D’après Richard Martineau, la victoire de Trump serait pleinement attribuable à la maudite gauche, à tel point qu’il est « très drôle de voir certains gauchistes manifester bruyamment » car ils se trompent de cible.
Le chroniqueur réactionnaire nous donne alors une leçon sur la direction que devrait prendre le progressisme de demain :
(1) La fausse gauche : Martineau cite tout d’abord une sociologue française, Dominique Méda, qui considère avec raison que d’importants partis occidentaux comme le Parti socialiste de F. Hollande et Parti démocrate d’H. Clinton ont abandonné leur base traditionnelle « en singeant la droite ».
En quoi cela peut-il choquer Martineau, lui qui reproche constamment aux partis comme Québec solidaire d’être perdus quelque part « à gauche de la gauche » (12 mai).
(2) La vraie gauche dévoyée : Quant aux progressistes restants, celles et ceux qui se préoccupent, entre autres, d’écologie, de féminisme et des droits LGBTQ, le Franc-tireur les invite à renoncer à ces délires insignifiants pour se centrer uniquement sur les conditions des travailleurs :
« La gauche a abandonné les travailleurs pour s’intéresser aux marginaux. Les toilettes pour transgenres, la rectitude politique, l’appropriation culturelle, les safe zones dans les universités… Autant de «problèmes» qui passent 25 000 pieds par-dessus la tête de monsieur et madame Tout-le-Monde ».
En si bon chemin, Martineau nous révèle enfin ce que doit être le modèle de la gauche d’aujourd’hui : le Front national!
(3) Une gauche connectée sur le vrai monde : « Quoi qu’en pensent ceux qui diabolisent Marine Le Pen sans jamais avoir lu son programme, économiquement, le Front national défend une politique de gauche ».
Pis comme le monde ordinaire se contrefiche de justice sociale et des minorités opprimées, il revient au FN de combattre les vrais problèmes comme l’immigration et la mondialisation :
« Qui parle de la valeur du travail, de la faiblesse des salaires, de la délocalisation des entreprises, du chômage rampant et des victimes de la mondialisation, qui tirent le diable par la queue? Le Front National ».
Autrement dit, selon Martineau, une bonne gauche devrait être de droite, l’avenir se trouvant dans l’ultranationalisme identitaire. Tant qu’à être mélangé, aussi bien mélanger aussi ses milliers de lecteurs…
Attention ! Il faut éviter de dénoncer les arguments simplistes de Martineau par d’autres arguments simplistes. Marine Le Pen et Donald Trump sont de la droite certes et il s’agit d’une droite dangereuse dont il faut se méfier. Mais cela ne devrait pas nous aveugler sur les dérives de la gauche qui n’a eu de cesse de s’aggraver au cours des ans, surtout depuis la fin des années ’90. Quand la gauche épouse une vision de droite elle n’est plus à gauche. François Hollande n’est pas un « leader » de gauche et Hillary Clinton est davantage une Républicaine que bien des Républicains américains. Sur les enjeux internationaux en particulier. On a qu’à penser à Ron Paul qui réclame depuis des années la fin de la politique hégémoniste des États-Unis à travers le monde.
Quand on se promène dans Griffintown et qu’on voit d’immenses condos avec en facade une toute aussi immense pancarte « Fonds de solidarité de la FTQ » on se demande comment cette dernière peut se ranger du côté des citoyens qui dénoncent l’embourgeoisement du quartier et l’aggravation des conditions de vie de ses citoyens.
En refusant une analyse plus profonde des raisons qui ont amené les Américains à voter pour Trump on ne peut arriver qu’à la conclusion que c’est le peuple américain qui est dérangé, dans le sens pathologique du terme. Berthold Brecht disait au début des années ’50 quelque chose comme « Lorsque les généraux ont raison et que le peuple a tort » c’est peut-être qu’il faudrait remplacer le peuple ».
Il y a dans les arguments de Martineau un fond de vérité qui devrait nous faire réfléchir même si ses arguments sont biaisés par son idéologie de droite. L’élection américaine est une forme de rejet du néolibéralisme expansionniste qui coïncide (je dis bien coïncide) avec une approche de gauche tandis que le vote pour Hillary Clinton représentait davantage l’idéologie républicaine belliqueuse traditionnelle.
Il faut croire que les Américains ont jugé moins dangereuse la démagogie de Donald Trump que ses dérives outrancières. La gauche bien pensante ne pourra pas se relever d’une telle défaite, toute comme la gauche européiste sans se remettre en question.
