Chansons de Pierrot

CONGÉLATEUR

COUPLET 1

comme par hasard
cette nuit j’ai dormi
sur un congélateur

su l’bout y avait une petite table
un peu plus basse
pour mes pieds de rêveurs

comme oreiller
un vieux chapeau
un vieux sac de couchage
en guise de manteau

soudain
dans le lit de l’humanite
tout habille, j’me suis glissé
et j’ai prié

REFRAIN

pour les femmes et les enfants
dans les camps de refugiés
qui tendent leurs mains en tremblant
dans l’espoir d’être aimés

COUPLET 2

comme par hasard
dans la cabane à patates frites
sur le sol ou je dors

Pierrot
veut m’installer un poêle à bois
y va faire froid qu’y m’dit
si froid dehors ben oui

mais quand y m’a parle
d’un lit j’lui ai dit
j’aurais préférence
pour une table
de la largeur de celle
où j’ai dormi cette nuit

en quête d’un coeur
pour l’occident consommateur

là je prierai

COUPLET 3

comme par hasard
sur la route ou j’ai marché
une écrivaine dans son auto m’a embarqué

j’aurais aimé lui dire
j’aurais le rêve de te masser
de mes deux mains
qui ont déjà trop prier

assis dans une chaise roulette
je tournerais autour de toi
comme autour de mon oeuvre

et mes doigts
brûleraient la table congélateur
en enflammant tes sens
protèges par mon coeur
épuisé de prier

REFRAIN FINAL

pour les femmes et les enfants
dans les camps de réfugiés
qui tendent les mains en tremblant
dans l’espoir d’être aimés

moi le reste de ma vie
sur une table je dormirai
honteusement désespéré

au nom de l’humanité
jusqu’a ma mort
je prierai

Pierrot
vagabond céleste

Chansons de Pierrot

16 ANS D’AVENTURES

COUPLET 1

une ière neige sur le lac
un pic bois qui passe en ami
un chien qui marche sur la galerie
deux hommes qui parlent de la vie

une peinture sur le mur
l’homme se lève
me rappelle l’essentiel

sa peinture date de 16 ans
l’homme avait déja 38 ans
était amoureux fou d’une femme
qui tenait dépanneur, corps et âme

pendant que lui
d’un autobus
était chauffeur de vie

travaillait pour
Chevrette transport La Tuque
avait hâte a la fin de semaine
tiens ben ta tuque

rêvait du cap de la madeleine
mais le dépanneur ferme si tard
toute la semaine

en attendant
monte chez son frêre en haut
avec toiles et pinceaux

REFRAIN

sur sa toile
des arbres, des billots et de l’eau
qui dansent l’amour
comme la chute entraêne tout su l’tableau

quand on contrôle pu rien
c’est qu’y a des matins
où l’amour doux
c’est trop fou

quand on contrôle pu rien
c’est qu’y a des matins
où l’amour doux
c’est trop fou

COUPLET 2

y a pu de neige sur le lac
ou est le pic bois mon ami
le chien est en bas d’la galerie
l’homme est dehors avec un sac de voyage

sa vieille peinture
reste sur le mur
avec toute sa magie

un grand amour
c’est tellement fort
que leur ière fille s’appelle Pascale
une ado de 15 ans qui mord
la vie comme à son ier bal

pendant qu’sa soeur
Justine 9 ans
sourit aux étoiles

la femme se meurt d’un cancer
l’homme a finit par jeter sa dernière bière
il doit monter à Trois-Rivières
il sera bientôt père et mère

sa vieille peinture
su l’mur le rassure
sur 16 ans d’aventrures

REFRAIN FINAL

sur sa toile
des arbres des billots et de l’eau
qui dansent l’amour
comme la chute entraîne tout
su l’tableau

quand on contrôle pu rien
c’est qu’y a des matins
où l’amour pur c’est trop dur

quand on contrôle pu rien
c’est qu’y a des matins
où l’amour pur
c’est trop dur

Pierrot
vagabond céleste

Chansons de Pierrot

LÈVE TOI PÈLERIN

COUPLET 1

dormir
sous le pont de Gatineau, une nuit froide de neige
même pas de sac de couchage, du noir au beige

gémir
en p’tit bonhomme, les g’noux dans l’manteau
le nez sous l’gilet, là ou c’est chaud

grandir
contre le mur de ciment se faire si petit
que son coeur en devient firmament

s’ennoblir
au point ou l’on devient soi-même
un immense pays entre deux océans

REFRAIN

la bonte l’humilité, l’humanité
comme vêtement de vie

lève-toi pèlerin
même si t’as froid même si t’as faim

ensemence ton pays d’un rêve
pour les jeunes de demain

ta guitare à la main
marche marche les chemins
ne triche pas ton rêve en douce
en faisant du pouce

quand un jeune t’embarque
écoute le jusqu’au matin
parce que son rêve à lui commence
là où finit le tien

TURLUTTE

COUPLET 2

manger
quand on t’a ramassé pour t’emmener souper
dans l’espoir d’une belle soirée
par ta guitare endimanchée

s’laver
la route c’est accepter
d’ètre sale en dehors
d’ètre propre en dedans
en s’guettant

s’coucher
avoir honte de ses peurs
quand y a tellement d’êtres humains
qui ont pas l’choix d’avoir peur

s’éveiller
soudain en pleine nuit
s’enfuir sans faire de bruit
après avoir écrit merci

COUPLET 3

vaciller
dans un café internet, recevoir un courriel
d’un ami de jeunesse, qui veut t’immortaliser
d’un geste bien intentionné

créer
une chanson chaque nuit
parce que la veille ce que t’écris
semble s’être évanoui

dessiner
entre ta voix et tes lèvres
tous les cris des humains
qui ont choisi d’aimer
même s’ils sont mal aimés

rêver
qu’après sa mort peut-être
de milliers de jeunes en mal d’être
reprendront ton épopée
vers ce pays oeuvre d’art à créer

FINALE
la bonté, l’humilité, l’humanité
comme vêtement
d’aimer

Pierrot
vagabond céleste

À voir, à lire, à écouter, à faire...

