La recherche d’un travail de semi-retraité, l’enseignement des échecs dans les écoles primaires, une militance modeste au sein de Québec solidaire Laval, sans parler de l’apprivoisement de mon nouveau portatif, autant d’excuses qui m’ont tenu ? l’écart. Malgré tout, je me promets bien de reprendre le temps perdu et de secouer ce blogue devenu pour ainsi dire moribond, avec le temps.
Plus que jamais en effet les expressions « gauche-droite » sont-elles associées. À force de dénigrer les véritables politiques de gauche, on finit par les dénaturer complètement. Ces attaques ne viennent pas que de la droite. Rationalistes, humanistes, anarchistes, militants du dimanche, d’aucuns des penseurs titrés de l’élite médiatique et philosophique se confondent dans une terminologie truffée de grands mots qui ne veulent rien dire et qui donnent toujours plus de terrain à la droite.
C’est la nouvelle langue de bois, le nouveau ‘politically correct’ de la pensée dominante. Grand bien leur fasse si du haut de leur savoir ces soi-disant libres penseurs de tout acabit se vautrent joyeusement sur le terrain vacant que leur fournit l’absence d’une véritable alternative politique de gauche.
Ainsi, on ne dit plus « propriété collective des ressources naturelles » et encore moins parle-t-on de nationalisation, on dit plutôt « répartition équitable du fruit de l’exploitation des ressources naturelles ». Une façon bien démagogique de substituer à une solution concrète une formulation sans autre conséquence que de conforter le statu quo. On ne parle plus de « la lutte des classes », tout au plus se contente-t-on d’évoquer les misères de la « classe moyenne », noyant dans cette dernière une population sans frontière économique, indéfinissable. On n’ose plus revendiquer l’intervention de l’État de peur de raviver l’ « État providence » tant diabolisé par les idéologues du néolibéralisme. Par contre la défense du nationalisme, ça ça ne vieillit pas. Même Stephen Harper peut s’enorgueillir aujourd’hui d’appuyer le nationalisme québécois.
On se désole
Et bien sûr devant la menace d’un gouvernement majoritaire dirigé par Stephen Harper on brandit maintenant pancartes et boucliers. Complètement intoxiqués des dogmes du libre marché et de la démocratie d’apparat, nous faudra-t-il un projet faisant de nous le 51e État des États-Unis pour nous réveiller ?
J’aimerais bien comme plusieurs lancer un cri d’alarme et suggérer de tout faire pour éviter un gouvernement conservateur majoritaire. J’endosse un tel appel. Mais je ne peux m’empêcher de croire qu’un gouvernement conservateur, qu’il soit majoritaire ou minoritaire, n’agirait pas différemment l’un de l’autre. L’aplaventrisme des libéraux, des bloquistes et des NPD durant le dernier mandat des conservateurs va se reproduire à coup sûr. Et ça, les conservateurs en sont bien conscients. Même un gouvernement libéral minoritaire ne changera pas fondamentalement la politique canadienne et son courant politique néolibéral actuel. La « fameuse » équipe de Stéphane Dion s’est déjà trop fait connaître avec ses tendances profondément à droite. Bob Rae, le renégat du NPD qui a pavé la voie au retour en force des conservateurs de Mike Harris, en Ontario, le vire-capot Michael Ignatieff qui un jour appuie l’invasion américaine en Irak et un jour la désapprouve, Denis Coderre qui avait reproché à Osvaldo Nunez, le député bloquiste d’origine chilienne qu’il a battu aux élections, d’avoir bénéficié des largesses du Canada pour ensuite défendre une bannière anti-fédéraliste, toutes des personnalités politiques qui démontrent qu’au fond la lutte pour le pouvoir au Canada se fait entre les différents représentants du capital et non pas dans l’intérêt des Canadiens et des forces démocratiques.
Harper défend davantage le capital pétrolier et américain, cela va sans dire. Mais le plus triste constat des présentes élections fédérales, c’est qu’aucune force politique sur la scène fédérale, pas même le Parti vert, ne représente à grande échelle, la population et les forces démocratiques. Cette « démocratie » factice ne servira toujours qu’à consolider le pouvoir oligarchique des grandes multinationales, nettement identifié aux intérêts américains.
C’est donc l’après Harper qu’il faut préparer dès maintenant, tant au Québec qu’au Canada dans son ensemble. La gauche doit se relever, confronter ses idées et non pas les diluer dans un marais de convergents tentacules de droite. Si la menace d’une majorité conservatrice inquiète tant, peut-être que la mobilisation qu’elle entraînera servira alors à interpeller les forces démocratiques, en commençant par le mouvement ouvrier, sur leurs propres responsabilités.
C’est à espérer !