Les crimes commis par des personnes soudainement en proie à une profonde psychose sont tous horribles et inadmissibles. D’autant plus qu’ils sont inattendus et qu’ils frappent de plein fouet, bien souvent, des proches qui se sentaient en confiance dans leur entourage familial ou d’amis. Pas étonnant que dans un élan spontané, empreint d’émotivité, un tollé de protestations populaires se soulèvent et réclament justice.
Mais quelle justice doit-on réclamer pour ce genre de crimes.
Lorsqu’une personne est tenue non criminellement responsable des gestes qu’on lui reproche, cela ne veut pas dire que cette personne sera remise en liberté, contrairement à la croyance populaire. Cela veut simplement dire que l’accusé n’était pas en possession de ses capacités mentales au moment de commettre son crime.
Trop de criminels non-responsables pour cause d’aliénation mentale croupissent en prison sans recevoir les soins appropriés. Avec la même structure de pensée, autrefois, on enfermait dans des asiles psychiatriques ceux qui ne faisaient que penser différemment de leur entourage. Ces asiles sont disparus ou ont été complètement réformés. Aujourd’hui des spécialistes compétents travaillent dans des hôpitaux psychiatriques spécialement pour des personnes ayant commis des crimes graves. Ces institutions sont des « prisons » dans un sens, même si on ne les qualifie pas ainsi. Deux grandes diférences ici. De un – les personnes sont adéquatement traitées et des spécialistes sont à même de juger l’évolution de leur comportement. De deux – après un traitement prolongé et devant une rémission contrôlée de la maladie, ces personnes peuvent sortir de l’institut en maintenant un suivi médical. Généralement après sept ou huit ans, parfois plus. Mais cette « libération » se fait par étape, avec des surveillants au début et surtout, n’est pas automatique. Autrefois (j’ignore aujourd’hui), ces personnes demeuraient à vie sous la « protection du gouverneur général ». Une expression légale pour signifier qu’à tout moment toute personne pourrait le faire « interner » de nouveau dans un institut devant le moindre comportement douteux et menaçant.
Le traitement de ces grands malades est complexe et impossible dans les prisons traditionnelles. D’où l’apparition d’instituts comme celui de Pinel à Riviere-des-Prairies.
Refuser cette nouvelle réalité au profit d’un jugement de culpabilité sans nuance ne répond au fond qu’à la vindicte populaire. Un sentiment qui peut se comprendre dans un premier temps mais qui n’a pas sa place après une saine analyse de la situation, dans une société qui se dit moderne et évoluée. Sinon le ministère de la Justice ne sera plus qu’un ministère de la Vengeance.
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