Portez plainte au CRTC

Vous êtes choqué du geste radiophonique posé par Sylvain Bouchard de 93,3 fm à l’endroit de François David. Réagissez. Portez plainte au CRTC.

Voici le texte que j’ai moi-même envoyé. Sentez-vous libre de le reproduire à votre nom.


Au moment où nous soulignons le 15e anniversaire du tragique événement de Polytechnique, où 14 jeunes femmes furent tuées par un homme qui refusait la place occupée par les femmes dans la société, je tiens à protester contre le geste haineux envers les femmes, du journaliste Sylvain Bouchard, de la station 93,3 FM. En incitant, publiquement de jeunes adolescents à déchirer la page d’un manuel scolaire qui souligne le travail de Mme Françoise David parce qu’elle a fermement défendu les droits des femmes, ce journaliste cultive une forme de misogynie sociale. Si le journaliste peut réclamer son droit à la libre opinion, il ne peut certainement pas se servir des ondes publiques pour entretenir un climat de haine envers une personne en particulier, Mme Françoise David, et les femmes en général. Le CRTC ne doit pas tolérer un tel comportement du journaliste, ni autoriser une station radiophonique à diffuser de tels messages. Des excuses doivent être présentées par la station et le journaliste sévèrement sanctionné.

Dans les médias

Cuba à l’heure du 50e anniversaire de la révolution

Jacques lanctôt, traducteur pour le journal Granma, vient de produire deux textes sur Cuba au jour le jour, publiés cette semaine dans Canoe.com.

Je fais suivre ces textes d’un article de Salmi Lamrani, pour Mondialisation.ca sur les contradictions d’Amnistie Internationale envers Cuba.


Jacques Lanctôt

La Havane au jour le jour (I)

Agence QMI
30/01/2009 09h43

Jacques Lanctôt  - La Havane au jour le jour (I)

Je suis à La Havane depuis une quinzaine de jours. Tous les matins de la semaine, je me rends au journal Granma international, un hebdomadaire destiné aux lecteurs de l’étranger, publié en français, en anglais, en espagnol et en portugais, qui devient un mensuel en italien, en allemand et aussi en turc, je crois.J’y effectue, avec une petite équipe, la traduction de textes choisis parmi les nouvelles de la semaine parues dans le quotidien du même nom. Ce n’est pas un travail éreintant, mais il exige tout de même beaucoup d’attention et de précision, car une phrase mal traduite peut créer un contresens qui pourrait éventuellement avoir de lourdes conséquences, on peut facilement l’imaginer, étant donné qu’il s’agit d’un journal officiel. Aussi, tous les discours de Fidel, toutes ses «réflexions» qu’il avait pris l’habitude d’écrire presque tous les jours pour les lecteurs du Granma, depuis que la maladie l’a éloigné de la direction du pays, sont traduits par la même personne depuis des années, un Français qui n’est cependant pas à l’emploi du Granma. Par contre, j’ai traduit en équipe cette semaine mon premier discours de Raul, beaucoup moins long que ceux auxquels Fidel nous avait habitués. Deux styles différents, deux façons d’aborder la réalité cubaine, mais qui se complètent heureusement.

Pour me rendre au journal, un collègue français me prend tous les matins à un coin de rue de chez moi. Il donne également un «lift» à une traductrice anglaise, venue directement d’Angleterre il y a six ou sept ans. Le trajet dure à peine dix minutes. Ici il n’y a pas vraiment d’heure de pointe. Cela ferait drôlement l’affaire de l’ami Yves Desautels que j’imagine peinant actuellement dans les bancs de neige de Montréal pour annoncer les conditions routières sur l’île et autour de l’île aux auditeurs de Radio-Canada, tous les matins et tous les après-midi de la semaine.

Chemin faisant, nous doublons de nombreux autobus modernes, les «métrobus» chinois ou brésiliens, bondés de travailleurs. Le transport en commun, une priorité depuis deux ans à Cuba, a nettement été amélioré, diminuant les retards au travail, une vraie calamité jusqu’à tout récemment. Pour remplacer les nombreux «camellos» (chameaux), surnommés ainsi en raison de leur élévation ou leur bosse, des autobus articulés bien entretenus vont et viennent à travers la ville sans peine malgré l’étroitesse de certaines rues. L’autobus coûte moins de un cent de un dollar. Bien sûr, si on tient compte des 23 jours de travail en moyenne par mois, cela finit par représenter une petite portion du salaire, déjà bas, des Cubains, mais il faut aussi savoir que la majorité des centres de travail ont leur propre service de transport qui accommode leurs travailleurs. Ce sont bien souvent à bord d’anciens autobus scolaires jaunes qu’ils se rendent à leur travail. Ces autobus proviennent presque tous du Québec. Ils ont même gardé leur signalisation bilingue française et anglaise, et c’est, dans ce cas-ci, l’ami Daniel Côté, des Ameublements Elvis, qui les a vendus et, dans certains cas, donnés au gouvernement cubain.

Les bureaux du Granma international sont situés juste à côté de l’édifice du Granma quotidien, en biais avec le ministère des Forces armées révolutionnaires. L’imprimerie se trouve entre les deux. Rien à voir avec le modernisme et les équipements sophistiqués du Journal de Montréal ou de La Presse. Peu importe, tout fonctionne comme sur des roulettes et on monte encore les pages sur les marbres ou tables lumineuses où il nous faut effectuer une dernière révision avant de donner le bon à tirer. De temps en temps, des rouleaux de papier journal provenant des moulins de l’Abitibi-Bowater au Québec, sont déchargés sur le trottoir avant d’être acheminés à l’intérieur de l’imprimerie. Ça me fait une petite fierté de savoir que notre papier, provenant de nos forêts, sert à imprimer le journal pour lequel je travaille actuellement. Mais j’imagine qu’il ne faut pas le crier sur les toits, car le gouvernement étasunien pourrait sévir contre cette compagnie, grâce à sa loi d’extraterritorialité qui lui donne des pouvoirs extraordinaires, ceux d’intervenir contre des compagnies non étasuniennes qui font affaire avec Cuba.

