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Le Tamiflu et les porcheries industrielles

Le Tamiflu et les porcheries industrielles

Si nous devons croire ce que rapportent nos médias internationaux dignes de confiance, le monde est sur le point de voir l’éclosion d’une pandémie mondiale causée par une nouvelle souche mortelle de la grippe, appelée « H1N1 » ou plus communément « grippe porcine ». On affirme que le foyer de cette grippe mortelle a été d’abord découvert au Mexique. Selon les reportages, on signalait après plusieurs jours que ce virus porcin s’était propagé chez les humains, leur était fatal, serait dorénavant transmissible de personne à personne et était possiblement responsable d’environ 150 décès dans ce pays. On rapportait des cas toutes les heures du Canada à l’Espagne et ailleurs. La seule chose qui cloche avec cette histoire est qu’elle est largement fondée sur le mensonge, la tromperie et le camouflage des causes probables de la mort de citoyens mexicains.

Un site web, portant le nom révélateur de « Swine FLu Vaccine », rapporte la nouvelle alarmante : « Un résident sur cinq de la ville la plus peuplée du Mexique portaient un masque afin de se protéger contre le virus, puisque Mexico semble être la source de l’éclosion. Jusqu’à présent, pas moins de 103 décès ont été attribués à la grippe porcine et l’on s’attend à ce qu’il y en ait beaucoup d’autres encore. Le ministère de la santé du pays affirme que 1 614 autres cas ont été documentés. » On nous dit que le virus H1N1 « comporte le bagage génétique des influenzas à la fois humaine, aviaire et porcine ». 1

Dans les aéroports à travers le monde on a installé des scanners thermiques afin d’identifier les passagers dont la température corporelle serait au dessus de la normale comme de possibles porteurs du virus. Les voyages en direction du Mexique ont chuté et les ventes de vaccins contre la grippe, principalement Tamiflu de Roche Inc., ont explosé en quelques jours. Craignant une mort certaine, les gens ont cessé d’acheter du porc. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré « une urgence de santé publique de portée internationale » qu’elle définit comme « l’apparition ou la menace imminente d’une maladie ou de problèmes de santé causés par le bioterrorisme, une épidémie, une pandémie, des agents infectieux mortels ou des toxines posant un sérieux risque pour un nombre significatif de personnes. » 2

Quels sont les symptômes de cette prétendue grippe porcine? Tout cela n’est pas très clair selon les virologues et les experts en santé publique. Ils affirment que les symptômes sont relativement généraux et n’ont rien de spécifique. « De nombreux facteurs différents peuvent provoquer ces symptômes, c’est un dilemme », a affirmé un médecin interviewé par CNN. « Il n’existe pas de test parfait à l’heure actuelle permettant de confirmer à un médecin qu’un patient a la grippe porcine. On a remarqué que la plupart des personnes atteintes ont d’abord fait de la fièvre. Ils avaient également des étourdissements, des douleurs corporelles et des vomissements, en plus des autres symptômes habituels de la grippe, incluant les éternuements et les maux de tête. Ces signes sont si vagues qu’on peut dire qu’il n’y en a pas.

Le Center for for Disease Control (CDC) à Atlanta , organisme du gouvernement américain, indique sur son site web officiel que « l’influenza porcine (grippe porcine), est une maladie respiratoire de porcs, causée par des virus d’influenza de type A, provoquant régulièrement des épidémies chez les porcs. Normalement, les humains n’attrapent pas la grippe porcine mais les cas d’infections humaines sont possibles et se sont déjà produits. Les virus de la grippe porcine se transmettraient de personne à personne, mais par le passé, la propagation a été limitée et n’est pas allée au-delà de trois personnes. »

Néanmoins, ajoute-t-on, « le CDC a conclu que ce virus d’influenza porcine de type A (H1N1) est contagieux et qu’il se transmet de personne à personne. Cependant, on ignore pour l’instant si le virus se propage facilement d’une personne à l’autre. » 3


Combien de médias s’étant saisis ces derniers jours de la une « cas présumé de grippe porcine » ont pris la peine de revérifier auprès des autorités sanitaires locales afin de leur poser des questions élémentaires? Par exemple le nombre de cas confirmés de H1N1 et leur emplacement? Le nombre de décès confirmés dus au H1N1? Et les dates de ces confirmations? Le nombre de cas et de décès présumés liés à la grippe porcine?

Quelques faits connus

Selon Biosurveillance, division de Veratect, un centre de rapport étatsunien sur les épidémies lié au Pentagone et au gouvernement, le 6 avril 2009 les autorités sanitaires locales ont déclaré une alerte médicale due à l’apparition d’une maladie respiratoire à La Gloria, dans la municipalité de Perote, située dans l’État de Veracruz au Mexique.

Le centre rapportait que « des sources avaient dépeint l’événement comme une “étrange” éclosion d’infection respiratoire aiguë menant à la bronchopneumonie dans certains cas pédiatriques. D’après un résident, les symptômes incluaient une fièvre, une toux sévère et une quantité importante de mucosité. Des représentants de la santé ont enregistré 400 cas ayant demandé un traitement médical la semaine dernière à La Gloria, qui compte 3000 habitants, et ont indiqué que 60 % de cette population (environ 1 800 cas) avait été affectée par cette infection. Aucun délai précis n’a été mentionné, mais des sources révèlent qu’un responsable local demandait de l’assistance médicale pour la ville depuis février ». Ils ont par après mentionné que ce n’était pas la forme de la maladie qui était « étrange », mais la période de l’année à laquelle elle survient, puisqu’au Mexique la plupart des grippes apparaissent entre les mois d’octobre et de février.

Le reportage notait par ailleurs que « des résidents ont prétendu que trois cas pédiatriques, ayant tous moins de deux ans, sont mort de l’épidémie. Toutefois, des responsables de la santé ont indiqué qu’il n’y avait aucun lien direct entre ces décès et l’épidémie, que ces trois cas fatals étaient « isolés » et n’étaient « pas reliés ».

Puis, fait encore plus révélateur et largement ignoré par les grands médias, l’article révélait que « des résidents croyaient que l’épidémie avait été provoquée par la contamination des fermes d’élevage porcin situées dans la région. Ils estimaient que les fermes, exploitées par Granjas Carroll, polluaient l’atmosphère et les étendues d’eau des environs, ce qui, par ricochet, avait déclanché l’épidémie. Selon eux, la compagnie niait être responsable de l’épidémie et attribuait les cas à la “grippe”. Un représentant municipal de la santé a cependant déclaré que des enquêtes préliminaires indiquaient que le vecteur de la maladie était une espèce de mouche se reproduisant dans les déchets de porc et que l’éclosion était reliée aux porcheries » 4

Depuis la naissance de l’« agro-industrie » étatsunienne, un projet lancé à l’aide du financement de la Fondation Rockefeller dans les années 1950 dans le but de faire de l’agriculture un commerce purement orienté vers la maximisation des profits, l’exploitation porcine a été transformée en industrie hautement efficiente de production de masse, de la naissance à l’abattage. Les porcs sont mis en cage dans ce que l’on appelle des fermes industrielles, des concentrations industrielles exploitées avec l’efficience des camps nazis de Dachau ou de Bergen-Belsen. Les porcs sont tous conçus par insémination artificielle, et on leur injecte des antibiotiques dès la naissance, non pas en raison des maladies abondantes dans les enclos surpeuplés, mais afin qu’ils grandissent et engraissent plus rapidement. Le délai requis avant l’abattage est un facteur de profit de la plus haute priorité et l’opération en entier est intégrée verticalement : de la conception à l’abattage en passant par le transport, jusqu’à la distribution aux supermarchés.


Granjas Carroll de Mexico (GCM) est justement une de ces fermes industrielles, une usine de concentration pour porcs. En 2008, ils ont produit presqu’un million de porcs industriels, 950 000 selon leurs propres statistiques. GCM¸ est une coentreprise détenue à 50 % par la plus grande compagnie productrice de porcs industriels, Smithfield Foods de Virginie. 5 L’élevage se fait dans une petite zone rurale du Mexique, pays membre de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Les bêtes sont ensuite transportées par camion de l’autre côté de la frontière et livrée principalement dans des supermarchés des États-Unis sous les étiquettes du groupe Smithfield. La majorité des consommateurs étatsuniens n’ont aucune idée de quel élevage provient leur viande.


Maintenant, l’histoire devient intéressante.

Étendues de fumier et autres terrains de jeu

Le Times de Londres a interviewé la mère d’

Edgar Hernandez de La Gloria à Veracruz, où se trouve la gigantesque usine d’élevage porcin de Smithfield Foods. Leurs reporters locaux notent qu’« Edgar Hernández joue parmi les chiens et les chèvres errant dans les rues, vraisemblablement en ignorant que la grippe porcine qu’il a attrapée quelques semaines auparavant – le premier cas avéré – a mené son pays à s’immobiliser et mis le reste du monde en état d’alerte. « Je me sens très bien, admet le garçon de cinq ans, mais j’ai eu mal à la tête et à la gorge et j’ai fait de la fièvre pendant un bout de temps. Je devais rester au lit. »

Les journalistes ajoutent : « Lundi (27 avril 2009) on a confirmé qu’Edgar était la première victime de la grippe porcine, une révélation ayant mis La Gloria, ses usines porcines industrielles environnantes ainsi que ses « étendues de fumier » au centre d’une course mondiale visant à trouver comment cette nouvelle souche mortelle de grippe porcine a fait son apparition. » 6

Cela est très intéressant. Ils parlent de La Gloria, de ses fermes porcines industrielles et de ses « étendues de fumier ». Ces derniers, situés autour des usines porcines de Smithfield Foods, sont probablement l’endroit où l’on déverse les matières fécales et l’urine d’au moins 95 000 porcs de l’usine chaque année. La coentreprise de Smithfield au Mexique, Norson, affirme qu’elle abat à elle seule 2 300 porcs quotidiennement. C’est énorme. Cela donne une idée du volume de déchets porcins associés à l’usine de concentration de La Gloria.

Fait révélateur, selon les reporters du Times, « les résidents de La Gloria se plaignent depuis le mois mars que l’odeur des déchets porcins de Granjas Carroll entraînaient des infections respiratoires sévères. Ce mois-ci, ils ont manifesté munis de pancartes où figuraient des images de porcs marquées d’un X et le mot peligro (danger).7 On a par ailleurs réclamé l’exhumation des corps d’enfants morts de pneumonie afin de les examiner. L’État de Veracruz a demandé à Granjas Carroll, propriété de Smithfield, de publier des documents concernant leurs pratiques de manutention des déchets. Smithfield Foods aurait refusé de commenter cette requête en disant ne pas vouloir « réagir aux rumeurs ».8

Une compilation de recherches d’Ed Harris signalait ceci : « Selon les résidents, la compagnie a nié être responsable de l’épidémie et a attribué les cas à la « grippe ». Un représentant municipal de la santé a cependant déclaré que des enquêtes préliminaires indiquaient que le vecteur de la maladie était une espèce de mouche se reproduisant dans les déchets de porc et que l’éclosion était reliée aux fermes porcines. »9 Cela signifierait que toute l’alerte de la grippe porcine pourrait avoir été l’œuvre de spin doctors des relations publiques de la plus grande exploitation industrielle de porcheries au monde, Smithfield Foods.

Le journal de Veracruz La Marcha blâme Granjos Carroll pour l’épidémie, mettant en évidence le traitement inadéquat de quantités massives de déchets d’origine animale provenant de la production porcine.10

Naturellement, la compagnie est possiblement fort embarrassée par l’attention soudaine qu’on lui porte. Fournisseur des chaînes de restauration rapide McDonald et Subway, elle a été condamnée à une amende de 12,3 millions de dollars aux États-Unis en 1997 pour avoir violé le Loi sur la qualité de l’eau (Clean Water Act). Peut-être que la compagnie profite des règles relativement souples d’une petite zone rurale isolée du Mexique, où elle n’a pas à craindre d’être accusée de violer une quelconque Loi sur la qualité de l’eau.



La production industrielle de porcheries est une source traditionnelle de maladies et de toxines, mais suscite peu d’intérêt.

L’agriculture industrielle tient lieu de concentrations toxiques.

L’élément moteur de l’externalisation des usines de la gigantesque agro-industrie vers des sites du Tiers-monde comme Veracruz, est, à tout le moins, davantage lié à la réduction supplémentaire des coûts et à l’absence d’inspection sur la santé et la sécurité qu’à l’amélioration de l’aspect sanitaire et sécuritaire du produit alimentaire final. Les usines de production animale à grande échelle telles Granjos Carroll sont connues pour être des terreaux fertiles de pathogènes toxiques, un fait largement documenté et ayant fait l’objet de rapports du Congrès des États-Unis.

