Personnalité de l’année : Bill Clennett en lice

Nous reproduisons ci-bas le texte lui rendant hommage, publié dans Le Droit
du 18 février 2008.

Le Droit

Personnalité, lundi, 18 février 2008, p. 15

Bill Clennett

Ardent défenseur de causes sociales

Thériault, Charles

Aujourd’hui, LeDroit et Radio-Canada veulent souligner la détermination et
l’engagement social du Gatinois Bill Clennett en le nommant Personnalité de
la semaine

Bill Clennett n’aime pas jouer les vedettes. Il est visible dans les médias
parce qu’il est actif et qu’il croit dans les causes qu’il défend mais
c’est bien malgré lui qu’il a été connu à la grandeur du pays à la suite de
l’incident impliquant l’ancien premier ministre canadien, Jean Chrétien, en
1996.

Notre personnalité de la semaine LeDroit/Radio-Canada a remporté récemment
une importante bataille lorsque Loto-Québec a été forcée de dévoiler ses
statistiques sur les suicides et tentatives de suicides survenus dans les
casinos de la province, dont celui du Lac Leamy.

Originaire de Montréal, William Clennett a grandi dans le quartier très
anglophone de Notre-Dame-de-Grâce. Jusqu’à l’adolescence, il ne parlait pas
un mot de français. « Nous étions douze enfants à la maison. Mon père était
comptable en chef à la Banque Royale mais nous étions une famille de la
classe moyenne. Dans le quartier Notre-Dame de Grâce, j’avais plein d’amis
mais lorsque mes parents ont décidé de déménager à Dorval pour avoir une
plus grande maison, je n’ai pas accepté ce changement. J’avais 11 ou 12 ans
et je changeais de milieu et je perdais mes amis. Durant mon adolescence,
c’était la période des grandes contestations et j’ai commencé à prendre
conscience de certaines choses et je m’ennuyais de plus en plus à l’école.
Je suis allé au cégep durant un an, puis j’ai décroché pour voyager à
travers le Canada », raconte M. Clennett.

Arrivée dans l’Outaouais

Au cours de son adolescence, Bill Clennett a travaillé comme moniteur dans
un camp pour déficients intellectuels, à Saint-Lazare, près de Rigaud.
« C’était un camp bilingue mais plus anglophone que francophone. J’ai
commencé à apprendre le français graduellement. Ce camp a fusionné avec un
camp semblable à Hull et le tout est devenu le Camp Gatineau qui existe
toujours aujourd’hui, dans le parc de la Gatineau. C’est ainsi que je suis
arrivé dans l’Outaouais, à la fin des années 1960. Le Camp Gatineau étant
plus francophone, ça m’a incité encore plus à parler français et à
découvrir la culture francophone. En 1971, j’ai décidé de m’établir en
Outaouais et j’ai travaillé au Pavillon Claude qui est devenu le Pavillon
du Parc », ajoute-t-il.

Malgré son manque de formation dans le domaine, Bill Clennett a appris à
travailler avec les personnes handicapées et il a réalisé à quel point ce
sont des personnes attachantes. « Il y avait un grand vent de changement
dans la façon de traiter les handicapés intellectuels. C’était très
stimulant car j’ai participé à tous ces changements. Je me suis lancé à
fond là-dedans ».

Mais Bill Clennett peut difficilement s’empêcher de contester le système
dans lequel il vit et après quatre ans au Pavillon du Parc, il quitte parce
qu’il n’était plus d’accord avec les méthodes de travail utilisées. Après
avoir voyagé un peu, il entame des études en sciences politiques à
l’Université d’Ottawa mais la naissance de sa fille est venue tout
chambouler. Il décide donc de rester à la maison pour s’en occuper alors
que son ex-conjointe retournait au travail.

Implication sociale

« Durant cette période, j’ai rencontré le père Isidore Ostiguy, un prêtre
capucin qui s’intéressait beaucoup aux questions de logement. J’ai aussi
découvert le milieu populaire en participant aux réunions du conseil
d’administration de la garderie de ma fille. Isidore Ostiguy était actif au
sein du groupe Logemen’Occupe et il m’a proposé d’embarquer dans cet
organisme. Je ne connaissais rien aux questions de logement et j’ai appris
sur le tas. Au début j’avais un très petit salaire mais on a réussi à
trouver un meilleur financement et donner une structure plus solide à
Logemen’Occupe ».

Bill Clennett a passé presque dix ans à la tête de Logemen’Occupe. Il y a
mené plusieurs batailles pour la défense des droits des locataires et pour
favoriser un meilleur accès au logement social. Suivant l’exemple du Front
d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) de Montréal,
Logemen’Occupe a organisé des dizaines de manifestations, parfois
spectaculaires et originales mais jamais violentes. « Je trouvais que
l’élément visuel était très important pour expliquer le problème. Quand on
a construit un village de sans-abri sur la rivière des Outaouais, au
courant des années 1990, on voulait démontrer leur situation. Les dernières
années du gouvernement conservateur de Brian Mulroney ont été très
difficiles car le gouvernement fédéral a diminué, puis aboli les
subventions au logement social. On a essayé de lutter contre cela. Et cette
lutte m’a amené à réfléchir et à prendre un certain recul. J’ai quitté
Logemen’Occupe et un peu plus tard, je me suis joint à l’Association de
défense des droits sociaux (ADDS) parce que je me suis rendu compte que les
questions de sécurité du revenu étaient devenues très importantes. Les
coupures dans l’aide sociale et l’assurance-chômage faisaient très mal aux
gens », a-t-il ajouté.

Sa lutte l’a amené à témoigner en commission parlementaire sur un projet de
loi sur la lutte à la pauvreté, au moment où le Parti québécois était au
pouvoir. L’ancienne ministre Louise Harel y participait et Bill Clennett
l’a mise en contradiction avec ses propres déclarations. « J’ai fait
témoigner Mme Harel contre Mme Harel. En commission parlementaire, j’ai
fait jouer des enregistrements de ses déclarations au moment où elle était
dans l’opposition. Le PQ était en train de faire ce qu’il reprochait aux
libéraux, quelques années auparavant ».

M. Clennett se rend bien compte qu’il est difficile de mener toujours de
telles luttes. « En fait, ça vingt ans que je rame à contre-courant.
Maintenant, en me joignant au parti Québec Solidaire, je sais bien que je
ne suis près de prendre le pouvoir. Mais on peut avoir une influence
politique sans être élu », a-t-il conclu.


Source : Québec solidaire

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