(À suivre.)


Jacques Lanctôt

La Havane au jour le jour (suite)

Agence QMI
03/02/2009 10h38

Jacques Lanctôt  - La Havane au jour le jour (suite)

Avant de quitter la maison pour le travail, entre 7h30 et 8 heures, c’est un rituel, je prépare le café. Auparavant, on coulait le café dans un tissu.J’aimais beaucoup cette méthode traditionnelle. J’avais l’impression qu’on y mettait toute son âme et que le café était un nouveau défi, chaque fois. Maintenant, la cafetière italienne a remplacé cette façon artisanale de faire le café. Je me verse ensuite mon premier café dans une petite tasse. Au début, je le prenais sans sucre, mais j’ai fini par abdiquer, car ici on sucre le café directement dans la cafetière. Je prépare ensuite le verre de lait de mon fils de trois ans et demi, qu’il boit tiède, avec un peu de chocolat en poudre lorsqu’il y en a à la maison.

Au travail, vers 10 heures, quelqu’un passera, bureau par bureau, pour nous offrir un café, sucré également. Puis, un peu plus tard, on annoncera la collation.

Vers 13 heures, nous nous rendons à la salle à manger, située dans l’autre édifice, une petite promenade d’à peine une minute. On reprend contact avec la chaleur et avec le soleil. Il faut aviser, la veille, si nous allons manger à la cantine le lendemain. La salle à manger comprend une vingtaine de tables et le service est effectué par trois ou quatre personnes. Le repas est aussi peu cher que l’autobus. Il y a toujours une soupe, un plat principal composé de riz — je dirais obligatoirement, car sans riz, ce ne peut être un véritable repas —, de haricots, noirs ou bruns, de poulet, de porc, de piccadillo (bœuf haché) ou de poisson, apprêtés de différentes façons, de «viandas»: pomme de terre douce, banane plantain, courge, manioc ou malanga, et finalement d’un dessert. Aucun alcool n’est servi. C’est dur pour mon moral, moi si habitué à mon verre de vin à chaque repas, mais je m’y fais!

En après-midi, une collation est également offerte. Vers 16 heures, c’est la fin de la journée, et tout le monde rentre chez soi. Entre-temps, nous aurons traduit quelques articles, vérifié à tour de rôle les traductions des collègues, corrigé les pages montées sur épreuves puis les pdf à l’ordinateur. Parfois, une courte réunion syndicale vient interrompre le rythme de notre travail. C’est le moment où tout un chacun y va de son commentaire et de ses suggestions, Italiens, Français, Québécois, Brésiliens, Anglais, Allemands, ainsi qu’une Étasunienne, parlant dans une langue commune, rassembleuse, l’espagnol. Ici la minorité que nous représentons n’oblige pas la majorité à parler cette langue soi-disant universelle, l’anglais, et ce n’est que pur bon sens.

Ainsi va la vie d’un modeste traducteur qui n’en est pas à ses premières armes puisque déjà, à l’époque de mon exil, au début des années soixante-dix, je travaillais au même Granma, situé alors dans un autre édifice, près de la Place de la Révolution. Mais trente ans plus tard, ce sont les mêmes gestes, les mêmes rituels, même si l’ordinateur est venu remplacer la machine à écrire et le moteur de recherche google le dictionnaire papier, facilitant d’autant le travail.

Cuba a certes changé depuis ces années de fortes poussées révolutionnaires, alors que l’Amérique latine était secouée de bord en bord par des mouvements de guérilla qui ont presque tous été écrasés dans le sang. Ne subsistent, dans les faits, que les FARC colombiennes. Mais n’empêche, cette même Amérique latine, après avoir connu dictatures et gouvernements autoritaires, s’est profondément modifiée en élisant un peu partout des gouvernements de gauche. Elle vient même d’ouvrir la porte à Cuba lors de différents sommets politiques et économiques, sans que les États-Unis soient invités à la table des discussions. La marginalisation de la Révolution cubaine est désormais chose du passé et la nouvelle administration étasunienne devra en tenir compte.

Le journaliste du Devoir, Guy Taillefer, ne semble pas, lui, le comprendre en qualifiant la Révolution cubaine d’anachronique, dans un article récent publié à l’occasion du 50e anniversaire de cette Révolution et en banalisant à l’extrême le blocus économique et politique qui affecte dramatiquement cette petite île des Caraïbes depuis près de 50 ans: «Un embargo commercial qui, du reste, n’est plus depuis plusieurs années qu’un épouvantail brandi des deux côtés du détroit de Floride à des fins politiques», affirme ce journaliste nourri au pablum et à la nourriture prémâchée des grandes agences de presse internationales.

Or, les pertes matérielles dues au blocus sont évaluées à plusieurs milliards de dollars, sans parler des pertes en vies humaines que cela a provoquées à cause de l’impossibilité de se procurer certains médicaments. Des balivernes que tout cela? Pour Guy Taillefer, qui manifestement lit les nouvelles sur un télésouffleur, il semble bien que oui. S’il y a bien quelque chose d’anachronique dans le monde aujourd’hui, c’est cette politique génocidaire des États-Unis vis-à-vis Cuba.

Y a-t-il quelque chose de plus ridicule qu’un cubanologue patenté qui, prétendant analyser une situation complexe, renvoie dos à dos David et Goliath, comme s’il s’agissait de bonnet blanc, blanc bonnet?


Les contradictions d’Amnistie Internationale

Mondialisation.ca, Le 5 mai 2008

Amnistie Internationale(AI) est sans aucun doute la plus célèbre organisation de défense des droits de l’homme à travers le monde. Créée en 1961 par l’avocat britannique Peter Benenson, cette organisation non gouvernementale dispose de sections dans plus de cinquante pays et de plus de deux millions d’adhérents à travers la planète. Son travail remarquable en faveur de l’abolition de la peine de mort et de la torture, contre les crimes politiques et pour la libération des prisonniers d’opinion lui a permis de bénéficier du statut d’organisme à caractère consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations unies, de l’UNESCO, du Conseil de l’Europe et de l’Organisation des Etats américains, entre autres1.