Une récente étude de la Pew Foundation étatsunienne en coopération avec la Johns Hopkins School of Public Health signale qu’« aux États-Unis, la méthode de production d’animaux destinés à l’alimentation est passée du système extensif de la petite et moyenne ferme détenue par une seule famille à un système de grande exploitation intensive, où les animaux sont enfermés en grand nombre dans des structures cloisonnées s’apparentant davantage à des bâtiments industriels qu’à des étables traditionnelles. Ce changement s’est opéré principalement à l’insu des consommateurs, mais elle a un coût pour l’environnement et un impact négatif sur la santé publique, les communautés rurales, ainsi que sur la santé et le bien-être des animaux eux-mêmes. »11

Cette étude note également ceci : « Les fermes familiales diversifiées et indépendantes d’il y a 40 ans, produisant une variété de cultures et élevant peu d’animaux, constituent une entité économique en voie de disparition et sont remplacées par des fermes industrielles bien plus grandes et souvent extrêmement profitables. Les usines de transformation de la viande sont propriétaires des animaux produits par bon nombre de ces fermes, et ce dès qu’ils naissent ou sortent de l’incubateur jusqu’à ce qu’ils arrivent à l’usine de transformation et soient mis sur le marché. » 12

Le rapport insiste sur le fait qu’appliquer « des déchets d’animaux sur des terres cultivables contribue à un apport excessif en nutriments, contamine la surface des eaux, stimule la création de bactéries et la croissance d’algues aquatiques, et réduit ultérieurement les concentrations d’oxygène dissous de l’eau de surface.13

C’est là que la véritable enquête doit commencer, au niveau des dangers sanitaires des porcheries industrielles comme celle de Perote à Veracruz. L’alarmisme propagé par les médias dénombrant chaque personne dans le monde qui présente par hasard des « symptômes » correspondant vaguement à la grippe ou même à la grippe porcine et les déclarations faites jusqu’à présent par des autorités comme l’OMS ou le CDC sont loin d’engendrer une enquête scientifique rationnelle.


Tamiflu et Rummy (Rumsfeld)

En octobre 2005, le Pentagone a ordonné la vaccination de tout le personnel militaire étatsunien à travers le monde contre ce qu’il appelait la grippe aviaire ou H5N1. Des histoires alarmistes abondaient dans les médias de la planète. Puis, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a annoncé qu’il avait budgété au-delà d’un million de dollars pour stocker le vaccin Oseltamivir, vendu sous le nom de Tamiflu. Le président Bush a également demandé au Congrès d’acquérir des stocks de Tamiflu pour 2 milliards de dollars de plus.

M. Rumsfeld a toutefois omis de mentionner à l’époque un conflit d’intérêt colossal. Avant son arrivée à Washington en janvier 2001, M. Rumsfeld était président d’une compagnie pharmaceutique californienne, Gilead Sciences. Celle-ci détenait exclusivement les droits de brevet mondial de Tamiflu, un médicament qu’elle avait mis au point et dont les droits de commercialisation avaient été vendus au géant pharmaceutique suisse Roche. Donald Rumsfled aurait été le plus grand actionnaire de Gilead, laquelle obtenait 10 % de chaque dose de Tamiflu vendue par Roche. 14 Lorsque cette information a coulé, le Pentagone a déclaré de façon laconique que le secrétaire Rumsfeld avait décidé de ne pas vendre ses actions de Gilead, en prétendant qu’un tel geste aurait été un signe qu’il y avait quelque chose à cacher. Cette décision déchirante lui a valu des millions additionnels puisque le prix des actions de Gilead a grimpé de 700 % en quelques semaines.

Le Tamiflu n’est pas un bonbon à prendre à la légère. Il a de forts effets secondaires et contient des substances aux conséquences potentiellement fatales si elles touchent le système respiratoire. Certaines informations signalent par ailleurs qu’il entraîne des nausées des étourdissements et d’autres symptômes semblables à ceux de la grippe.

Depuis le début de la panique de la grippe porcine (non pas de la grippe porcine mais bien de la panique de la grippe porcine) les ventes de Tamiflu ont explosé, tout comme celles de tout médicament contre la grippe. Des firmes de Wall Street se sont empressées d’émettre des recommandations « d’achat » pour la compagnie. « Donnez-moi un vaccin doc, je me fous de quoi il s’agit…. je ne veux pas mourir. »

L’administration Bush a habilement utilisé la panique et la peur de mourir afin de promouvoir la fraude de la grippe aviaire. La psychose actuelle de la grippe porcine fait sinistrement écho à la grippe aviaire : on a déterminé qu’elle provenait des gigantesques fermes industrielles productrices de poulets en Thaïlande et ailleurs en Asie, et dont les produits étaient transportés à travers le monde par voie maritime. Au lieu de procéder à une enquête sérieuse sur les conditions sanitaires de ces entreprises, l’administration Bush et l’OMS ont blâmé les poulets de petites fermes familiales, un geste aux conséquences économiques dévastatrices pour les agriculteurs dont les poulets étaient élevés dans les conditions les plus saines et les plus naturelles. D’après certaines informations, Tyson Foods de l’Arkansas et CG Group de la Thaïlande s’en sont mis plein les poches.

À présent, on verra si l’administration Obama se servira de la frayeur entourant la grippe porcine pour reprendre le même scénario, cette fois-ci avec des cochons plutôt qu’avec des poules. Les autorités mexicaines ont déjà signalé que le nombre de décès confirmés de grippe porcine est de 7 et non de 150 et plus, un chiffre balancé par les médias, et que la plupart des autres cas présumés étaient de simples grippes ou l’influenza.

(À suivre)

Article original en anglais : Flying Pigs, Tamiflu and Factory Farms, publié le 29 avril 2009.

Traduction Julie Lévesque pour Mondialisation.ca.


Notes

1 Health Advisory, accessed in http://www.swine-flu-vaccine.info/.

2 Ibid.

3 Centers for Disease Control, Swine Influenza and You, accessed in
http://www.cdc.gov/swineflu/swineflu_you.htm.

4 Biosurveillance, Swine Flu in Mexico- Timeline of Events, April 24, 2009, accessed in
http://biosurveillance.typepad.com/biosurveillance/2009/04/swine-flu-in-mexico-timeline-of-events.html.

5 Smithfield Foods website, accessed in
http://www.smithfieldfoods.com/our_company/our_family/Norson.aspx.

6] I had a headache and fever’ says boy who survived, London Times, April 28, 2009.

7] Ibid.

8 Ibid.

9 Ed Harris, Bloggers Examine Environmental Role in Mexico Swine Flu Outbreak, April 27, 2009, accessed in
http://www.planetthoughts.org/?pg=pt/Whole&qid=2870.

10 Ibid.

11 The Pew Commission on Industrial Farm Animal Production, Putting Meat on the Table: Industrial Farm

Animal Production in America, accessed in http://www.ncifap.org/_images/PCIFAPFin.pdf.

12 Ibid.

13 Ibid.

14 F. William Engdahl, Is Avian Flu another Pentagon Hoax?, GlobalResearch, October 30, 2005.


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F. William Engdahl est l’auteur de deux livres traduits en français :
Pétrole, une guerre d’un siècle : L’ordre mondial anglo-américain, et le dernier, préfacé par José Bové, OGM : Semences de destruction – L’arme de la faim. Le présent article est adapté de son prochain livre dont la sortie est prévue pour l’été 2009 : « Power of Money: The Rise and Decline of American Century. » Il peut être contacté par l’intermédiaire de son site Internet : www.engdahl.oilgeopolitics.net.

Seeds of Destruction


by F.William Engdahl

F. William Engdahl est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.  Articles de F. William Engdahl publiés par Mondialisation.ca
Dans les médias

Les États-Unis se préparent pour l’implosion sociale

Les États-Unis se préparent pour l’implosion sociale
Un texte reproduit du site mondialisation.ca et écrit
Mondialisation.ca, Le 30 mars 2009

La crise économique et sociale

La débâcle financière a déclenché l’émergence d’une crise sociale latente à travers les États-Unis.

La confiscation frauduleuse d’épargnes de toute une vie et de fonds de pension, ainsi que l’appropriation des recettes fiscales pour financer les « sauvetages bancaires » de billions de dollars sont en jeu, et servent ultimement à remplir les poches des plus riches des États-Unis.

Cette crise économique est en grande partie le résultat de manipulation financière et de fraude délibérée au détriment de populations entières, ce qui mène à une nouvelle vague de faillites corporatives, de chômage et de pauvreté généralisés.

La criminalisation du système financier mondial, caractérisé par un « réseau bancaire fantôme », a entraîné la centralisation du pouvoir bancaire et une concentration sans précédent de richesses personnelles.

Le stimulus économique et la proposition budgétaire du président Obama favorisent ce processus de concentration et de centralisation du pouvoir bancaire, dont les effets cumulés provoqueront tôt ou tard des faillites d’entreprises à grande échelle, une nouvelle vague de saisies, sans parler de l’effondrement des finances publiques et de la ruine des programmes sociaux. (Pour plus de détails voir Michel Chossudovsky, La débâcle fiscale des États-Unis, 2 mars 2009).

Le déclin progressif de l’activité économique réelle a des répercussions sur l’emploi et les salaires, ce qui entraîne la dégringolade du pouvoir d’achat. Pour sa part, la « solution » proposée par l’administration Obama contribue à exacerber les inégalités et la concentration de la richesse plutôt qu’à les réduire.

Le mouvement de protestation

Lorsque les Étasuniens, dont les vies ont été démolies, réaliseront ce qu’est vraiment le système mondial de « libre marché », la légitimité de Wall Street, de la Réserve fédérale et du gouvernement des États-Unis seront contestées.

Un mouvement de contestation latent visant le siège du pouvoir économique et politique se met en branle.


Il est cependant difficile de prédire comment ce processus va se dérouler. Tous les secteurs de la société étasunienne sont potentiellement touchés : les salariés, les petites, moyennes et même les grandes entreprises, les fermiers, les professionnels, les employés fédéraux, municipaux ainsi que ceux des États. À ce stade-ci, il n’existe toutefois pas de mouvement de résistance national organisé dirigé contre l’agenda économique et financier du gouvernement.

La rhétorique populiste de Barack Obama dissimule la vraie nature de la politique macroéconomique. Combiné à des mesures d’austérité, le plan économique, qui agit au nom de Wall Street et inclut près d’un billion de dollars d’« aide » pour l’industrie des services financiers, favorise l’enlisement des États-Unis dans une crise sans fin.

La « solution orwellienne » à la Grande Dépression ? Réprimer les troubles civils.

À l’heure actuelle, il n’existe aucun programme de relance économique en vue. Le consensus Washington-Wall Street prévaut et le système économique et politique ne propose aucune politique ni aucune alternative.

Quelle est l’issue ? Comment le gouvernement des États-Unis va-t-il affronter une catastrophe sociale imminente ?

La solution consiste à réprimer l’agitation sociale. La méthode choisie, héritée de l’administration Bush sortante, comprend le renforcement de l’appareil de sécurité intérieure (Homeland Security) et la militarisation des institutions civiles.

L’administration sortante en a jeté les bases. Diverse législations « antiterroristes » (dont le Patriot Act) ainsi que des directives présidentielles ont été mises en place depuis 2001, en invoquant la plupart du temps le prétexte de la « guerre mondiale au terrorisme ».

Les camps d’internement du Homeland Security

Relativement à la question des troubles civils, on envisage également un système cohésif de camps de détention sous la juridiction du Pentagone et du Homeland Security.

Un projet de loi intitulée National Emergency Centers Establishment Act (HR 645) (Acte de constitution de centres nationaux de secours d’urgence) a été présenté au Congrès en janvier. Celui-ci exige la mise en place de six centres d’urgence nationale dans des installations militaires existantes dans des régions importantes du pays.

Le but officiel des « centres d’urgence nationale » est de fournir « de l’assistance médicale et humanitaire ainsi qu’un hébergement temporaire aux individus et aux familles délocalisés en raison d’une urgence ou d’un désastre important ». HR 645 stipule que les camps peuvent être utilisés pour « satisfaire d’autres besoins appropriés, selon ce qu’en juge le secrétaire du Homeland Security ».

Il n’y a pratiquement pas eu de couverture médiatique du HR 645.

Ces « installations civiles » sur des bases militaires étasuniennes seraient établies en coopération avec l’Armée étatsunienne. Nous assistons en fait à la militarisation des installations d’internement de FEMA, ayant Guantanamo comme modèle.