Voici l’article que j’ai écrit sur l’élection américaine à 3 heures du matin la nuit des élections : http://demers.qc.ca/?p=2685
Réponse au commentaire de Xavier Camus sur Facebook re : Trump et Richard Martineau
Ici vous trouverez le commentaire initial de Xavier Camus suivi de ma réponse :
D’après Richard Martineau, la victoire de Trump serait pleinement attribuable à la maudite gauche, à tel point qu’il est « très drôle de voir certains gauchistes manifester bruyamment » car ils se trompent de cible.
Le chroniqueur réactionnaire nous donne alors une leçon sur la direction que devrait prendre le progressisme de demain :
(1) La fausse gauche : Martineau cite tout d’abord une sociologue française, Dominique Méda, qui considère avec raison que d’importants partis occidentaux comme le Parti socialiste de F. Hollande et Parti démocrate d’H. Clinton ont abandonné leur base traditionnelle « en singeant la droite ».
En quoi cela peut-il choquer Martineau, lui qui reproche constamment aux partis comme Québec solidaire d’être perdus quelque part « à gauche de la gauche » (12 mai).
(2) La vraie gauche dévoyée : Quant aux progressistes restants, celles et ceux qui se préoccupent, entre autres, d’écologie, de féminisme et des droits LGBTQ, le Franc-tireur les invite à renoncer à ces délires insignifiants pour se centrer uniquement sur les conditions des travailleurs :
« La gauche a abandonné les travailleurs pour s’intéresser aux marginaux. Les toilettes pour transgenres, la rectitude politique, l’appropriation culturelle, les safe zones dans les universités… Autant de «problèmes» qui passent 25 000 pieds par-dessus la tête de monsieur et madame Tout-le-Monde ».
En si bon chemin, Martineau nous révèle enfin ce que doit être le modèle de la gauche d’aujourd’hui : le Front national!
(3) Une gauche connectée sur le vrai monde : « Quoi qu’en pensent ceux qui diabolisent Marine Le Pen sans jamais avoir lu son programme, économiquement, le Front national défend une politique de gauche ».
Pis comme le monde ordinaire se contrefiche de justice sociale et des minorités opprimées, il revient au FN de combattre les vrais problèmes comme l’immigration et la mondialisation :
« Qui parle de la valeur du travail, de la faiblesse des salaires, de la délocalisation des entreprises, du chômage rampant et des victimes de la mondialisation, qui tirent le diable par la queue? Le Front National ».
Autrement dit, selon Martineau, une bonne gauche devrait être de droite, l’avenir se trouvant dans l’ultranationalisme identitaire. Tant qu’à être mélangé, aussi bien mélanger aussi ses milliers de lecteurs…
Ma réponse :
Attention ! Il faut éviter de dénoncer les arguments simplistes de Martineau par d’autres arguments simplistes. Marine Le Pen et Donald Trump sont de la droite certes et il s’agit d’une droite dangereuse dont il faut se méfier. Mais cela ne devrait pas nous aveugler sur les dérives de la gauche qui n’a eu de cesse de s’aggraver au cours des ans, surtout depuis la fin des années ’90. Quand la gauche épouse une vision de droite elle n’est plus à gauche. François Hollande n’est pas un « leader » de gauche et Hillary Clinton est davantage une Républicaine que bien des Républicains américains. Sur les enjeux internationaux en particulier. On a qu’à penser à Ron Paul qui réclame depuis des années la fin de la politique hégémoniste des États-Unis à travers le monde.
Quand on se promène dans Griffintown et qu’on voit d’immenses condos avec en facade une toute aussi immense pancarte « Fonds de solidarité de la FTQ » on se demande comment cette dernière peut se ranger du côté des citoyens qui dénoncent l’embourgeoisement du quartier et l’aggravation des conditions de vie de ses citoyens.
En refusant une analyse plus profonde des raisons qui ont amené les Américains à voter pour Trump on ne peut arriver qu’à la conclusion que c’est le peuple américain qui est dérangé, dans le sens pathologique du terme. Berthold Brecht disait au début des années ’50 quelque chose comme « Lorsque les généraux ont raison et que le peuple a tort » c’est peut-être qu’il faudrait remplacer le peuple ».
Il y a dans les arguments de Martineau un fond de vérité qui devrait nous faire réfléchir même si ses arguments sont biaisés par son idéologie de droite. L’élection américaine est une forme de rejet du néolibéralisme expansionniste qui coïncide (je dis bien coïncide) avec une approche de gauche tandis que le vote pour Hillary Clinton représentait davantage l’idéologie républicaine belliqueuse traditionnelle.
Il faut croire que les Américains ont jugé moins dangereuse la démagogie de Donald Trump que ses dérives outrancières. La gauche bien pensante ne pourra pas se relever d’une telle défaite, toute comme la gauche européiste sans se remettre en question.
Voici l’article que j’ai écrit sur l’élection américaine à 3 heures du matin la nuit des élections : http://demers.qc.ca/?p=2685