Les « prisonniers d’opinion »

AI publie chaque année un rapport sur la situation des droits de l’homme dans le monde. Presque aucun pays n’échappe à son regard vigilant. Concernant Cuba, l’organisation internationale fait état de « 69 prisonniers d’opinion » dans son rapport 2007 et explique que ces derniers sont incarcérés pour « leurs positions ou activités politiques non violentes ». Le gouvernement cubain récuse cette charge et accuse AI de partialité. Les relations ont été rompues entre l’organisation et les autorités du pays depuis 1988, date de la dernière visite de AI à Cuba2.

Dans une déclaration du 18 mars 2008, AI a cette fois-ci dénombré « 58 dissidents toujours emprisonnés à travers le pays ». L’organisation souligne que « le seul crime commis par ces 58 personnes est d’avoir exercé de manière pacifique leurs libertés fondamentales ». Kerry Howard, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International, note qu’elle « les considère comme des prisonniers d’opinion. Ces personnes doivent être remises en liberté sans délai et sans condition3 ».

Dans son communiqué, l’organisation internationale reconnaît que « la plupart ont été inculpés d’‘actes contre l’indépendance de l’Etat’ ». Amnesty International reconnaît également que ces personnes ont été condamnées « pour avoir reçu des fonds ou du matériel du gouvernement américain pour des activités perçues par les autorités comme subversives ou faisant du tort à Cuba4 ».

Pour se convaincre d’une telle réalité, en vigueur depuis 1959, il suffit de consulter, en plus des archives étasuniennes partiellement déclassifiées, la section 1705 de la loi Torriccelli de 1992, la section 109 de la loi Helms-Burton de 1996 et les deux rapports de la Commission d’Assistance à une Cuba libre de mai 2004 et juillet 2006. Tous ces documents révèlent que le président des Etats-Unis finance l’opposition interne à Cuba dans le but de renverser le gouvernement de La Havane. Il s’agit là du principal pilier de la politique étrangère de Washington à l’égard Cuba5.

Ainsi, la section 1705 de la loi Torricelli stipule que « les Etats-Unis fourniront une assistance, à des organisations non gouvernementales appropriées, pour soutenir des individus et des organisations qui promeuvent un changement démocratique non violent à Cuba6 ».

La section 109 de la loi Helms-Burton est également très claire : « Le Président [des Etats-Unis] est autorisé à fournir une assistance et offrir tout type de soutien à des individus et des organisations non gouvernementales indépendantes pour soutenir des efforts en vue de construire la démocratie à Cuba7 ».

Le premier rapport de la Commission d’assistance à une Cuba libre prévoit la mise en place d’un « solide programme de soutien favorisant la société civile cubaine ». Parmi les mesures préconisées, un financement à hauteur de 36 millions de dollars est destiné au « soutien de l’opposition démocratique et au renforcement de la société civile émergeante8 ».

Le 3 mars 2005, M. Roger Noriega, secrétaire assistant pour les Affaires de l’hémisphère occidental de l’administration Bush, a signalé que 14,4 millions de dollars avaient été ajoutés au budget de 36 millions de dollars prévu dans le rapport de 2004. M. Noriega a même poussé la sincérité jusqu’à dévoiler l’identité de certaines personnes travaillant à l’élaboration de la politique étrangère étasunienne contre Cuba9.

Enfin, le second rapport de la Commission d’assistance à une Cuba libre prévoit un budget de 31 millions de dollars pour financer davantage l’opposition interne. De plus, un financement d’au moins 20 millions de dollars annuels est alloué à ce même effet pour les années suivantes « jusqu’à ce que la dictature cesse d’exister10 ».

Ainsi, aucun doute n’est possible à ce sujet.

Contradictions

AI admet désormais que les personnes qu’elle considère comme des « prisonniers d’opinion » ont « reçu des fonds ou du matériel du gouvernement américain pour des activités perçues par les autorités comme subversives ou faisant du tort à Cuba ». C’est ici que l’organisation internationale entre en pleine contradiction.

En effet, le droit international considère comme illégal le financement d’une opposition interne dans une autre nation souveraine. Une telle politique viole de manière flagrante les principes et les normes qui régissent les relations entre les Etats. Tous les pays du monde disposent d’un arsenal juridique leur permettant de défendre l’indépendance nationale contre ce type d’agression étrangère, en codifiant comme délits les conduites qui favorisent l’application de telles dispositions menant à la subversion. Il s’agit là d’un devoir primordial de tout Etat.

La législation cubaine

La législation cubaine punit de sanctions très sévères toute association avec une puissance étrangère dans le but de subvertir l’ordre établi et de détruire son système politique, économique et social. La loi n° 88 de protection de l’indépendance nationale et de l’économie de Cuba a été adoptée le 15 mars 1999, suite à la décision prise par les Etats-Unis d’accroître les sanctions économiques et le financement de l’opposition interne à Cuba.

Cette législation a pour but, comme le stipule l’Article 1, de « typifier et sanctionner les actes destinés à soutenir, faciliter ou collaborer avec les objectifs de la loi ‘Helms-Burton’, le blocus et la guerre économique contre [le] peuple [cubain], destinés à briser l’ordre interne, déstabiliser le pays et liquider l’Etat socialiste et l’indépendance de Cuba11 ».

La loi prévoit des sanctions de sept à quinze ans de privation de liberté pour toute personne qui « fournirait, directement ou par le biais d’un tiers, au gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, ses agences, dépendances, représentants ou fonctionnaires, des informations pour faciliter les objectifs de la loi ‘Helms-Burton’. Cette sanction sera de huit à vingt ans de prison si le délit est commis conjointement par plusieurs personnes ou s’il est stipendié d’une manière ou d’une autre12.