En vertu de l’urgence nationale, toute personne arrêtée et internée dans un camp FEMA situé sur une base militaire serait, selon toute probabilité, de facto sous juridiction militaire : la justice civile et la loi, y compris l’habeas corpus, ne s’appliqueraient plus.

HR 645 est directement lié à la crise économique et à d’éventuelles manifestations d’envergure à travers le pays. Ce projet de loi constitue un pas de plus vers la militarisation du maintien de l’ordre et l’abrogation du Posse Comitatus Act.


Selon les termes du député Ron Paul :

« […] les centres de fusion, la militarisation policière, les caméras de surveillance et le commandement militaire national ne suffisent pas […]. Même si nous savons que les installations de détention sont déjà en place, ils veulent maintenant légaliser la construction de camps FEMA sur des bases militaires en invoquant l’éternelle excuse populaire voulant que ces installations puissent servir en cas d’urgence nationale. La fausse économie fondée sur la dette se détériorant jour après jour, l’éventualité de troubles civils menace de plus en plus l’establishment. L’on a qu’à penser à l’Islande, à la Grèce et à d’autres pays pour savoir ce qui pourrait se produire aux États-Unis. (Daily Paul, septembre 2008, souligné par l’auteur)

Les camps d’internement proposés devraient être vus comme étant liés au processus élargi de militarisation des institutions civiles. La construction de ces camps a précédé la présentation de HR 645 (Constitution de centres de secours d’urgence) en janvier 2009. Selon divers reportages (non confirmés), il existe quelque 800 camps de prisonniers FEMA dans différentes régions des États-Unis. De plus, depuis les années 1980, l’Armée étasunienne a développé des « tactiques, des techniques et des procédures » pour réprimer la dissidence civile, lesquels seraient utilisés advenant des protestations massives (le manuel de campagne de l’Armée étasunienne 19-15 sous Operation Garden Plot, intitulé « Civil Disturbances » ou « Troubles publics », a été émis en 1985)

Au début de 2006, des recettes fiscales étaient allouées à la construction de camps d’internement modernes. En janvier 2006, Kellogg Brown and Roots, une filiale de Halliburton à l’époque, a décroché un contrat de 385 millions de dollars du Département de l’immigration et des douanes (ICE) du Homeland Security :

« Le contrat, effectif immédiatement [janvier 2006], prévoit l’établissement d’installations de détention et de traitement temporaires afin d’augmenter le nombre d’installations servant aux opérations de mise sous garde et de renvoi de l’ICE (Detention and Removal Operations (DRO)), advenant l’arrivée massive d’immigrants aux États-Unis en cas d’urgence ou de soutenir le développement rapide de nouveaux programmes.

Le contrat prévoit également le soutien à la détention d’immigrants dédié à d’autres organisations gouvernementales en cas d’immigration d’urgence, ainsi que la conception d’un plan en réponse à une urgence nationale, comme un désastre naturel. (KBR, 24 janvier 2006 souligné par l’auteur) »

Les objectifs officiels de l’Immigration et de la douane des États-Unis (U.S. Immigration and Customs Enforcement (ICE)) sont :

« […] protéger la sécurité nationale et maintenir la sécurité publique en ciblant des réseaux criminels et des organisations terroristes cherchant à exploiter les faiblesses de notre système d’immigration, de nos réseaux financiers, de nos frontières, de nos installations gouvernementales et autres afin de nuire aux États-Unis. Les États-Unis seront alors davantage en sécurité. (Page d’accueil de l’ICE)

Les médias étasuniens restent muets sur le sujet des camps d’internement en sol américain. Alors qu’ils reconnaissent simplement le contrat de plusieurs millions de dollars à la filiale de Halliburton, les reportages se sont concentrés sur le possible « dépassement des coûts » (semblables à ceux de KBR en Iraq ).

Quels sont l’intention politique et le but de ces camps? L’utilisation potentielle de ces camps d’internement pour la détention de citoyens étasuniens advenant la déclaration de la loi martiale ne font pas l’objet de débat ou de discussion dans les médias.

Des unités de combat assignées au pays.

Durant les derniers mois de l’administration Bush, avant les élections présidentielles de novembre 2008, le Département de la Défense a ordonné le rappel de l’Irak de la 3rd Infantry’s 1st Brigade Combat Team (BCT). La relocalisation d’une unité de combat d’un théâtre de guerre à l’ensemble du pays fait partie intégrante de l’agenda du Homeland Security. Le BCT a été assigné au soutien des activités de maintien de l’ordre aux États-Unis.

L’unité de combat BCT était attachée au US Army North, la composante de l’Armée du US Northern Command (USNORTHCOM). La 1st BCT et d’autres unités de combat pourraient être appelées à exercer des fonctions militaires spécifiques en cas de troubles civils.

Les soldats de la 1st BCT apprendront à utiliser « les premières mesures inoffensives développées par l’Armée », affirmait le commandant de la 1st BTC, le colonel Roger Cloutier, en faisant référence à l’équipement de contrôle des foules et de la circulation et aux armes inoffensives conçues pour maîtriser des individus désobéissants ou dangereux sans les tuer. (Voir Gina Cavallaro, Brigade homeland tours start Oct. 1, Army Times, 8 septembre 2008).

On peut s’attendre à ce que d’autres unités de combat soient rapatriées du théâtre de guerre et réassignées aux États-Unis en vertu du retrait des forces étasuniennes d’Irak proposé par l’administration Obama.

L’évolution du scénario de la sécurité nationale se caractérise par le croisement des instituions civiles et militaires.

– des unités de combat de l’Armée travaillant de concert avec les autorités chargées de l’application de loi et ayant pour mission de réprimer « les troubles civils ».

– la constitution de nouveaux camps d’internement sous juridiction civile situés dans des installations militaires étasuniennes.

Les camps d’internement FEMA font partie du plan Continuity of Government (Continuité du gouvernement, COG), lequel serait mis en place si l’on déclarait la loi martiale.

Ces camps sont conçus pour « protéger le gouvernement » contre les citoyens, en enfermant les manifestants ainsi que les activistes qui pourraient contester la légitimité de l’agenda économique, militaire ou de sécurité nationale du gouvernement.

Espionner les Étasuniens : la banque de données de Big Brother

Relativement à la question de l’internement et de protestations massives, on peut se demander comment se fera la collecte d’informations sur les citoyens étasuniens.

Comment les individus à travers les États-Unis seront-ils catégorisés ?

Quels sont les critères du Departement of Homeland Security ?

Dans un rapport de 2004 du Homeland Security Council initulé Planning Scenarios, pertaining to the defense of the Homeland (Planification de scénarios relatifs à la défense du pays), on identifiait les catégories suivantes de « conspirateurs » potentiels :

« les terroristes [islamiques] étrangers »;

« les groupes nationaux radicaux » [groupes antiguerres et des droits de la personne];

« les adversaires soutenus par des États » [« les États voyous » et les « pays instables »];

« les individus mécontents » [les travailleurs activistes et les syndicats].

En juin l’an dernier, l’administration Bush a émis une Directive présidentielle de Sécurité nationale (NSPD 59- HSPD 24) intitulée Biometrics for Identification and Screening to Enhance National Security (La biométrie pour l’identification et la surveillance afin d’améliorer la Sécurité nationale). (Pour plus de détails voir Michel Chossudovsky, « Big Brother » Presidential Directive: « Biometrics for Identification and Screening to Enhance National Security », Mondialisation.ca, juin 2008)

Les procédures correspondant à cette directive, adoptée sans débat public ni l’approbation du Congrès, ont une portée considérable. Elles sont liées à la question des troubles civils et font également partie de la logique derrière l’établissement des camps d’internement FEMA sous HR 645.

NSPD 59 (Biometrics for Identification and Screening to Enhance National Security) va bien au-delà de la question précise de l’identification biométrique. Elle recommande la collecte et le stockage d’informations « liées à la biométrie », c’est-à-dire, d’informations sur la vie privée des citoyens étasuniens, dans les détails, le tout étant effectué « selon la loi ».

« Les données contextuelles complétant les données biométriques incluent des informations sur le lieu et la date de naissance, la citoyenneté, l’adresse actuelle et les précédentes, l’emploi actuel et les antécédents de travail, le numéro de téléphone actuel et les précédents, l’utilisation des services gouvernementaux et les rapports d’impôts. D’autres données contextuelles peuvent comprendre les historiques bancaires et de cartes de crédit, et les casiers judiciaires aux niveaux local, fédéral et des États, ainsi que des décisions judiciaires et autres dossiers publics faisant état de conflits juridiques, des dossiers relatifs à la garde d’enfant, au mariage ou au divorce. » (Voir Jerome Corsi, juin 2008)

Cette directive utilise le 11 septembre et la « guerre mondiale au terrorisme » comme justification totale pour mener une chasse aux sorcières contre les citoyens dissidents, créant simultanément un climat de peur et d’intimidation à travers le pays.

Elle réclame également l’intégration de diverses banques de données, ainsi qu’une coopération entre les agences concernant le partage d’informations, dans le but de centraliser tôt ou tard les informations sur les citoyens étasuniens.

En des termes prudents, NSDP 59 « établit un cadre » afin de permettre au gouvernement fédéral et ses différents services de police et de renseignement ce qui suit :

« l’utilisation de méthodes et de procédures mutuelles compatibles dans la collecte, le stockage, l’utilisation, l’analyse et le partage d’informations biométriques et d’informations biographiques et contextuelles correspondantes de manière appropriée et légales, en respectant la confidentialité des renseignements des individus et leurs garanties juridiques selon la loi des États-Unis »

La directive NSPD 59 recommande « des actions et un calendrier afférent dans le but d’améliorer le processus actuel d’identification et de surveillance axé sur les terroristes en élargissant l’utilisation de la biométrie ».

Les procédures incluses dans la NSDP 59 correspondent à une décision prise en juin 2005, laquelle consistait à créer un « service d’espionnage national », sous les auspices du FBI. (Pour plus de détails voir Michel Chossudovsky, Bush Administration creates « Secret State Police, 30 juin 2005)

En travaillant main dans la main avec le Homeland Security (DHS), le projet de « Département de renseignement national » combinerait le contre-terrorisme et les opérations d’espionnage et de renseignement du FBI dans un seul service.

Sous les auspices du FBI, le nouveau département aurait l’autorité de « saisir les biens de personnes suspectées d’aider à la prolifération des armes de destruction massives ». Il pourrait « espionner aux États-Unis les terroristes présumés ou les personnes possédant des renseignements cruciaux, même si l’on ne soupçonne pas qu’elles pourraient commettre un crime ». (NBC Tonight, 29 juin 2005).

Lire l’annexe «

National Emergency Centers Establishment Act » dans l’article en anglais.


Article original en anglais, Preparing for Civil Unrest in America, Legislation to Establish Internment Camps on US Military Bases, publié le 18 mars 2009.

Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca.


Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur d’économie à l’Université d’Ottawa. Il est l’auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en 12 langues).


Guerre et mondialisation

Articles de Michel Chossudovsky publiés par Mondialisation.ca
Dans les médias

Marx toujours d’actualité !

À vos Marx… Prêts ? Critiquez !
Crise mondiale, capitalistes financiers ultra-véreux, paupérisation généralisée : la conjoncture favorise le regain des études d’inspiration marxiste
Stéphane Baillargeon
Le Devoir
samedi 14 mars 2009



Un spectre hante le monde : celui du marxisme. Un fantôme renouvelé, revu, corrigé, amélioré, mais toujours aussi formidablement puissant pour critiquer le monde tel qu’il va.

Les signes s’accumulent, petits et grands, majeurs ou insignifiants, notamment du côté de l’édition. Le Capital de Karl Marx vient de paraître en manga de poche au prix d’une tasse de café chez l’éditeur nippon East Press, spécialisé dans l’adaptation en bédé des grands classiques littéraires. Le dossier central du tout dernier numéro de Philosophie Magazine demande : « Comment peut-on être anti-capitaliste ? ».

En français, Actuel Marx constitue à lui seul une galaxie du renouveau des études. C’est à la fois le nom d’une revue (publiée aux PUF), une collection, un lieu de colloques et de rencontres, une équipe de recherches, un site ouvert à des discussions permanentes, une publication en ligne et un réseau de liens internationaux. L’éditeur québécois Lux prépare une traduction du maître ouvrage de la Canadienne Ellen Meiksins Wood Les Origines du capitalisme. Nota Bene lancera bientôt un Marx philosophe.

