s’agit pas que de rire, hélas ! Il s’agit en fait d’une forme particulièrement aliénante du néo-positivisme « carnégien ». Là où Wall-Mart met dans la tête de ses employés exploités qu’ils sont en fait des associés de l’entreprise, sans aucun rapport avec la définition réelle du mot associé, ici le rire intervient comme placebo afin de substituer dans la tête du personnel l’acceptation béate de ses conditions de travail à la saine colère ou à un esprit critique et contestataire naturel quant aux relations patrons-employés, généralement fondées sur des bases inégales.

Mon père, un boucher de son métier, était l’un des fondateurs du syndicat de l’alimentation, affilié à l’époque à la CSN. Il avait l’habitude de dire, devant la résistance de certains groupes de travailleurs à signer leur carte syndicale « Crisss, ça fait 20 ans qu’ils mangent de la « marde » et après 20 ans ils la trouvent encore bonne ! ». Que dire de ceux qui s’associent à leur employeur pour rire de leur propre sort ? Après les syndicats jaunes, voilà maintenant une raison de rire jaune !

Oups ! j’allais oublier. Aujourd’hui c’est le 1er mai, fête internationale des travailleurs. Pour souligner l’événement, le gouvernement du Québec vient de majorer le salaire minimum à un maigre taux horaire de 7,75 $. Si vous trouvez ça drôle M. Abitpol, riez tant que vous voudrez. On saura vraiment avec qui et de qui vous riez.

Commentaires (anciens)

1. Le mardi 6 juin 2006 à 19:53, par lamer308

Je comprends votre critique de la thérapie du rire en entreprise, mais je suis moins sévère que vous. Les effets bénéfiques du rire sur la santé sont démontrés. De plus, l’un des objectifs du rire est la paix mondiale. Si vous êtes capable de rire avec un étranger, ( ennemi, patron, collègue, inconnu…) il est peu probable que vous sortiez votre fusil pour tirer. C’est une façon comme une autre de dédramatiser la vie.
C’est bien triste que des gens soient obligés d’apprendre des techniques pour pouvoir rire. C’est comme la danse quand on maîtrise la technique on la dépasse.

2. Le lundi 25 juin 2007 à 16:50, par Jipé

A propos de l’usage du rire en entreprise, et de ses effets pervers, une enquête a été menée par un sociologue dans une fabrique de canapés de l’Ouest de la France. C’est décapant ! Et ça peut oter aux naïfs leurs dernières illusions sur l’entreprise dite citoyenne. Ca s’appelle : Les succursales du rire (de l’usage du comique en entreprise) et c’est paru aux Editions Imago, à Paris.

3. Le mardi 26 juin 2007 à 19:26, par Claude Demers

Merci M. Jipé de votre commentaire. Je ne connaissais pas cet ouvrage mais je suis très heureux de voir que tous ne sont pas aussi naĩfs que certains le voudraient.
Claude Demers