La législation n° 88 sanctionne d’une peine de trois à huit ans de prison le fait d’accumuler, reproduire ou diffuser du matériel à caractère subversif du « gouvernement des Etats-Unis, ses agences, dépendances, représentants, fonctionnaires ou de toute entité étrangère » dans le but de soutenir les objectifs des sanctions économiques et déstabiliser la nation. Les peines seront de quatre à dix ans d’emprisonnement si le délit est réalisé avec le concours d’autres personnes ou s’il est financé13.

Enfin, l’Article 11 stipule que « celui qui […] directement ou par le biais d’un tiers, reçoit, distribue ou participe à la distribution de ressources financières, matérielles ou autre, en provenance du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, ses agences, dépendances, représentants, fonctionnaires ou d’entités privées, est passible d’une privation de liberté de trois à huit ans14 ».

Ainsi, comme l’admet explicitement Amnesty International, les personnes qu’elle considère comme étant des « prisonniers d’opinion » ont en réalité commis un grave délit sévèrement sanctionné par la loi cubaine. Ce faisant, ils sont passés du statut d’opposants à celui d’agents stipendiés par une puissance étrangère et sont donc condamnables au regard de la justice cubaine. Les « prisonniers d’opinion » sont en réalité des mercenaires au service d’une puissance étrangère hostile et belliqueuse.

Spécificité pénale cubaine ?

Il convient également de souligner que les Etats-Unis ont été historiquement l’ennemi acharné de l’indépendance et de la souveraineté de Cuba. En 1898, Washington est intervenu dans la guerre anticoloniale cubaine pour empêcher les Cubains d’accéder pleinement à l’autodétermination et a occupé le pays jusqu’en 1902. Par la suite, Cuba est devenue une espèce de protectorat dominé politiquement et économiquement jusqu’en 1958. A partir de 1959, les Etats-Unis ont tout tenté pour détruire la Révolution cubaine : attentats terroristes, invasion armée, menace de désintégration nucléaire, sanctions économiques, guerre politique, médiatique et diplomatique et subversion interne.

Comme tout Etat responsable, le gouvernement révolutionnaire a adopté des mesures légales pour sa survie contre de tels agissements. Cependant, la législation pénale cubaine dispose-t-elle d’un caractère particulier ? Est-elle unique ? Voyons ce que prévoient les législations occidentales – qui, pourtant, ne font pas face aux mêmes menaces que Cuba – pour les individus qui se mettraient au service d’une puissance étrangère.

Le Code pénal étasunien

Aux Etats-Unis, de tels agissements sont fortement sanctionnés. Selon le paragraphe 951 du Code pénal, « quiconque, autre qu’un fonctionnaire diplomatique ou consulaire ou attaché, agit aux Etats-Unis en tant agent d’un gouvernement étranger sans notification préalable au Ministre de la Justice […] est passible à ce titre d’une peine pouvant atteindre dix ans de prison ». Le point e/2/A du paragraphe précise que « toute personne engagée dans une transaction commerciale légale doit être considérée comme un agent d’un gouvernement étranger […] s’il s’agit d’un agent de Cuba ». Ainsi, un Cubain qui achèterait un appareil médical aux Etats-Unis pour un hôpital de La Havane est légalement passible d’une peine pouvant atteindre dix ans de prison15.

Le paragraphe 953, connu sous le nom de loi Logan, stipule que « tout citoyen des Etats-Unis, quel qu’il soit, qui, sans autorisation des Etats-Unis, entreprend ou maintient, directement ou indirectement, une correspondance ou une relation avec un gouvernement étranger ou tout fonctionnaire ou agent de celui-ci, dans l’intention d’influencer les mesures ou la conduite d’un gouvernement étranger ou de tout fonctionnaire ou agent de celui-ci, par rapport à un conflit ou une controverse avec les Etats-Unis » est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison16.

Si une telle loi était appliquée à Cuba, l’immense majorité de ce que la presse occidentale considère comme étant la « dissidence cubaine » se trouverait sous les verrous. En effet, les opposants cubains se réunissent régulièrement avec le représentant des Etats-Unis à La Havane, Michael Parmly, dans les bureaux de la Section d’intérêts nord-américains (SINA) ou même dans la résidence personnelle de celui-ci.

Le paragraphe 954 prévoit une peine de dix ans de prison pour toute personne qui émettrait de « fausses déclarations » dans le but de porter atteinte aux intérêts des Etats-Unis dans ses relations avec une autre nation17. Là encore, si l’opposant Oswaldo Payá – qui accuse le gouvernement cubain d’être responsable de disparitions et d’avoir assassiné plus de « vingt enfants » – était soumis à une législation aussi sévère que celle des Etats-Unis, il serait actuellement en prison, sans susciter aucun émoi auprès des âmes bien-pensantes occidentales. Pourtant le plus célèbre des dissidents cubains n’a jamais été inquiété par la justice cubaine, car celle-ci n’a pas de preuves qu’il reçoit de l’argent d’une puissance étrangère. A titre de comparaison, Raúl Rivero, qui était un opposant relativement modéré et frileux par rapport à Payá, avait été condamné à vingt ans de prison (et libéré un an plus tard) car il avait accepté les généreux émoluments offerts Washington18.

Le paragraphe 2 381 stipule que « quiconque, devant allégeance aux Etats-Unis, mène une guerre contre le pays ou s’associe à ses ennemis, en leur fournissant une aide et un soutien aux Etats-Unis ou ailleurs, est coupable de trahison et est passible de la peine de mort, ou d’une peine de prison supérieure à cinq ans19 ».

Ainsi, si des citoyens étasuniens avaient eu les mêmes agissements que les individus reconnus coupables d’association avec une puissance étrangère par la justice cubaine, ils risqueraient la peine capitale. Le paragraphe 2 385 prévoit une peine de vingt ans de prison pour toute personne prônant le renversement du gouvernement ou de l’ordre établi20.