« Il y a un regain des études sur Marx en ce moment », juge la Française Isabelle Garo, codirectrice de la Grande Édition Marx-Engels (GEME), un vaste chantier des oeuvres complètes en français qui vient de faire paraître son premier volume. Une preuve de plus de la renaissance. « C’est très net dans le contexte de la crise d’aujourd’hui, mais c’était déjà visible auparavant avec la libération des pesanteurs du passé. »

Comment pourrait-il en être autrement ? Pas même besoin d’être néomarxiste pour savoir que le capitalisme va mal. Avec cette crise mondiale qui consomme les caisses de retraite comme les maisons familiales. Avec ces gestionnaires ultra-véreux engraissés par des primes mirobolantes pour de très, très mauvais services rendus. Avec cette immonde marchandisation du monde qui transforme tout en pertes et profits, y compris la culture, l’amour et les enfants.

Un système-monde

À tout coup, Karl Marx (mort en 1885) et sa descendance la plus noble proposent des clés, éclairent des pistes, débouchent sur des conclusions heuristiquement surpuissantes.

« Pour comprendre Marx aujourd’hui, il est fondamental de se détacher des charges idéologiques qui pèsent sur son oeuvre, dit François L’Italien, doctorant en sociologie de l’Université Laval. Pour le comprendre, il faut aussi se dire que, pour lui, le capitalisme n’est pas seulement un système économique abstrait : c’est une façon d’organiser, de rationaliser et de valoriser les rapports sociaux. »

François L’Italien, 33 ans, termine une thèse sur les transformations de la grande entreprise à l’ère du capitalisme financier. Est-ce une thèse marxiste ? Non, répond-il franchement. Non, si on entend par là l’idéologie des partis communistes et des sociétés du « socialisme réel ». Il préfère parler de « sociologie dialectique » et de « théorie critique », selon d’autres bonnes vieilles appellations contrôlées.

Seulement, pour lui, une intuition fondamentale de Marx demeure valable. Cette idée fait du capitalisme un système d’organisation de la société basé sur « une séparation des individus et du monde de telle manière qu’il puisse s’insérer dans cette relation ». Le capitalisme, au fin fond, c’est un lien social de substitution.

Des exemples ? Heu… Noël et son orgie de cadeaux, ça vous dit quelque chose ? Ou la Saint-Valentin, ses fleurs et ses chocolats. Ou les anniversaires des enfants devenus d’autres occasions consuméristes.

C’est bien simple, tous les rapports sociaux passent au cash, note M. L’Italien, qui allonge et enrichit la liste des exemples, du capital humain des entreprises au capital santé des individus. Il parle même de Ricardo (le cuistot télégénique, pas l’économiste libéral…), qui enseigne à faire des confitures pour La Presse Télé et dans son magazine en lieu et place des mères d’autrefois.

« Le capitalisme transforme tous les rapports sociaux, y compris ceux où il n’y a pas d’argent à faire, dit le sociologue. C’est une matrice socioculturelle dont parle Marx dans Le Capital. En lisant entre les lignes, en faisant mûrir le tout, on arrive à comprendre l’atome, la structure élémentaire d’un système qui vient insérer des rapports capitalistes entre les individus et le monde. »

Rage contre la machine

Voilà donc pourquoi Marx est encore pertinent, plus que jamais pourrait-on dire. Seulement, pour le comprendre et pour régénérer sa pensée, il ne faut pas les fétichiser et il faut prendre la mesure des mutations fondamentales du capitalisme depuis 150 ans.

« Marx propose une critique des concepts de l’économie politique : le travail, l’argent ou la marchandise », explique Maxime Ouellet, jeune docteur (31 ans) en économie politique internationale à l’Université d’Ottawa. Il propose une « critique de l’économie politique », selon le sous-titre du Capital, son maître ouvrage. « Les capitalistes et les économistes libéraux nous disent que ces catégories ont toujours existé et sont naturelles. Ils nous disent que la réalité économique a toujours été ainsi. Marx, au contraire, propose une critique historique et radicale de la modernité capitaliste. »

M. Ouellet explique que ce mode d’organisation sociale, reposant sur l’échange de marchandises et l’argent, devenu hégémonique au XIXe siècle, a connu ensuite trois grandes phases d’évolution. La première, liée à la révolution industrielle, a été décortiquée par Marx lui-même, avec son bourgeois entrepreneur et ses prolétaires salariés. La deuxième repose sur le gigantisme : la Big Corporation, les grands syndicats, le fordisme et l’État-providence. Cette phase dinosaurienne a tenu des années 1930 aux années 1980. Depuis, le capitalisme du troisième type devient réticulaire, mondial, sous-traitant, et surtout financier et dématérialisé. C’est celui-là qui vient de s’effondrer.

« Les déréglementations, des taux d’intérêt aux taux de change, ont ensuite permis la constitution d’un nouvel espace capitaliste supranational, échappant au contrôle des banques centrales et aux politiques budgétaires et fiscales des États, résume Maxime Ouellet. Ce système financier est responsable de la crise actuelle. »

Ce système-monde s’avère roué à l’extrême. Après avoir stimulé la consommation par la hausse du niveau de vie au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, le système mise sur le crédit alors que les salaires de la grande majorité stagnent depuis plus de deux décennies. Pendant ce temps, les très riches accumulent encore et toujours plus.

« Je crois qu’une lutte des classes réapparaît, dit François L’Italien. Mais cette lutte n’opposera pas les salariés aux capitalistes comme l’envisageait Marx. Cette lutte oppose plutôt des gens à mobilité limitée, les salariés comme les capitalistes industriels, à une overclass caractérisée par une dimension culturelle et un trait économique. »

Pour ces nouveaux maîtres du monde, tout actif doit pouvoir être instantanément vendu et liquidé. Aux États-Unis, l’épicentre du système mondialisé, trois millions de nababs d’en haut possèdent plus que les 100 millions d’Américains d’en bas.

Du point de vue culturel, ces aristocrates en jet voient la planète comme un très grand terrain de jeu. « L’overclass fait du shopping à Miami, du trekking au Costa Rica, de la méditation en Inde et elle se repose dans son condo à Dubaï », explique le sociologue. C’est elle aussi qui a dépensé plus d’un demi-milliard de dollars aux enchères de la collection d’oeuvres d’art Berger-Saint Laurent, récemment, à Paris.

Cela dit, la critique (renouvelée) du capitalisme ne débouche pas nécessairement sur les (vieux) rêves de grands soirs. Il ne faut pas confondre la démocratie libérale (« le moins pire des régimes », disait justement Churchill) et le capitalisme prédateur. D’ailleurs, il s’agit moins de se demander comment on peut être anticapitaliste aujourd’hui que comment on peut encore oser défendre ce que ce système est devenu : une sorte de socialisme pour les riches, et tintin pour les damnés de l’abondance…

« On a entendu le président de la France dire qu’il voulait refonder le capitalisme », note alors Maxime Ouellet, en stage post-doctoral à l’UQAM où il travaille précisément sur les représentations sociales de la crise économique et en particulier sur le discours de légitimation du capitalisme actuel. « Sur quelle base ce système peut-il muter ? Dans quelle mesure ce système peut-il être moral ? Qu’est-ce même que le capitalisme et quelles forces travaillent à une sortie du capitalisme ? Il y a d’ailleurs beaucoup de penseurs non marxistes qui le souhaitent. Parce que cette crise n’est pas seulement économique : c’est une crise sociale, politique, écologique, une crise de société, finalement. »



Source
http://www.ledevoir.com/2009/03/14/239352.html

Autres liens complémentaires :
Actuel Marx
États critiques

Dans les médias

Obama prêt à discuter la question du bouclier anti-missiles

Selon l’Agence France-Presse, Barack Obama a écrit à son homologue Medvedev ouvrant la porte à des discussions bilatérales sur la question du Bouclier anti-missiles et celle de l’Iran.
voir l’article de France-Presse recueilli sur Google actualités.

Dans les médias

Cuba à l’heure du 50e anniversaire de la révolution

Jacques lanctôt, traducteur pour le journal Granma, vient de produire deux textes sur Cuba au jour le jour, publiés cette semaine dans Canoe.com.

Je fais suivre ces textes d’un article de Salmi Lamrani, pour Mondialisation.ca sur les contradictions d’Amnistie Internationale envers Cuba.


Jacques Lanctôt

La Havane au jour le jour (I)

Agence QMI
30/01/2009 09h43

Jacques Lanctôt  - La Havane au jour le jour (I)

Je suis à La Havane depuis une quinzaine de jours. Tous les matins de la semaine, je me rends au journal Granma international, un hebdomadaire destiné aux lecteurs de l’étranger, publié en français, en anglais, en espagnol et en portugais, qui devient un mensuel en italien, en allemand et aussi en turc, je crois.J’y effectue, avec une petite équipe, la traduction de textes choisis parmi les nouvelles de la semaine parues dans le quotidien du même nom. Ce n’est pas un travail éreintant, mais il exige tout de même beaucoup d’attention et de précision, car une phrase mal traduite peut créer un contresens qui pourrait éventuellement avoir de lourdes conséquences, on peut facilement l’imaginer, étant donné qu’il s’agit d’un journal officiel. Aussi, tous les discours de Fidel, toutes ses «réflexions» qu’il avait pris l’habitude d’écrire presque tous les jours pour les lecteurs du Granma, depuis que la maladie l’a éloigné de la direction du pays, sont traduits par la même personne depuis des années, un Français qui n’est cependant pas à l’emploi du Granma. Par contre, j’ai traduit en équipe cette semaine mon premier discours de Raul, beaucoup moins long que ceux auxquels Fidel nous avait habitués. Deux styles différents, deux façons d’aborder la réalité cubaine, mais qui se complètent heureusement.

Pour me rendre au journal, un collègue français me prend tous les matins à un coin de rue de chez moi. Il donne également un «lift» à une traductrice anglaise, venue directement d’Angleterre il y a six ou sept ans. Le trajet dure à peine dix minutes. Ici il n’y a pas vraiment d’heure de pointe. Cela ferait drôlement l’affaire de l’ami Yves Desautels que j’imagine peinant actuellement dans les bancs de neige de Montréal pour annoncer les conditions routières sur l’île et autour de l’île aux auditeurs de Radio-Canada, tous les matins et tous les après-midi de la semaine.

Chemin faisant, nous doublons de nombreux autobus modernes, les «métrobus» chinois ou brésiliens, bondés de travailleurs. Le transport en commun, une priorité depuis deux ans à Cuba, a nettement été amélioré, diminuant les retards au travail, une vraie calamité jusqu’à tout récemment. Pour remplacer les nombreux «camellos» (chameaux), surnommés ainsi en raison de leur élévation ou leur bosse, des autobus articulés bien entretenus vont et viennent à travers la ville sans peine malgré l’étroitesse de certaines rues. L’autobus coûte moins de un cent de un dollar. Bien sûr, si on tient compte des 23 jours de travail en moyenne par mois, cela finit par représenter une petite portion du salaire, déjà bas, des Cubains, mais il faut aussi savoir que la majorité des centres de travail ont leur propre service de transport qui accommode leurs travailleurs. Ce sont bien souvent à bord d’anciens autobus scolaires jaunes qu’ils se rendent à leur travail. Ces autobus proviennent presque tous du Québec. Ils ont même gardé leur signalisation bilingue française et anglaise, et c’est, dans ce cas-ci, l’ami Daniel Côté, des Ameublements Elvis, qui les a vendus et, dans certains cas, donnés au gouvernement cubain.

Les bureaux du Granma international sont situés juste à côté de l’édifice du Granma quotidien, en biais avec le ministère des Forces armées révolutionnaires. L’imprimerie se trouve entre les deux. Rien à voir avec le modernisme et les équipements sophistiqués du Journal de Montréal ou de La Presse. Peu importe, tout fonctionne comme sur des roulettes et on monte encore les pages sur les marbres ou tables lumineuses où il nous faut effectuer une dernière révision avant de donner le bon à tirer. De temps en temps, des rouleaux de papier journal provenant des moulins de l’Abitibi-Bowater au Québec, sont déchargés sur le trottoir avant d’être acheminés à l’intérieur de l’imprimerie. Ça me fait une petite fierté de savoir que notre papier, provenant de nos forêts, sert à imprimer le journal pour lequel je travaille actuellement. Mais j’imagine qu’il ne faut pas le crier sur les toits, car le gouvernement étasunien pourrait sévir contre cette compagnie, grâce à sa loi d’extraterritorialité qui lui donne des pouvoirs extraordinaires, ceux d’intervenir contre des compagnies non étasuniennes qui font affaire avec Cuba.

(À suivre.)


