Fallait-il mettre ce mot dans la rubrique Édito ou dans la rubrique Repères ? Voilà un bien maigre dilemme au moment où Barak Obama est investi des pleins pouvoirs à la présidence des États-Unis. Pour le moment, je navigue entre mon blogue et la télé espérant que l’ouverture sur le monde qu’annonce le nouveau président des États-Unis, par opposition à la politique de confrontation de son prédécesseur, Georges W. Bush, convertira l’ immense espoir de paix suscité par son élection, en réalité.
Si seulement la politique américaine était celle d’un seul homme, d’un seul président. Hélas! Obama est à la tête du Parti démocrate et l’histoire démontre que dans la solution des grands enjeux internationaux et nationaux, la liberté et la démocratie n’ont jamais été l’oeuvre d’une grande personnalité. En la matière, les Démocrates et les Républicains se sont perpétuellement échangé les bonnes manières. Paradoxalement, ce sont les démocrates, avec une autre grande personnalité porteuse d’espoir, John F. Kennedy, qui ont attaqué militairement Cuba, sans avertissement, avec entre autres la mission d’assassiner Fidel Castro. C’est encore le successeur de Kennedy, Lyndon B. Johnson un autre Démocrate, qui a déclenché les premières attaques militaires contre le Vietnam, tandis qu’il a fallu attendre la venue au pouvoir d’un Républicain, Richard Nixon, pour signer les Accords de Paris qui allaient en 1973 mettre fin à la guerre du Vietnam.
L’histoire moderne des États-Unis est marquée par une lutte féroce entre le complexe militaro-industriel et le monde financier, dont les intérêts ont fini par fusionner au cours des dernières décennies, au point de faire disparaître pratiquement toutes les différences apparentes entre Démocrates et Républicains. Dans la forme et le discours toutefois, les Démocrates ont toujours tenu un propos plus proche des préoccupations populaires. Avec l’isolement politique et la haine suscitée à leur égard dans le monde ; avec des centaines de milliards de dollars détournés vers l’industrie militaire et l’une des plus graves crises financières de leur histoire, une crise qui s’accompagne de millions de mises à pied et de centaines de milliards de dollars détournés cette fois vers les grandes institutions financières et en l’absence d’une alternative politique de masse, le discours de Barack Obama ne peut pas ne pas laisser une empreinte profonde auprès de la population américaine ainsi qu’ un grand espoir de renouveau et de dialogue à travers le monde.
Les principaux défis d’Obama
La liste est longue des principaux défis qu’attendent Obama. Il a lui-même mis la barre assez haute en s’engageant à fermer rapidement la prison de Guantanamo et d’ordonner le retrait des troupes américaines d’Irak. Dans son discours il a maintenu sa décision de faire reposer le développement économique des États-Unis sur les acquis de la science et de la technologie, notamment dans le domaine environnemental. Il devra toutefois composer avec la contradiction de sa politique en Irak et celle de poursuivre la guerre en Afghanistan ; entre sa déclaration d’une politique de dialogue et de paix, notamment avec les dirigeants iraniens et son appui aux Israéliens dans la guerre de ces derniers contre les Palestiniens.
Donnons la chance au coureur serait sans doute la formule la plus appropriée ici. Mais retenons que d’autres enjeux majeurs attendent le nouveau président des États-Unis. Pour être conséquent avec ses propos sur un monde de paix, de dialogue et libéré des tensions militaires, les États-Unis devront mettre fin à leur projet d’installation des missiles soi-disant antimissiles, pouvant atteindre la Russie à partir de la Pologne. Plus près de chez eux, ils devraient non seulement fermer la prison de Guantanamo, mais mettre fin à leur embargo économique contre Cuba. Ils devraient en fait se retirer complètement de Guantanamo et retourner ce territoire à son propriétaire cubain tout comme ils devraient cesser leurs efforts de déstabilisation en Amérique latine.
Les mois qui viennent nous diront vraiment ce que peut faire une forte personnalité démocrate à l’intérieur d’un gouvernement et d’un parti dont la tradition repose généralement sur la défense des intérêts des puissances économiques qui dirigent vraiment ce pays. Chose certaine, la grandeur de l’espoir que fait naître Barack Obama aujourd’hui, illustre au plus haut point le désaveu des politiques américaines tant aux États-Unis que dans le monde. Il illustre aussi l’énorme appui dont jouit le nouveau président des États-Unis.
Le plus grand défi d’Obama sera de cultiver cet appui par sa détermination à réorienter la politique américaine et sa capacité de mobiliser la population et les forces démocratiques à chaque fois que le pouvoir du complexe militaro, industriel et financier, toujours bien représenté tant chez les Démocrates que chez les Républicains, voudra maintenir l’orientation néolibérale du précédent gouvernement US.