Comme cela est aisément constatable, le code pénal étasunien est, à maints égards, bien plus sévère que la législation cubaine.

La legislation pénale française

Le Code pénal français prévoit également des sanctions extrêmement sévères en cas d’association avérée avec une puissance étrangère. Selon l’article 411-4,

« Le fait d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère, avec une entreprise ou une organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou avec leurs agents, en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France, est puni de trente ans de détention criminelle et de 450 000 euros d’amende.

Est puni des mêmes peines le fait de fournir à une puissance étrangère, à une entreprise ou une organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou à leurs agents les moyens d’entreprendre des hostilités ou d’accomplir des actes d’agression contre la France21 ».

La loi française est, à cet égard, plus sévère que la législation cubaine.

La loi espagnole

Le Code pénal espagnol de 1995 prévoit des sanctions sévères pour ces mêmes délits. Selon l’Article 592, « les personnes maintenant des intelligences ou des relations de tout type avec des gouvernements étrangers, avec leurs agents ou avec des groupes, organismes ou associations internationales ou étrangères, dans le but de porter préjudice à l’autorité de l’Etat ou de compromettre la dignité ou les intérêts vitaux de l’Espagne, seront punis d’une peine de prison de quatre à huit ans22 ».

L’Article 589 prévoit une peine de un à trois ans de prison pour « toute personne qui publierait ou exécuterait en Espagne n’importe quel ordre, disposition ou document d’un gouvernement étranger qui porte atteinte à l’indépendance ou à la sécurité de l’Etat, s’oppose au respect de ses lois ou provoque leur violation23 ». Si les fameuses Dames en Blanc cubaines avaient eu le même comportement en Espagne, elles seraient privées de liberté.

Le Code pénal belge

Le Chapitre II de la législation belge qui traite « des crimes et des délits contre la sûreté extérieure de l’Etat » et plus précisément l’Article 114, stipule que « quiconque aura pratiqué des machinations ou entretenu des intelligences avec une puissance étrangère ou avec toute personne agissant dans l’intérêt d’une puissance étrangère, pour engager cette puissance à entreprendre la guerre contre la Belgique, ou pour lui en procurer les moyens, sera puni de la détention de vingt ans à trente ans. Si des hostilités s’en sont suivies il sera puni de détention à perpétuité24 ».

La législation italienne

Selon l’Article 243 du Code pénal italien, « quiconque entretient des intelligences avec l’étranger dans le but qu’un Etat étranger déclare la guerre ou réalise des actes d’hostilité contre l’Etat italien, ou bien commette d’autres faits dans le même but, est puni à une réclusion non inférieure à dix ans. Si la guerre s’ensuit, la peine de mort est appliquée [1] ; si les hostilités se vérifient, la réclusion criminelle à perpétuité est appliquée. [1] La peine de mort est supprimée et substituée par la réclusion à perpétuité25 ».

L’Article 246 traite du financement du citoyen par une puissance étrangère : « Le citoyen, qui, même indirectement, reçoit ou se fait promettre de l’étranger, pour lui-même ou pour autrui, de l’argent ou n’importe quel article, ou en accepte seulement la promesse, afin de commettre des actes contraires aux intérêts nationaux, est sanctionné, si le fait ne constitue pas l’acte le plus grave, de la réclusion de trois à dix ans ». La peine est augmentée si « l’argent ou l’article sont remis ou promis par le biais d’une propagande avec le moyen de la presse26 ».

Ainsi, la législation italienne est bien plus sévère que la loi cubaine. Si les célébrissimes dissidents tels que Payá, Marta Beatriz Roque ou Elizardo Sánchez se trouvaient en Italie, ils seraient en prison et non pas en liberté.

La loi suisse

Même la pacifique Suisse prévoit des sanctions pour délit d’association avec une puissance étrangère. L’Article 266 du Code pénal stipule que :

« 1. Celui qui aura commis un acte tendant à porter atteinte à l’indépendance de la Confédération ou à mettre en danger cette indépendance, ou à provoquer de la part d’une puissance étrangère, dans les affaires de la Confédération, une immixtion de nature à mettre en danger l’indépendance de la Confédération, sera puni d’une peine privative de liberté d’un an au moins.

2. Celui qui aura noué des intelligences avec le gouvernement d’un Etat étranger ou avec un de ses agents dans le dessein de provoquer une guerre contre la Confédération sera puni d’une peine privative de liberté de trois ans au moins.

Dans les cas graves, le juge pourra prononcer une peine privative de liberté à vie ».

L’Article 266 bis est également très clair :

« 1 Celui qui, à l’effet de provoquer ou de soutenir des entreprises ou menées de l’étranger contre la sécurité de la Suisse, sera entré en rapport avec un Etat étranger, ou avec des partis étrangers, ou avec d’autres organisations à l’étranger, ou avec leurs agents, ou aura lancé ou propagé des informations inexactes ou tendancieuses, sera puni d’une peine privative de liberté de cinq ans au plus ou d’une peine pécuniaire.

2 Dans les cas graves, le juge pourra prononcer une peine privative de liberté d’un an au moins27 ».

La législation suédoise

En Suède, le Code Pénal prévoit une peine de deux ans d’emprisonnement pour « celui qui perçoit de l’argent ou d’autres dons d’une puissance étrangère ou de quiconque agit dans l’intérêt de celle-ci, afin de publier ou diffuser des écrits, ou d’influencer de quelque façon que ce soit l’opinion publique en ce qui concerne l’organisation interne de l’Etat28 ».

Cette démocratie scandinave sanctionne également « celui qui propage ou transmet à des puissances étrangères ou à leurs agents des informations inexactes ou tendancieuses, dans le but de créer des menaces pour la Sécurité de l’Etat ». Enfin, une peine allant de dix ans à la réclusion criminelle à perpétuité est appliquée à « celui qui constitue une menace contre la sécurité de l’Etat pour avoir utilisé des moyens illégaux avec l’appui d’une puissance étrangère29 ».