Jacques Lanctôt

La Havane au jour le jour (suite)

Agence QMI
03/02/2009 10h38

Jacques Lanctôt  - La Havane au jour le jour (suite)

Avant de quitter la maison pour le travail, entre 7h30 et 8 heures, c’est un rituel, je prépare le café. Auparavant, on coulait le café dans un tissu.J’aimais beaucoup cette méthode traditionnelle. J’avais l’impression qu’on y mettait toute son âme et que le café était un nouveau défi, chaque fois. Maintenant, la cafetière italienne a remplacé cette façon artisanale de faire le café. Je me verse ensuite mon premier café dans une petite tasse. Au début, je le prenais sans sucre, mais j’ai fini par abdiquer, car ici on sucre le café directement dans la cafetière. Je prépare ensuite le verre de lait de mon fils de trois ans et demi, qu’il boit tiède, avec un peu de chocolat en poudre lorsqu’il y en a à la maison.

Au travail, vers 10 heures, quelqu’un passera, bureau par bureau, pour nous offrir un café, sucré également. Puis, un peu plus tard, on annoncera la collation.

Vers 13 heures, nous nous rendons à la salle à manger, située dans l’autre édifice, une petite promenade d’à peine une minute. On reprend contact avec la chaleur et avec le soleil. Il faut aviser, la veille, si nous allons manger à la cantine le lendemain. La salle à manger comprend une vingtaine de tables et le service est effectué par trois ou quatre personnes. Le repas est aussi peu cher que l’autobus. Il y a toujours une soupe, un plat principal composé de riz — je dirais obligatoirement, car sans riz, ce ne peut être un véritable repas —, de haricots, noirs ou bruns, de poulet, de porc, de piccadillo (bœuf haché) ou de poisson, apprêtés de différentes façons, de «viandas»: pomme de terre douce, banane plantain, courge, manioc ou malanga, et finalement d’un dessert. Aucun alcool n’est servi. C’est dur pour mon moral, moi si habitué à mon verre de vin à chaque repas, mais je m’y fais!

En après-midi, une collation est également offerte. Vers 16 heures, c’est la fin de la journée, et tout le monde rentre chez soi. Entre-temps, nous aurons traduit quelques articles, vérifié à tour de rôle les traductions des collègues, corrigé les pages montées sur épreuves puis les pdf à l’ordinateur. Parfois, une courte réunion syndicale vient interrompre le rythme de notre travail. C’est le moment où tout un chacun y va de son commentaire et de ses suggestions, Italiens, Français, Québécois, Brésiliens, Anglais, Allemands, ainsi qu’une Étasunienne, parlant dans une langue commune, rassembleuse, l’espagnol. Ici la minorité que nous représentons n’oblige pas la majorité à parler cette langue soi-disant universelle, l’anglais, et ce n’est que pur bon sens.

Ainsi va la vie d’un modeste traducteur qui n’en est pas à ses premières armes puisque déjà, à l’époque de mon exil, au début des années soixante-dix, je travaillais au même Granma, situé alors dans un autre édifice, près de la Place de la Révolution. Mais trente ans plus tard, ce sont les mêmes gestes, les mêmes rituels, même si l’ordinateur est venu remplacer la machine à écrire et le moteur de recherche google le dictionnaire papier, facilitant d’autant le travail.

Cuba a certes changé depuis ces années de fortes poussées révolutionnaires, alors que l’Amérique latine était secouée de bord en bord par des mouvements de guérilla qui ont presque tous été écrasés dans le sang. Ne subsistent, dans les faits, que les FARC colombiennes. Mais n’empêche, cette même Amérique latine, après avoir connu dictatures et gouvernements autoritaires, s’est profondément modifiée en élisant un peu partout des gouvernements de gauche. Elle vient même d’ouvrir la porte à Cuba lors de différents sommets politiques et économiques, sans que les États-Unis soient invités à la table des discussions. La marginalisation de la Révolution cubaine est désormais chose du passé et la nouvelle administration étasunienne devra en tenir compte.

Le journaliste du Devoir, Guy Taillefer, ne semble pas, lui, le comprendre en qualifiant la Révolution cubaine d’anachronique, dans un article récent publié à l’occasion du 50e anniversaire de cette Révolution et en banalisant à l’extrême le blocus économique et politique qui affecte dramatiquement cette petite île des Caraïbes depuis près de 50 ans: «Un embargo commercial qui, du reste, n’est plus depuis plusieurs années qu’un épouvantail brandi des deux côtés du détroit de Floride à des fins politiques», affirme ce journaliste nourri au pablum et à la nourriture prémâchée des grandes agences de presse internationales.

Or, les pertes matérielles dues au blocus sont évaluées à plusieurs milliards de dollars, sans parler des pertes en vies humaines que cela a provoquées à cause de l’impossibilité de se procurer certains médicaments. Des balivernes que tout cela? Pour Guy Taillefer, qui manifestement lit les nouvelles sur un télésouffleur, il semble bien que oui. S’il y a bien quelque chose d’anachronique dans le monde aujourd’hui, c’est cette politique génocidaire des États-Unis vis-à-vis Cuba.

Y a-t-il quelque chose de plus ridicule qu’un cubanologue patenté qui, prétendant analyser une situation complexe, renvoie dos à dos David et Goliath, comme s’il s’agissait de bonnet blanc, blanc bonnet?


Les contradictions d’Amnistie Internationale

Mondialisation.ca, Le 5 mai 2008

Amnistie Internationale(AI) est sans aucun doute la plus célèbre organisation de défense des droits de l’homme à travers le monde. Créée en 1961 par l’avocat britannique Peter Benenson, cette organisation non gouvernementale dispose de sections dans plus de cinquante pays et de plus de deux millions d’adhérents à travers la planète. Son travail remarquable en faveur de l’abolition de la peine de mort et de la torture, contre les crimes politiques et pour la libération des prisonniers d’opinion lui a permis de bénéficier du statut d’organisme à caractère consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations unies, de l’UNESCO, du Conseil de l’Europe et de l’Organisation des Etats américains, entre autres1.

Les « prisonniers d’opinion »

AI publie chaque année un rapport sur la situation des droits de l’homme dans le monde. Presque aucun pays n’échappe à son regard vigilant. Concernant Cuba, l’organisation internationale fait état de « 69 prisonniers d’opinion » dans son rapport 2007 et explique que ces derniers sont incarcérés pour « leurs positions ou activités politiques non violentes ». Le gouvernement cubain récuse cette charge et accuse AI de partialité. Les relations ont été rompues entre l’organisation et les autorités du pays depuis 1988, date de la dernière visite de AI à Cuba2.

Dans une déclaration du 18 mars 2008, AI a cette fois-ci dénombré « 58 dissidents toujours emprisonnés à travers le pays ». L’organisation souligne que « le seul crime commis par ces 58 personnes est d’avoir exercé de manière pacifique leurs libertés fondamentales ». Kerry Howard, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International, note qu’elle « les considère comme des prisonniers d’opinion. Ces personnes doivent être remises en liberté sans délai et sans condition3 ».

Dans son communiqué, l’organisation internationale reconnaît que « la plupart ont été inculpés d’‘actes contre l’indépendance de l’Etat’ ». Amnesty International reconnaît également que ces personnes ont été condamnées « pour avoir reçu des fonds ou du matériel du gouvernement américain pour des activités perçues par les autorités comme subversives ou faisant du tort à Cuba4 ».

Pour se convaincre d’une telle réalité, en vigueur depuis 1959, il suffit de consulter, en plus des archives étasuniennes partiellement déclassifiées, la section 1705 de la loi Torriccelli de 1992, la section 109 de la loi Helms-Burton de 1996 et les deux rapports de la Commission d’Assistance à une Cuba libre de mai 2004 et juillet 2006. Tous ces documents révèlent que le président des Etats-Unis finance l’opposition interne à Cuba dans le but de renverser le gouvernement de La Havane. Il s’agit là du principal pilier de la politique étrangère de Washington à l’égard Cuba5.

Ainsi, la section 1705 de la loi Torricelli stipule que « les Etats-Unis fourniront une assistance, à des organisations non gouvernementales appropriées, pour soutenir des individus et des organisations qui promeuvent un changement démocratique non violent à Cuba6 ».

La section 109 de la loi Helms-Burton est également très claire : « Le Président [des Etats-Unis] est autorisé à fournir une assistance et offrir tout type de soutien à des individus et des organisations non gouvernementales indépendantes pour soutenir des efforts en vue de construire la démocratie à Cuba7 ».

Le premier rapport de la Commission d’assistance à une Cuba libre prévoit la mise en place d’un « solide programme de soutien favorisant la société civile cubaine ». Parmi les mesures préconisées, un financement à hauteur de 36 millions de dollars est destiné au « soutien de l’opposition démocratique et au renforcement de la société civile émergeante8 ».

Le 3 mars 2005, M. Roger Noriega, secrétaire assistant pour les Affaires de l’hémisphère occidental de l’administration Bush, a signalé que 14,4 millions de dollars avaient été ajoutés au budget de 36 millions de dollars prévu dans le rapport de 2004. M. Noriega a même poussé la sincérité jusqu’à dévoiler l’identité de certaines personnes travaillant à l’élaboration de la politique étrangère étasunienne contre Cuba9.

Enfin, le second rapport de la Commission d’assistance à une Cuba libre prévoit un budget de 31 millions de dollars pour financer davantage l’opposition interne. De plus, un financement d’au moins 20 millions de dollars annuels est alloué à ce même effet pour les années suivantes « jusqu’à ce que la dictature cesse d’exister10 ».

Ainsi, aucun doute n’est possible à ce sujet.

Contradictions

AI admet désormais que les personnes qu’elle considère comme des « prisonniers d’opinion » ont « reçu des fonds ou du matériel du gouvernement américain pour des activités perçues par les autorités comme subversives ou faisant du tort à Cuba ». C’est ici que l’organisation internationale entre en pleine contradiction.

En effet, le droit international considère comme illégal le financement d’une opposition interne dans une autre nation souveraine. Une telle politique viole de manière flagrante les principes et les normes qui régissent les relations entre les Etats. Tous les pays du monde disposent d’un arsenal juridique leur permettant de défendre l’indépendance nationale contre ce type d’agression étrangère, en codifiant comme délits les conduites qui favorisent l’application de telles dispositions menant à la subversion. Il s’agit là d’un devoir primordial de tout Etat.

La législation cubaine

La législation cubaine punit de sanctions très sévères toute association avec une puissance étrangère dans le but de subvertir l’ordre établi et de détruire son système politique, économique et social. La loi n° 88 de protection de l’indépendance nationale et de l’économie de Cuba a été adoptée le 15 mars 1999, suite à la décision prise par les Etats-Unis d’accroître les sanctions économiques et le financement de l’opposition interne à Cuba.

Cette législation a pour but, comme le stipule l’Article 1, de « typifier et sanctionner les actes destinés à soutenir, faciliter ou collaborer avec les objectifs de la loi ‘Helms-Burton’, le blocus et la guerre économique contre [le] peuple [cubain], destinés à briser l’ordre interne, déstabiliser le pays et liquider l’Etat socialiste et l’indépendance de Cuba11 ».

La loi prévoit des sanctions de sept à quinze ans de privation de liberté pour toute personne qui « fournirait, directement ou par le biais d’un tiers, au gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, ses agences, dépendances, représentants ou fonctionnaires, des informations pour faciliter les objectifs de la loi ‘Helms-Burton’. Cette sanction sera de huit à vingt ans de prison si le délit est commis conjointement par plusieurs personnes ou s’il est stipendié d’une manière ou d’une autre12.

La législation n° 88 sanctionne d’une peine de trois à huit ans de prison le fait d’accumuler, reproduire ou diffuser du matériel à caractère subversif du « gouvernement des Etats-Unis, ses agences, dépendances, représentants, fonctionnaires ou de toute entité étrangère » dans le but de soutenir les objectifs des sanctions économiques et déstabiliser la nation. Les peines seront de quatre à dix ans d’emprisonnement si le délit est réalisé avec le concours d’autres personnes ou s’il est financé13.

Enfin, l’Article 11 stipule que « celui qui […] directement ou par le biais d’un tiers, reçoit, distribue ou participe à la distribution de ressources financières, matérielles ou autre, en provenance du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, ses agences, dépendances, représentants, fonctionnaires ou d’entités privées, est passible d’une privation de liberté de trois à huit ans14 ».

Ainsi, comme l’admet explicitement Amnesty International, les personnes qu’elle considère comme étant des « prisonniers d’opinion » ont en réalité commis un grave délit sévèrement sanctionné par la loi cubaine. Ce faisant, ils sont passés du statut d’opposants à celui d’agents stipendiés par une puissance étrangère et sont donc condamnables au regard de la justice cubaine. Les « prisonniers d’opinion » sont en réalité des mercenaires au service d’une puissance étrangère hostile et belliqueuse.

