Réunis en congrès le 14 août dernier, les Jeunes libéraux ont été encensés pour leurs efforts visant à « contrer le cynisme » envers l’État et les politiciens. Ils ont en fait proposé une série de mesures visant à civiliser les débats à l’Assemblée nationale, notamment en suggérant que les questions de l’opposition soient présentées 12 heures à l’avance.
Si le débat des Jeunes Libéraux fut bien accueilli, notamment par le premier ministre Jean Charest qui a fait son mea culpa durant les délibérations, puis indirectement par la chef de l’opposition péquiste, Pauline Marois qui a fait de même le lendemain, c’est peut-être en fait parce que la question ne les concernait pas vraiment. En réalité, c’est l’électorat qui est accusé ici d’être cynique envers la chose publique et non les politiciens. Ce qui rend les voeux pieux des Jeunes libéraux on ne peut plus paternalistes. S’est-on demandé une seule fois si le cynisme ne venait pas plutôt des politiciens eux-mêmes lorsqu’ils sont à court d’arguments pour justifier l’injustifiable. Des politiques, voire un État, dont les visées néo-libérales n’ont plus rien à voir depuis longtemps avec les intérêts profonds de la population.
Il faut en effet une bonne dose de cynisme pour que les dirigeants libéraux et péquistes soutiennent, sans rire, qu’ils ne sont pas impliqués dans le financement illégal de leur parti lorsqu’ils acceptent des fonds en provenance d’entreprises qui utilisent des prête-noms de leurs employés pour en « masquer l’origine » au DGE (Directeur général des élections).
N’eût été la performance exemplaire du député Amir Khadir qui a mis au jour les largesses de l’État aux entreprises minières, le scandale des pharmaceutiques et le financement illégal des partis de « l’Establishment », ces questions n’auraient sans doute pas surgi au Parlement.
Ce que les Jeunes libéraux appellent ‘le cynisme de la population’ n’est en fait qu’une saine attitude envers le cynisme des politiciens. C’est le début d’une prise de conscience qui, il faut espérer, se matérialisera un jour en portant au pouvoir un parti politique apte non seulement à changer les attitudes et les apparats à l’Assemblée nationale, mais la nature même de cette dernière. Une Assemblée où le qualificatif ‘nationale’ ne sera plus synonyme de la ‘grande entreprise et du capital’.