Agents au service d’une puissance étrangère et non « prisonniers d’opinion »

Les exemples pourraient être multipliés à l’infini. Dans n’importe quel pays du monde, l’association avec une puissance étrangère est sévèrement sanctionnée par la loi et il n’est donc point possible d’accorder le qualificatif de « prisonniers d’opinion » aux individus stipendiés par un gouvernement étranger, comme cela est le cas pour les détenus cubains, ce que reconnaît d’ailleurs très honnêtement Amnesty International.

Amnistie Internationale est une organisation réputée pour son sérieux, son professionnalisme et son impartialité. Mais le traitement qu’elle réserve à Cuba est sujet à caution. Afin de continuer à jouir du même prestige et de la même objectivité, AI serait avisée de reconsidérer, sans plus attendre, son jugement à l’égard de ceux qu’elle considère comme étant des « prisonniers d’opinion » à Cuba, car la double mesure n’est pas acceptable.


Notes

1 Amnesty International, « L’histoire d’Amnesty International », pas de date. http://www.amnesty.org/fr/who-we-are/history (site consulté le 23 avril 2008).

2 Amnesty International, « Cuba. Rapport 2007 », avril 2007. http://www.amnesty.org/fr/region/americas/caribbean/cuba#report (site consulté le 23 avril 2008).

3 Amnesty International, « Cuba. Cinq années de trop, le nouveau gouvernement doit libérer les dissidents emprisonnés », 18 mars 2008. http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/cuba-cinq-ann%C3%A9es-de-trop-le-nouveau-gouvernement-doit-lib%C3%A9rer-les-dissid(site consulté le 23 avril 2008).

4 Ibid.

5 Salim Lamrani, Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme (Paris : Editions Estrella, 2008), pp. 45-55.

6 Cuban Democracy Act, Titre XVII, Section 1705, 1992.

7 Helms-Burton Act, Titre I, Section 109, 1996.

8 Colin L. Powell, Commission for Assistance to a Free Cuba, (Washington : United States Department of State, mai 2004). www.state.gov/documents/organization/32334.pdf (site consulté le 7 mai 2004), pp. 16, 22.

9 Roger F. Noriega, « Assistant Secretary Noriega’s Statement Before the House of Representatives Committee on International Relations », Department of State, 3 mars 2005. www.state.gov/p/wha/rls/rm/2005/ql/42986.htm (site consulté le 9 avril 2005).

10 Condolezza Rice & Carlos Gutierrez, Commission for Assistance to a Free Cuba, (Washington : United States Department of State, juillet 2006). www.cafc.gov/documents/organization/68166.pdf (site consulté le 12 juillet 2006), p. 20.

11 Gaceta Oficial de la República de Cuba, Ley de protección de la independencia nacional y la economía de Cuba (LEY NO 88), 15 mars 1999.

12 Ibid.

13 Ibid.

14 Ibid.

15 U.S. Code, Title 18, Part I, Chapter 45, § 951.

16 U.S. Code, Title 18, Part I, Chapter 45, § 953.

17 U.S. Code, Title 18, Part I, Chapter 45, § 954.

18 El Nuevo Herald, “Mensaje de Payá destaca que en la isla hay desaparecidos”, 18 mars 2005, p. 23A.

19 U.S. Code, Title 18, Part I, Chapter 115, § 2381.

20 U.S. Code, Title 18, Part I, Chapter 115, § 2385.

21 Code Pénal Français, Livre IV,Chapitre I, Section 2, Article 411-4.

22 Code Pénal Espagnol de 1995, chapitre II, Article 592.

23 Code Pénal Espagnol de 1995, chapitre II, Article 589.

24 Code Pénal Belge, Chapitre II, Article 114.

25 Code Pénal Italien, Livre II, Titre I, Chapitre I, Article 243.

26 Code Pénal Italien, Livre II, Titre I, Chapitre I, Article 246.

27 Code Pénal Suisse, Article 266.

28 Code Pénal Suédois, Chapitre 19, Article 13.

29 Code Pénal Suédois, Chapitre 19, Article 8.


Salim Lamrani est enseignant, essayiste et journaliste français, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Il a publié Washington contre Cuba (Pantin : Le Temps des Cerises, 2005), Cuba face à l’Empire (Genève : Timeli, 2006) et Fidel Castro, Cuba et les Etats-Unis (Pantin : Le Temps des Cerises, 2006).

Il vient de publier Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme (Paris : Editions Estrella, 2008).

Contact : lamranisalim@yahoo.fr


À lire aussi : Cuba, 50 ans de révolution dans : L’Humanité.

Chansons de Pierrot

CHANSON DU PÈRE À MICHEL

COUPLET 1

quand t’as l’corps
comme l’écorce d’un arbre

les mains propres
comme des feuilles d’automne

les yeux rougis
par des rides en gouttes de pluie

c’est que l’bon dieu
t’as accordé
un sussis

COUPLET 2

un sursis pour dire à ma femme
j’rêve d’acheter deux chaises berçantes

deux bonnes couvertes
une chandelle du thé de menthe

pour rapiécer
les bouts d’passé
qui nous manquent

COUPLET 3

à soir j’ferme la télévision
j’ai la coupe Stanley à maison

87 ans cette année
j’ai l’goût d’parler

j’veux profiter d’la rémission
qui m’est donnée

COUPLET4

C’est sur mon p’tit lit d’hôpital
que j’ai hurlé quand j’ai eu mal

que j’ai crié
Dore Dore sors moé de d’là

j’ai eu peur
de mourir sans toé
ma femme à moé

COUPLET 5

toute ma vie
j’ai dit à mes chums

qu’ma femme
avait marié un bum

à soir dans chaise berçante
ton bum veut s’confesser

y veut pus
qu’tu t’sentes
mal aimée
mal aimée

COUPLET 6

quand t’as l’corps
comme l’écorce d’un arbre

les mains propres
comme des feuilles d’automne

les yeux rougis
par des rides en gouttes de pluie

c’est que l’bon dieu
m’a accordé
un sursis

pour dire a ma femme
merci

Pierrot
vagabond céleste

Chansons de Pierrot

LA DAME AU COMPTOIR

COUPLET 1

assise à un comptoir
une femme tout près de moi
verse des larmes

il y a deux bancs
qui la séparent de ma guitare
et de mon âme

j’ai le goût de composer
une chanson pour toi
que je dis à la dame

me manquent encore des mots
qui ne sont pas de moi
mon inconnue ma soeur
quel est ton drame?