Spécificité pénale cubaine ?

Il convient également de souligner que les Etats-Unis ont été historiquement l’ennemi acharné de l’indépendance et de la souveraineté de Cuba. En 1898, Washington est intervenu dans la guerre anticoloniale cubaine pour empêcher les Cubains d’accéder pleinement à l’autodétermination et a occupé le pays jusqu’en 1902. Par la suite, Cuba est devenue une espèce de protectorat dominé politiquement et économiquement jusqu’en 1958. A partir de 1959, les Etats-Unis ont tout tenté pour détruire la Révolution cubaine : attentats terroristes, invasion armée, menace de désintégration nucléaire, sanctions économiques, guerre politique, médiatique et diplomatique et subversion interne.

Comme tout Etat responsable, le gouvernement révolutionnaire a adopté des mesures légales pour sa survie contre de tels agissements. Cependant, la législation pénale cubaine dispose-t-elle d’un caractère particulier ? Est-elle unique ? Voyons ce que prévoient les législations occidentales – qui, pourtant, ne font pas face aux mêmes menaces que Cuba – pour les individus qui se mettraient au service d’une puissance étrangère.

Le Code pénal étasunien

Aux Etats-Unis, de tels agissements sont fortement sanctionnés. Selon le paragraphe 951 du Code pénal, « quiconque, autre qu’un fonctionnaire diplomatique ou consulaire ou attaché, agit aux Etats-Unis en tant agent d’un gouvernement étranger sans notification préalable au Ministre de la Justice […] est passible à ce titre d’une peine pouvant atteindre dix ans de prison ». Le point e/2/A du paragraphe précise que « toute personne engagée dans une transaction commerciale légale doit être considérée comme un agent d’un gouvernement étranger […] s’il s’agit d’un agent de Cuba ». Ainsi, un Cubain qui achèterait un appareil médical aux Etats-Unis pour un hôpital de La Havane est légalement passible d’une peine pouvant atteindre dix ans de prison15.

Le paragraphe 953, connu sous le nom de loi Logan, stipule que « tout citoyen des Etats-Unis, quel qu’il soit, qui, sans autorisation des Etats-Unis, entreprend ou maintient, directement ou indirectement, une correspondance ou une relation avec un gouvernement étranger ou tout fonctionnaire ou agent de celui-ci, dans l’intention d’influencer les mesures ou la conduite d’un gouvernement étranger ou de tout fonctionnaire ou agent de celui-ci, par rapport à un conflit ou une controverse avec les Etats-Unis » est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison16.

Si une telle loi était appliquée à Cuba, l’immense majorité de ce que la presse occidentale considère comme étant la « dissidence cubaine » se trouverait sous les verrous. En effet, les opposants cubains se réunissent régulièrement avec le représentant des Etats-Unis à La Havane, Michael Parmly, dans les bureaux de la Section d’intérêts nord-américains (SINA) ou même dans la résidence personnelle de celui-ci.

Le paragraphe 954 prévoit une peine de dix ans de prison pour toute personne qui émettrait de « fausses déclarations » dans le but de porter atteinte aux intérêts des Etats-Unis dans ses relations avec une autre nation17. Là encore, si l’opposant Oswaldo Payá – qui accuse le gouvernement cubain d’être responsable de disparitions et d’avoir assassiné plus de « vingt enfants » – était soumis à une législation aussi sévère que celle des Etats-Unis, il serait actuellement en prison, sans susciter aucun émoi auprès des âmes bien-pensantes occidentales. Pourtant le plus célèbre des dissidents cubains n’a jamais été inquiété par la justice cubaine, car celle-ci n’a pas de preuves qu’il reçoit de l’argent d’une puissance étrangère. A titre de comparaison, Raúl Rivero, qui était un opposant relativement modéré et frileux par rapport à Payá, avait été condamné à vingt ans de prison (et libéré un an plus tard) car il avait accepté les généreux émoluments offerts Washington18.

Le paragraphe 2 381 stipule que « quiconque, devant allégeance aux Etats-Unis, mène une guerre contre le pays ou s’associe à ses ennemis, en leur fournissant une aide et un soutien aux Etats-Unis ou ailleurs, est coupable de trahison et est passible de la peine de mort, ou d’une peine de prison supérieure à cinq ans19 ».

Ainsi, si des citoyens étasuniens avaient eu les mêmes agissements que les individus reconnus coupables d’association avec une puissance étrangère par la justice cubaine, ils risqueraient la peine capitale. Le paragraphe 2 385 prévoit une peine de vingt ans de prison pour toute personne prônant le renversement du gouvernement ou de l’ordre établi20.

Comme cela est aisément constatable, le code pénal étasunien est, à maints égards, bien plus sévère que la législation cubaine.

La legislation pénale française

Le Code pénal français prévoit également des sanctions extrêmement sévères en cas d’association avérée avec une puissance étrangère. Selon l’article 411-4,

« Le fait d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère, avec une entreprise ou une organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou avec leurs agents, en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France, est puni de trente ans de détention criminelle et de 450 000 euros d’amende.

Est puni des mêmes peines le fait de fournir à une puissance étrangère, à une entreprise ou une organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou à leurs agents les moyens d’entreprendre des hostilités ou d’accomplir des actes d’agression contre la France21 ».

La loi française est, à cet égard, plus sévère que la législation cubaine.

La loi espagnole

Le Code pénal espagnol de 1995 prévoit des sanctions sévères pour ces mêmes délits. Selon l’Article 592, « les personnes maintenant des intelligences ou des relations de tout type avec des gouvernements étrangers, avec leurs agents ou avec des groupes, organismes ou associations internationales ou étrangères, dans le but de porter préjudice à l’autorité de l’Etat ou de compromettre la dignité ou les intérêts vitaux de l’Espagne, seront punis d’une peine de prison de quatre à huit ans22 ».

L’Article 589 prévoit une peine de un à trois ans de prison pour « toute personne qui publierait ou exécuterait en Espagne n’importe quel ordre, disposition ou document d’un gouvernement étranger qui porte atteinte à l’indépendance ou à la sécurité de l’Etat, s’oppose au respect de ses lois ou provoque leur violation23 ». Si les fameuses Dames en Blanc cubaines avaient eu le même comportement en Espagne, elles seraient privées de liberté.

Le Code pénal belge

Le Chapitre II de la législation belge qui traite « des crimes et des délits contre la sûreté extérieure de l’Etat » et plus précisément l’Article 114, stipule que « quiconque aura pratiqué des machinations ou entretenu des intelligences avec une puissance étrangère ou avec toute personne agissant dans l’intérêt d’une puissance étrangère, pour engager cette puissance à entreprendre la guerre contre la Belgique, ou pour lui en procurer les moyens, sera puni de la détention de vingt ans à trente ans. Si des hostilités s’en sont suivies il sera puni de détention à perpétuité24 ».

La législation italienne

Selon l’Article 243 du Code pénal italien, « quiconque entretient des intelligences avec l’étranger dans le but qu’un Etat étranger déclare la guerre ou réalise des actes d’hostilité contre l’Etat italien, ou bien commette d’autres faits dans le même but, est puni à une réclusion non inférieure à dix ans. Si la guerre s’ensuit, la peine de mort est appliquée [1] ; si les hostilités se vérifient, la réclusion criminelle à perpétuité est appliquée. [1] La peine de mort est supprimée et substituée par la réclusion à perpétuité25 ».

L’Article 246 traite du financement du citoyen par une puissance étrangère : « Le citoyen, qui, même indirectement, reçoit ou se fait promettre de l’étranger, pour lui-même ou pour autrui, de l’argent ou n’importe quel article, ou en accepte seulement la promesse, afin de commettre des actes contraires aux intérêts nationaux, est sanctionné, si le fait ne constitue pas l’acte le plus grave, de la réclusion de trois à dix ans ». La peine est augmentée si « l’argent ou l’article sont remis ou promis par le biais d’une propagande avec le moyen de la presse26 ».

Ainsi, la législation italienne est bien plus sévère que la loi cubaine. Si les célébrissimes dissidents tels que Payá, Marta Beatriz Roque ou Elizardo Sánchez se trouvaient en Italie, ils seraient en prison et non pas en liberté.

La loi suisse

Même la pacifique Suisse prévoit des sanctions pour délit d’association avec une puissance étrangère. L’Article 266 du Code pénal stipule que :

« 1. Celui qui aura commis un acte tendant à porter atteinte à l’indépendance de la Confédération ou à mettre en danger cette indépendance, ou à provoquer de la part d’une puissance étrangère, dans les affaires de la Confédération, une immixtion de nature à mettre en danger l’indépendance de la Confédération, sera puni d’une peine privative de liberté d’un an au moins.

2. Celui qui aura noué des intelligences avec le gouvernement d’un Etat étranger ou avec un de ses agents dans le dessein de provoquer une guerre contre la Confédération sera puni d’une peine privative de liberté de trois ans au moins.

Dans les cas graves, le juge pourra prononcer une peine privative de liberté à vie ».

L’Article 266 bis est également très clair :

« 1 Celui qui, à l’effet de provoquer ou de soutenir des entreprises ou menées de l’étranger contre la sécurité de la Suisse, sera entré en rapport avec un Etat étranger, ou avec des partis étrangers, ou avec d’autres organisations à l’étranger, ou avec leurs agents, ou aura lancé ou propagé des informations inexactes ou tendancieuses, sera puni d’une peine privative de liberté de cinq ans au plus ou d’une peine pécuniaire.

2 Dans les cas graves, le juge pourra prononcer une peine privative de liberté d’un an au moins27 ».

La législation suédoise

En Suède, le Code Pénal prévoit une peine de deux ans d’emprisonnement pour « celui qui perçoit de l’argent ou d’autres dons d’une puissance étrangère ou de quiconque agit dans l’intérêt de celle-ci, afin de publier ou diffuser des écrits, ou d’influencer de quelque façon que ce soit l’opinion publique en ce qui concerne l’organisation interne de l’Etat28 ».

Cette démocratie scandinave sanctionne également « celui qui propage ou transmet à des puissances étrangères ou à leurs agents des informations inexactes ou tendancieuses, dans le but de créer des menaces pour la Sécurité de l’Etat ». Enfin, une peine allant de dix ans à la réclusion criminelle à perpétuité est appliquée à « celui qui constitue une menace contre la sécurité de l’Etat pour avoir utilisé des moyens illégaux avec l’appui d’une puissance étrangère29 ».

Agents au service d’une puissance étrangère et non « prisonniers d’opinion »

Les exemples pourraient être multipliés à l’infini. Dans n’importe quel pays du monde, l’association avec une puissance étrangère est sévèrement sanctionnée par la loi et il n’est donc point possible d’accorder le qualificatif de « prisonniers d’opinion » aux individus stipendiés par un gouvernement étranger, comme cela est le cas pour les détenus cubains, ce que reconnaît d’ailleurs très honnêtement Amnesty International.

Amnistie Internationale est une organisation réputée pour son sérieux, son professionnalisme et son impartialité. Mais le traitement qu’elle réserve à Cuba est sujet à caution. Afin de continuer à jouir du même prestige et de la même objectivité, AI serait avisée de reconsidérer, sans plus attendre, son jugement à l’égard de ceux qu’elle considère comme étant des « prisonniers d’opinion » à Cuba, car la double mesure n’est pas acceptable.


Notes

1 Amnesty International, « L’histoire d’Amnesty International », pas de date. http://www.amnesty.org/fr/who-we-are/history (site consulté le 23 avril 2008).

2 Amnesty International, « Cuba. Rapport 2007 », avril 2007. http://www.amnesty.org/fr/region/americas/caribbean/cuba#report (site consulté le 23 avril 2008).

3 Amnesty International, « Cuba. Cinq années de trop, le nouveau gouvernement doit libérer les dissidents emprisonnés », 18 mars 2008. http://www.amnesty.org/fr/for-media/press-releases/cuba-cinq-ann%C3%A9es-de-trop-le-nouveau-gouvernement-doit-lib%C3%A9rer-les-dissid(site consulté le 23 avril 2008).

4 Ibid.

5 Salim Lamrani, Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme (Paris : Editions Estrella, 2008), pp. 45-55.

6 Cuban Democracy Act, Titre XVII, Section 1705, 1992.

7 Helms-Burton Act, Titre I, Section 109, 1996.

8 Colin L. Powell, Commission for Assistance to a Free Cuba, (Washington : United States Department of State, mai 2004). www.state.gov/documents/organization/32334.pdf (site consulté le 7 mai 2004), pp. 16, 22.

9 Roger F. Noriega, « Assistant Secretary Noriega’s Statement Before the House of Representatives Committee on International Relations », Department of State, 3 mars 2005. www.state.gov/p/wha/rls/rm/2005/ql/42986.htm (site consulté le 9 avril 2005).

10 Condolezza Rice & Carlos Gutierrez, Commission for Assistance to a Free Cuba, (Washington : United States Department of State, juillet 2006). www.cafc.gov/documents/organization/68166.pdf (site consulté le 12 juillet 2006), p. 20.

11 Gaceta Oficial de la República de Cuba, Ley de protección de la independencia nacional y la economía de Cuba (LEY NO 88), 15 mars 1999.

12 Ibid.

13 Ibid.

14 Ibid.

15 U.S. Code, Title 18, Part I, Chapter 45, § 951.

16 U.S. Code, Title 18, Part I, Chapter 45, § 953.

17 U.S. Code, Title 18, Part I, Chapter 45, § 954.

18 El Nuevo Herald, “Mensaje de Payá destaca que en la isla hay desaparecidos”, 18 mars 2005, p. 23A.

19 U.S. Code, Title 18, Part I, Chapter 115, § 2381.

20 U.S. Code, Title 18, Part I, Chapter 115, § 2385.

21 Code Pénal Français, Livre IV,Chapitre I, Section 2, Article 411-4.

22 Code Pénal Espagnol de 1995, chapitre II, Article 592.

23 Code Pénal Espagnol de 1995, chapitre II, Article 589.

24 Code Pénal Belge, Chapitre II, Article 114.

25 Code Pénal Italien, Livre II, Titre I, Chapitre I, Article 243.

26 Code Pénal Italien, Livre II, Titre I, Chapitre I, Article 246.

27 Code Pénal Suisse, Article 266.

28 Code Pénal Suédois, Chapitre 19, Article 13.

29 Code Pénal Suédois, Chapitre 19, Article 8.


Salim Lamrani est enseignant, essayiste et journaliste français, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Il a publié Washington contre Cuba (Pantin : Le Temps des Cerises, 2005), Cuba face à l’Empire (Genève : Timeli, 2006) et Fidel Castro, Cuba et les Etats-Unis (Pantin : Le Temps des Cerises, 2006).

Il vient de publier Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme (Paris : Editions Estrella, 2008).

Contact : lamranisalim@yahoo.fr


À lire aussi : Cuba, 50 ans de révolution dans : L’Humanité.

Dans les médias

La face cachée du budget Flahorty

Il n’y a pas de mots assez gentils pour qualifier l’événement : l’hypocrisie de Harper, la trahison d’Ignatieff, le complot de la droite… nommez-les. Nous venons d’assister à l’un des pires scénarios budgétaires que l’histoire moderne a rédigé pour le pays.

Dans un excellent article publié hier, Michel Chossudovsky, professeur d’économie à l’Université d’Ottawa révèle ce que le Parti libéral et les médias se sont bien gardés de rendre publique, avant le vote à la chambre des communes. Voyons maintenant comment Ignatieff qui prétend avoir mis le gouvernement en probation réagira. Oups ! Voilà une phrase de trop, car nous le savons bien comment il réagira, puisqu’il n’était pas sans connaître le véritable contenu du budget Flahorty. Voici l’article au complet de Michel Chossudovsky dont l’original fut publié dans L’Aut’ journal. Les parties soulignées l’ont été par moi.

« 200 milliards aux banques!

Les médias ont fait grand cas du déficit de 85 milliards sur cinq ans du budget Flaherty, mais ils ont complètement passé sous silence le montant faramineux de 200 milliards $ (12 pour cent du PIB) prévu dans ce que le gouvernement appelle un « Cadre de financement exceptionnel » pour venir en aide aux institutions financières canadiennes. En soi, ce transfert monétaire auprès des banques est la principale cause du déficit budgétaire et de l’endettement du gouvernement fédéral.

Déjà, le gouvernement Harper avait débloqué en catimini un premier montant de 25 milliards $ le 10 octobre dernier, puis un autre de 50 milliards le 12 novembre, pour racheter des prêts hypothécaires des institutions financières. Malgré l’importance des montants en jeu, ni les partis d’opposition, ni les médias n’ont crû bon de poser des questions au gouvernement, d’analyser les implications de cette « aide » aux grandes banques canadiennes.

Dans son budget, le ministre des Finances Jim Flaherty en rajoute. « Le gouvernement, peut-on y lire, achètera pour 50 milliards de dollars de blocs de prêts hypothécaires assurés au cours de la première moitié de 2009-2010 aux termes du Programme d’achat de prêts hypothécaires (PAPH) assurés. Cette somme s’ajoutera aux 75 milliards de prêts dont l’achat a déjà été autorisé, ce qui portera la taille du programme à 125 milliards. »

Le Cadre de financement exceptionnel comprend également, entre autres, un montant de « 12 milliards de dollars à la nouvelle Facilité canadienne de crédit garanti en vue de l’achat de titres à terme adossés à des prêts et à des baux portant sur des véhicules et du matériel ».

En fait, l’ensemble des mesures proposées représente un montant global de 200 milliards de dollars « afin d’appuyer l’offre de financement aux particuliers et aux entreprises ».

Le ministre des Finances affirme que « les emprunts contractés par le gouvernement pour financer les opérations du Programme d’achat de prêts hypothécaires (PAHP) et pour aider la Banque du Canada à injecter des liquidités dans le système financier n’augmentent pas la dette fédérale, soit le déficit accumulé, puisqu’ils sont compensés par des actifs financiers portant intérêt ». Cette interprétation est douteuse. Le déficit budgétaire augmentera en flèche afin de financer les banques.

Le gouvernement finance son propre endettement

Les bénéficiaires du renflouage bancaire sont également les créanciers du gouvernement fédéral. Les banques à charte sont les courtiers de la dette publique fédérale. Elles vendent des bons du Trésor et des obligations au nom du gouvernement. Elles détiennent aussi une portion de la dette publique.

Ironiquement, les banques prêtent de l’argent au gouvernement fédéral pour financer le plan de sauvetage et grâce à l’argent récolté par la vente d’obligations et de bons du Trésor, le gouvernement finance le plan de sauvetage par le biais de la Société centrale d’hypothèque et de logement. C’est un processus circulaire. Les banques sont à la fois les bénéficiaires du renflouage et les créanciers de l’État. Dans un sens, le gouvernement fédéral finance son propre endettement.

Même si les procédures liées au plan de sauvetage canadien diffèrent de celles du Trésor américain sous le Plan de sauvetage des actifs à risque (Troubled Assets Relief Program ou TARP), elles tendent vers un même but. Les deux programmes contribuent à la centralisation des banques et à la concentration de la richesse financière.

Sous le TARP, quelque 700 milliards de dollars du plan de sauvetage ont été alloués aux principales banques de Wall Street. La population canadienne représente environ 11 % de celle des États-Unis. Le premier plan de sauvetage canadien de 75 milliards est inférieur d’un peu moins de 11 % à celui de 700 milliards des États-Unis.

Aucun débat parlementaire

Le plan de sauvetage américain de 700 milliards, sous le Plan de sauvetage des actifs à risque, a fait l’objet d’un débat et d’une législation au Congrès.
Au Canada, au contraire, 75 milliards de dollars ont été octroyés en pleine campagne électorale aux banques à charte, sans que la population canadienne en soit dûment informée.

À cet égard, la presse financière et les médias canadiens ont une part de responsabilité. L’affaire a à peine été mentionnée et est passée pratiquement inaperçue, quelques jours avant une élection fédérale.

La couverture médiatique a été infime. Il n’y a pas eu de débat parlementaire. Aucune discussion, aucun débat, contrairement à ce que l’on aurait dû s’attendre des partis d’opposition, que ce soit avant ou après une campagne électorale.

Personne ne semble avoir remarqué quoi que ce soit. La plupart des Canadiens ne savaient pas qu’il y avait un plan de sauvetage de 75 milliards des institutions financières canadiennes.

On nous présente tout bonnement cette décision comme un effort « visant à réduire le resserrement du crédit » et à encourager les banques canadiennes à « délier les cordons de leur bourse et à prêter davantage aux entreprises et aux consommateurs ».

Le programme encourage la centralisation et la concentration de la richesse financière au détriment de l’économie réelle.

Les fusions et les acquisitions

Nous ne sommes pas face à un déficit budgétaire de style keynésien, lequel stimule les investissements et la demande de biens de consommation et mène à une augmentation de la production et de l’emploi.

Alors que le plan de sauvetage des banques constitue une composante des dépenses publiques, il ne servira pas à relancer l’économie. Le plan de sauvetage est un « cadeau » auprès des banques.

Les banques à charte canadiennes utiliseront l’argent du renflouage à la fois pour consolider leur position et financer l’acquisition de plusieurs institutions financières américaines « en difficulté ».

Par exemple, en 2008, TD Canada Trust a acquis la Commerce Bancorp du New Jersey, ce qui en fait la deuxième plus importante transaction canadienne d’un processus de fusions et d’acquisitions évaluée à 8,6 milliards de dollars US (Market Wire, 12 janvier 2009).

La filiale de la Banque Royale (RBC) à New York, RBC Centura, a acquis la Alabama National Bancorp pour un modeste 1,6 milliards de dollars. La Réserve fédérale a approuvé l’acquisition le 5 février 2008 (Florida Today, 12 février 2008).

En octobre 2008, la Banque Royale a annoncé qu’« elle avait complété l’acquisition de la division canadienne de ABN AMRO oeuvrant dans la location de locaux commerciaux et fournissant des crédits d’équipement aux compagnies canadiennes (Canada Newswire, 2 October 2008).

La déstabilisation de la structure fiscale fédérale

Il s’agit de la plus sérieuse crise de la dette publique dans l’histoire du Canada.

Le plan de sauvetage déstabilise la structure fiscale fédérale incluant la péréquation (transferts aux provinces). Il entraîne une montée en flèche du déficit budgétaire, lequel doit être financé aux dépens des contribuables. C’est toute la structure des finances publiques qui en affectée.

Le renflouage de 200 milliards de dollars sera d’une part financé par l’augmentation de la dette publique et d’autre part par des coupures dans les dépenses incluant les transferts aux provinces.

On peut s’attendre à un mélange de compressions budgétaires combinées à une hausse de la dette publique. La plupart des catégories de dépenses publiques (excluant la Défense) en seront probablement affectées.

La structure fiscale fédérale est compromise. La montée en flèche du déficit budgétaire finance le plan de sauvetage bancaire.

Dans les médias

Belém – au Brésil

FORUM SOCIAL MONDIAL

La crise, arme de transformation massive ?

Lu dans L’Humanité

Comme il se doit, à la une de l’actualité mondiale cette semaine, loin devant le sourire du 44è président (à se présenter en rupture des 43 précédents) et les résultats de la 22è journée de ligue 1, vous trouverez l’événement, la une, le choc de la semaine. LE sujet de conversation qui occupera toutes les rédactions à partir de demain. Cette actualité d’envergure internationale, et qui augure de figurer dans le Top Ten des sujets les plus traités de la semaine prochaine, tient en cinq lettres : BELEM. C’est quoi Belém ? Belém, capitale de l’Etat du Pará, extrême nord du Brésil, accueille du 27 janvier au 1er février le Forum Social Mondial. Autrement dit, le rendez-vous mondial des « altermondialistes » comme on les appelle (et comme ils le récusent parfois).

Après Nairobi en 2007 ou Porto Allegre qui a marqué les mémoires de 2001 à 2005, Belém sera cette semaine le théâtre de la 8è rencontre mondiale des forces du mouvement social, les plus internationaux des alters. Ce sont donc les associations, les réseaux, les ONG, les syndicats de (presque) tous pays qui se retrouvent pour échanger, débattre, proposer et (se) mobiliser ensemble, sur tous les thèmes et sur tous les tons, sur tous les peines et sur tous les fronts. Car il s’agit de parler de climat comme de démocratie, de guerre comme de travail, d’éducation, de droits, de paix et de pain, d’art et d’émancipation, de nouvelles formes de lutte aussi et, évidement, de la star des Top Ten médiatiques la moins sexy du moment : de la crise et de ce que l’on peut en faire.