REFRAIN

Monsieur mon coeur
est fatigué de tricher

de faire l’amour le matin
à un homme dont la femme est trahie

Monsieur mon coeur
est fatigué de tricher

pour à la fin manquer d’amour
sans doute comme elle cruellement
peut être même en ce moment

COUPLET 2

rêveur de mon cote
je vis une drôle d’histoire
qui ressemble a un piège

une femme qui triche
et son mari et ses amis et ses amants
jour après jour m’assiège

moi je refuse obstinément
de séparer les sens du coeur
celà me protège

la dame me dit
je suis la cause la conséquence
de mes malheurs

je me noie
dans les bras d’un homme
entre ses sens et mon coeur

COUPLET 3

Madame parfois
ça prend une vie pour devenir
un non tricheur
vie brûlante et trop brève

de mon coté
depuis 6 mois suis devenu
un homme d’honneur
le héros de mes rêves

toute femme vit un jour
le génie de devenir
enfin une allumeuse
d’un mâle en manque d’elle

bientôt madame
à votre tour
vous deviendrez sans doute
une non-tricheuse

tout comme moi
en ce moment
bien humblement
devant celle
qui me harcelle

REFRAIN FINAL

un jour moi aussi madame
mon coeur s’est fatigué de tricher
de faire l’amour le matin à une femme
dont le mari est trahi oui

un jour moi aussi madame
mon coeur s’est fatigué de tricher

pour à la fin manquer d’amour
tout comme vous cruellement

seule au comptoir
en ce moment

Pierrot
vagabond céleste

Chansons de Pierrot

LETTRE À MON FILS SIMON

REFRAIN

une chanson
écrite par un vieux
qui n’a pas réussi
sa vie amoureuse

une chanson
chantée par ce mŵme vieux
assis une table

en face
de deux amoureux
qui s’embrassent

c’est une tres belle
chanson d’amour

COUPLET 1

les sens
c’est une agence de voyage
ou le bateau qu’est son corps
parfois se perd
dans le brouillard
des naufrages

et certains soirs
quand tu rentres seul au port

t’as l’air d’un capitaine
qui ment à son équipage

t’as l’air d’un capitaine
qui ment à son équipage

COUPLET 2

le coeur
c’est une agence d’honneur
ou l’on se donne à l’autre
comme si y avait rien d’autre

si

par malheur
la tête à cause des sens dérape

à genoux capitaine
demande pardon au coeur
à genoux capitaine
demande pardon au coeur

FINALE

c’est à genoux
mon cher p’tit homme
que je te donne

ma vieille casquette
de capitaine
et de vieil homme

Simon
mon fils
mon très grand homme

Pierrot
vagabond céleste

Chansons de Pierrot

demersqcca

COUPLET 1

sur demers.qc.ca
y a mon roman
l’île de l’éternité
de l’instant présent

dans le prologue
t’as pris l’curseur
t’as descendu
jusque dans l’bas
du blog

à lire mes mots
t’as vécu un
immense
coup d’coeur

REFRAIN

t’es parti de l’Abitibi
moi de la rivière Moisy
y est 9h06
j’t’attend d’un édifice

j’espère que c’est l’bon terminus
j’ai hâte de voir ton autobus

aucune idée à quoi tu peux r’ssembler
aucune idée à quoi tu peux r’ssembler

COUPLET 2

sur un film
que deux tres
belles jeunes filles
tournent sur moé

les 4 saisons
de Pierrot
le vagabond

on est l’automne
on va r’tourner
dans la forêt
filmer où t’as dormi
dans l’même sleeping
que moé

à matin
l’ile d’Orléans
me fait mal par en dedans

COUPLET 3

42 milles
de choses tranquilles
disait Felix Leclerc
sur l’tour de l”Île

moi j’ai dormi toute la nuit
sur le ciment sur ma douleur
en arrière de la grosse cabane
ou l’on entend passionnément
la belle chanson du p’tit bonheur

c’est la ière fois
depuis un an et demie
que mes ampoules aux pieds
me font moins mal
que les battements d’mon coeur

tes 38 ans
on fait d’mes 60 ans
un fou d’l’île d’Orléans

REFRAIN FINAL

T’es partie de l’Abitibi
moi d’la rivière Moisy
y est 9h06
j’t’attend d’un édifice

j’espère que c’est l’bon terminus
j’ai hâte de voir ton autobus

aucune idée
comment j’va faire
pour t’oublier

aucne idée
comment j’va faire
pour t’oublier

Pierrot
vagabond céleste

Chansons de Pierrot

LETTRES D’AMOUR

COUPLET 1

de la première grande
guerre mondiale

restent des belles lettres d’amour
de soldats qui ont eu mal

sous l’écriture
malgré la censure

on peut encore entendre
du fond du fond d’leu ventre
leu je t’aime quand y vente

COUPLET 2

de la deuxième grande
guerre mondiale

des millions de lettres d’amour
de soldats qui ont eu mal

taisant le bruit des bombes
comme la peur des tombes

pour que les mains d’une fille
avec des yeux qui brillent
rêvent d’une future famille

COUPLET 3

ma vie ressemble
à la prochaine guerre mondiale

dans de vieux courriels
mes amours
bombes artisanales

sous l’écriture
une douzaine d’aventures

on peut encore entendre
du fond du fond d’mon ventre
mes je t’aime quand il vente

pour que les mains d’une fille
avec des yeux qui brillent
me r’batissent une famille

Pierrot
vagabond céleste