Car certains ne sont pas loin de penser qu’on peut justement en faire quelque chose de séduisant, de croustillant, une arme de transformation massive se murmure t-il. En tout, on atteint les 2000 séminaires et ateliers ou rencontres, l’alter va devoir se faire ubiquiste. En un mot, le FSM 2009

Or…au cas où vous parviendriez à passer à côté de l’Evènement dans la grande multiplicité des couvertures médiatiques qui caractérise notre hexagone de la diversité, au cas où vous seriez débordé par les arbres qui tombent et autres remaniements ministériels -personne n’est parfait- vous trouverez ici un petit coin d’Amazonie. Chroniques sur le vif, interviews, conversations, enjeux, décisions et déboires du World Social Forum. Voila ce que vous propose cet espace le temps d’une semaine brésilienne où, au son de la samba, j’irai de ville en ville (et de rencontre en rencontre) pour apprendre le pas du WSF. Rejoignez-moi, rejoignez-nous car les alters sont attendus par milliers. Mais d’abord, il faut traverser l’Atlantique… Allez, comme on dit à Rio, Tchau !

Emmanuelle Reungoat pour humanite.fr
Chercheuse en science politique à l’Université Paris 1, et membre de la Fondation Copernic.


Des Canadiens et Québécois à Belém. Vous pouvez suivre l’évolution de la discussion ici.

Dans les médias

Harcèlement racial – Poursuite contre le syndicat de la SQ

Le journal Le Devoir rapportait aujourd’hui un cas de harcèlement racial ayant amené un policier à poursuivre le Syndicat des politiciers de la Sûreté du Québec.

Voici le texte du Devoir signé Stéphane Baillargeon.


Un policier de la Sûreté du Québec (SQ) d’origine iranienne poursuit son syndicat à hauteur de 5,4 millions de dollars pour ne pas l’avoir représenté adéquatement dans une longue histoire de harcèlement racial. Du même coup, Merhdad «Mikel» Golzarian demande à la Cour supérieure d’invalider la loi qui régit le forum de règlement de grief impliquant les quelque 5000 policiers de la SQ parce qu’elle serait partiale et incompatible, tant avec les règles de justice naturelle qu’avec les Chartes canadienne et québécoise des droits de la personne.

La cause sera entendue à compter de lundi. Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, qui appuie la démarche du plaignant, a annoncé son intention de soulever prochainement à l’Assemblée nationale la constitutionnalité du régime syndical de la SQ.

«Il y avait un vice de fond majeur dans le processus des griefs, qui ont donc été abandonnés, et depuis ce temps je suis victime de représailles et d’intimidation», a résumé hier matin à Montréal M. Golzarian en rencontrant la presse. «Depuis dix ans, je suis pris dans une « procédurite » judiciaire. Je ne sais plus comment m’en sortir à part en soulevant l’opinion publique.»

Reprenons. Sitôt embauché par la Sûreté du Québec, dans le cadre d’un programme d’accès à l’égalité pour les communautés culturelles, Merhdad «Mikel» Golzarian dit avoir subi des «actes de harcèlement racial, de traitement différentiel et de marginalisation». Un collègue a jeté son uniforme aux poubelles en lui déclarant face à face que c’est là qu’était «la place des immigrants». Son casier au complet a été jeté aux ordures. Le policier qui travaillait à Saint-Hyacinthe puis à Rawdon a retrouvé un oiseau mort dans sa voiture et enduré d’innombrables autres gestes et paroles des mêmes eaux pestilentielles.

La Commission des droits de la personne du Québec a reçu sa plainte en 1998, enquêté et lui a donné raison trois ans plus tard, lui accordant 75 000 $ en dommages moraux et punitifs. La Commission a ordonné des correctifs qui n’auraient pas été implantés. Le policier a donc cherché à déposer des griefs contre son employeur, par le biais de son syndicat, l’Association des policiers provinciaux du Québec (APPQ).

Suspendu

L’affaire a ensuite dérapé. L’APPQ a refusé de loger les plaintes et la SQ a procédé à la suspension de son salaire depuis 2002, selon M. Golzarian. Pire, il se serait retrouvé devant un comité d’arbitrage composé de plusieurs personnes qui avaient déjà été mêlées à ses accusations de harcèlement. En plein conflit d’intérêt, en pleine opacité juridique, quoi.

Maintenant, Mikel Golzarian en a assez. Il demande des dédommagements pour pertes de salaire et avantages sociaux depuis 2002, racisme, atteinte à sa dignité, défaut de représentation et de protection des droits d’employé, mauvaise foi et négligence grave. Il réclame à l’APPQ et à ses dirigeants 3,5 millions $ pour les seuls «préjudices matériels».

«L’employeur a donné toutes les chances à cette personne», réplique Jean-Guy Dagenais, président du syndicat. Il explique par exemple que sa cause devait faire l’objet d’un arbitrage, auquel M. Golzarian ne se serait pas présenté. Il affirme aussi que «depuis 1966, M. Golzarian est le seul de ses membres à s’être plaint de l’Association».

Dans les faits, le plaignant reçoit l’appui de collègues dans sa démarche, dont Michel Chevalier, qui juge aussi ne pas voir eu droit à une justice administrative impartiale et transparente dans une histoire de promotion.

Le Centre de recherche-action sur les relations raciales, qui offre son «appui technique» au plaignant, réclame finalement au ministre de la Justice et de la Sécurité publique «d’agir rapidement» pour assurer le traitement impartial des plaintes à la SQ.

Fo Niemi, directeur général du groupe de pression, rappelait hier qu’à peine 1 % des effectifs de la Sûreté du Québec peuvent être considérés comme membres des communautés culturelles et qu’on n’y trouve aucun Québécois anglophone, ou presque. La Loi 143 de 2001 avait pourtant demandé au corps policier de faire des efforts pour diversifier le profil de ses recrues.

Dans les médias

Où sont les créanciers ?

Paradoxalement, le jour même ou Obama est investi des pouvoirs à la Présidence des États-Unis, les marchés financiers qui auraient normalement dû être rassurés, se sont effondrés. Michel Chossudovsky, auteur de « Mondialisation de la pauvreté », directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur d’économie à l’Université d’Ottawa se demande qui sont les créanciers ?

Paru dans : mondialisation.ca


Sous-titre «Quand donc saurons-nous ?» :  «When Will We Ever Learn?» : phrase tirée d’une chanson «Where Have all the Flowers Gone» composée par Pete Seeger

Bourse baisse

Une atmosphère d’espoir et d’optimisme prévaut dans tout le pays. Le régime Bush est parti. Un nouveau Président est à la Maison Blanche.

Pendant que les États-Unis ont les yeux rivés sur la télévision diffusant en direct l’investiture présidentielle de Barack Obama, les marchés financiers dérapent.

Une grande « correction du marché » s’est produite. À l’abri des yeux du public, pratiquement inaperçue, s’est déroulée une nouvelle étape de la crise financière.

Immédiatement après l’investiture, le Dow Jones a plongé, affectant largement le cours des actions des plus grandes institutions financières.

La valeur de la cote boursière des grandes banques de Wall Street a fortement baissé. Royal Bank of Scotland a chuté de 69 pour cent dans les échanges à New York.

Cotes apparentés

Symbole

Cours

Change

Bank of America Corp

5,10

-2,08

Bank of NY Mellon CP

19,00

-3,96

Citigroup Inc

2,80

-0,70

Fifth Third Bancorp

4,22

-1,21

JP Morgan Chase & Co

18,09

-4,73

Source : Yahoo

Les déboires et la valeur comptable des pertes des grandes banques étaient connus bien avant la cérémonie d’investiture du Président Obama.

Alors, pourquoi maintenant ?

L’investiture du président Obama devrait donner confiance aux marchés financiers. Il s’est produit exactement le contraire.

Il n’y avait rien de spontané ni d’accidentel dans l’effondrement des valeurs boursières des banques.

Le discours du président Obama à l’extérieur du Capitole avait été rédigé à l’avance. Son contenu était soigneusement préparé.

Le président Obama a fait une référence explicite aux malheurs de l’économie mondiale, tout en soulignant que : « sans un œil vigilant, le marché peut échapper à tout contrôle. »

M. Obama a prévenu du fait que la reprise économique pourrait être difficile et que la nation doit choisir « l’espoir à la peur, l’union pour l’objectif au conflit et à la discorde » afin de surmonter la pire crise économique depuis la Grande Dépression. (Associated Press, 20 janvier 2009)

Il y avait de grandes attentes à Wall Street. De nombreux courtiers de Wall Street, qui n’avaient pas connaissance du contenu du discours d’Obama, avaient « parié » que les déclarations du président Obama contribueraient à stabiliser les marchés financiers.

Ceux qui ont rédigé le discours d’Obama étaient pleinement conscients de ses éventuelles répercussions financières.

Les grands espoirs sur le détail de la manière dont la nouvelle administration abordera la montée de la crise bancaire et l’économie défaillante ont été refroidis après le discours d’investiture. (Reuters, 20 janvier 2009)

Ce n’est pas un hasard si le président de la Securities and Exchange Commission, Christopher Cox, nommé par Bush en 2005, a démissionné le jour même de l’investiture présidentielle, entraînant un grand vide pour l’adoption des décisions cruciales de la réglementation financière. Son successeur, Mary Shapiro, ne prendra ses fonctions qu’au terme des longues auditions d’approbation au sénat.

Ceux qui avaient une connaissance préalable, et/ou avaient obtenu des informations, du texte du discours d’Obama, et qui avaient la possibilité de « mettre le marché en mouvement » au bon moment et au bon endroit, avaient tout à gagner dans la conduite de grandes opérations spéculatives sur les marchés boursiers et des échanges de monnaie.

Des opérations spéculatives de ce genre étaient-elles planifiées à l’avance pour le 20 janvier ? (Voir la vidéo)

Y a-t-il eu un effort concerté et délibéré pour « court-circuiter le marché » le jour même de l’investiture présidentielle ?

Sur les marchés des changes, le mouvement a été inversé, le dollar US était en hausse, l’euro, la livre sterling et le dollar canadien en chute libre. Le gouverneur de la Banque centrale du Canada a choisi la date de l’investiture présidentielle pour annoncer la réduction du taux directeur, apparemment dans une « enchère pour stimuler l’économie et relancer le prêt au consommateur et aux entreprises. » Impact : la valeur du dollar canadien a diminué de façon spectaculaire par rapport au billet vert.

Où sont allés tous les créanciers ?

Les plus grandes institutions financières seraient en eaux troubles et endettées envers des créanciers anonymes. Depuis le déferlement de la crise financière, l’identité des créanciers reste un mystère.

Au fil des ans, l’establishment financier privé a instauré des hedge funds (fonds de placement, littéralement fonds de couverture et/ou spéculatifs) toujours enregistrés au nom de particuliers fortunés. De grandes richesses ont été transférées des grandes institutions financières vers ces hedge funds appartenant au privé, qui échappent largement à la réglementation gouvernementale.

Pourquoi les banques sont-elles endettées ? Envers qui ? Sont-elles les victimes ou les bénéficiaires ? Sont-elles les débiteurs ou les créanciers ?

Au fil des ans les plus grandes banques des États-Unis se sont séparées d’une partie de leurs bénéfices excédentaires en faveur de divers groupes de mandataires financiers : hedge funds, comptes dans les paradis fiscaux sous les tropiques, etc.

Bien que ces transferts de milliards de dollars soient transférées par voie électronique d’une entité financière à une autre, l’identité des créanciers n’est jamais mentionnée. Qui ramasse ces dettes de plusieurs milliards, qui sont les principaux responsables de la manipulation financière ?

Selon toute probabilité, l’effondrement de la valeur boursière des actions bancaires était connu d’avance. Les banques avaient déjà transféré en toute sécurité leur butin dans un paradis fiscal.

Les banques sont en grande difficulté après avoir reçu les centaines de milliards de dollars de l’argent des opérations de sauvetage.

Où est passé l’argent des opérations de sauvetage ? Qui encaisse les multi-milliards de dollars de l’argent des opérations de sauvetage du gouvernement ? Ce processus contribue à une concentration sans précédent de la fortune privée.

La presse reconnaît l’existence des milliards de dollars de la « dette interbancaire. » Mais pas un mot n’est dit sur les créanciers.

Il y a un créancier pour chaque débiteur.

Est-ce de l’argent que les élites se doivent à elles-mêmes ?

En fin de compte, ceux qui détiennent ces billions vont, à leur façon, «recoller les morceaux». Leur énorme fortune monétaire sera convertie en actifs par des acquisitions d’entreprises en faillite.


Le réveil au lendemain de l’investiture présidentielle

Et, au lendemain des espoirs et des promesses de l’investiture présidentielle, la classe moyenne étasunienne qui avaient investi dans des actions bancaires « sûres » en viendra à réaliser une fois de plus qu’une partie de ses économies de toute une vie ont été confisquées.


Texte original en anglais : Obama Inauguration: Slide on Wall Street. Where have all the Creditors Gone?…, publié le 20 janvier 2009.

Traduction: Pétrus Lombard. Révisée par Mondialisation.ca.